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Conférence sur l’écriture intime par Philippe Lejeune

Logo AutopacteL’écriture intime : conférence de Philippe Lejeune du 23 janvier 2009 

J’ai trouvé que ce sujet complétait bien celui des carnets de voyages, d’où la présence de ce compte-rendu.

Certains journaux intimes présentés en photos lors de la conférence ont d’ailleurs l’apparence de carnets de voyage car un carnet de voyage peut aussi être intime, quotidien et citadin.

Vendredi 23 janvier 2009, 20h30 : la SNCF a encore frappé, la ville n’est qu’un immense chaos de voitures qui cherchent à atteindre la gare pour récupérer des usagers, victimes malgré eux de furieux syndicalistes. Il fait froid, je suis fatiguée, nous sommes en fin de semaine, je n’ai pas eu le temps de manger à cause d’une course tardive sur Paris et du transport défaillant. Je me rends néanmoins à la conférence car mon inscription auprès de la médiathèque de ma ville m’oblige au respect de ce rendez-vous.

Je me demande ce que va pouvoir nous dire notre interlocuteur. Il a une tête d’universitaire débonnaire, il a l’air timide et tire souvent sur un pull en laine complètement déformé; il insiste pour brancher un ordinateur et parle de nous projeter des images. Je ne sais pas pourquoi mais je pense de suite à des images subliminales, couleurs, formes, paysages et je ne comprends pas la relation avec le sujet de la conférence : pourquoi et comment tenir un journal personnel ? J’admets parfois écouter de la musique lorsque j’écris mais de là à s’inspirer d’images, je ne vois pas bien où il veut en venir ?

Philippe Lejeune se présente, revient sur sa biographie et sa bibliographie, nous fait une longue introduction sur le sujet qui a occupé toute sa carrière, à savoir l’écriture intime.

Il n’y aura pas ce soir d’images subliminales. C’est l’histoire du journal intime qui nous est racontée, histoire illustrée de nombreuses anecdotes et de photos. Par ces photos de journaux, Philippe Lejeune veut nous convaincre de l’extraordinaire créativité des journaux intimes. Chaque journal est une œuvre d’art, un objet unique. On comprend mieux alors qu’il y ait consacré toute sa carrière.

Quelques notes prises pendant la conférence

Il n’existe pas vraiment de terme français pour décrire celui qui tient un journal intime. On parle de « diariste », un terme emprunté au vocabulaire anglais.
Le diariste a une image dévalorisante, il serait une sorte de « rond du cuir de lui-même », un être régulier et obsessionnel, pas tout à fait faux Monsieur Lejeune !

D’ailleurs l’affiche de l’exposition organisée par la bibliothèque municipale de Lyon nous montre un chat noir, certes sympathique, mais qui couvre un journal de ses empreintes de façon régulière et monotone. Une affiche pas si anodine, où l’on retrouve la nature scolaire et rigide du journal, tout en admettant qu’il s’agit bien de laisser une trace dans la vie .J’aime beaucoup cette notion de trace pour ma part car c’est sûrement le sentiment moteur de la création et de la mise à jour de ce site internet.

La question se pose de savoir si le diariste est plus narcissique que la moyenne. Pas forcément, car les non diaristes peuvent l’être aussi or on ne peut pas reprocher au diariste d’embêter ses co-génères avec ses problèmes existentiels, tout solitaire qu’il est.
Philippe Lejeune parle ensuite du difficile exercice qu’est la relecture de son journal .En effet, si le passé est merveilleux, on ne peut que le regretter et si l’on a commis des erreurs, il est trop tard pour revenir dessus.

Sur la forme : les images parlent d’elles-mêmes; chaque diariste reste fidèle à sa propre stratégie, possède sa propre tenue graphique. L’information contenue dans la graphie d’une personne ou sa façon de disposer le texte sur la page est une information sur cette personne. L’écriture est un corps, elle vieillit et porte les stigmates du temps. Pourtant il est frappant de constater comme l’écriture peut être fluide et non raturée chez de nombreux diaristes. Illustration faite de plusieurs photographies de journaux, on comprend mieux pourquoi Philippe Lejeune s’insurge contre la version éditée de certains de ces journaux, qui, s’ils sont fidèles au fond, trahissent la forme.

Sur le fond : le journal est une mémoire, un accompagnement de la vie ou un soutien en cas de traumatisme. L’écriture est souvent élaborée, décantée, filtrée tout au long de la journée, ce qui explique justement qu’elle serait si fluide. J’aime aussi beaucoup cette idée que l’écriture, même brève s’appuie sur un travail cérébral de toute la journée. Le diariste filtre et condense la vie. Son journal, le prépare à la vie demain.

Puis Philippe Lejeune nous parle de son travail au sein de l’APA (Association Pour l’Autobiographie) qui se propose de collecter et conserver les journaux intimes, à ce jour environ 2500 dépôts.

L’heure tourne, chacun a le stylo qui le démange. Je profite de la pause questions à la salle pour évoquer le sujet de l’écriture numérique.
En effet, Philippe Lejeune vient de nous parler avec un tel enthousiasme du journal intime manuscrit que j’en viens presque à regretter mon caprice hig-tech de la semaine : à savoir un notebook asus, sorte de mini-ordinateur simplifié, si girly avec sa petite façade violette. Je me vois déjà voyageant avec partout en France et dans le monde. Car voyez-vous, Monsieur Lejeune, si j’ai le goût de l’écriture, intime ou pas, j’ai perdu depuis longtemps le goût de l’écriture manuscrite. D’une part parce que je ne suis pas particulièrement fan de mon écriture, d’autre part, parce que ma pensée s’est aussi informatisée avec le temps. Par là, je veux dire que je tape aussi vite que je pense (et vise versa) et que je ne cesse de me relire, de copier/coller, de reprendre, de développer ou au contraire d’alléger. Tout ce que j’écris, public ou privé, est donc bien une écriture spontanée mais revue et corrigée, parfois immédiatement, parfois plusieurs jours après le premier jet. Voilà Monsieur Lejeune, je suis un peu perfectionniste et le cahier à spirales n’est plus mon ami. Après votre brillant exposé, me voilà toute chagrine de savoir que ce que je vais gagner en style et en satisfaction de la copie bien propre et bien claire, je vais le perdre en spontanéité, en mise en page, en expression artistique. C’est sans compter que vous avouez être vous même un diariste informatisé. Sans-doute souffrons-nous du même désir de perfection ? Nous avons malheureusement peu de temps pour aborder l’univers d’internet et des blogs. Dans les blogs vous voyez un désir de séduire autrui et une cohérence et constance dans le temps. Le blog est pour vous un village, un hameau. D’après vous, internet est un immense champ de bataille où l’on enterre pas les morts. Rendez-vous pris pour une autre rencontre sur ce sujet qui mérite une conférence en soi.

Merci à Monsieur Philippe Lejeune, de nous avoir communiqué sa passion pour l’écriture intime et d’avoir rendu aux diaristes réguliers ou occasionnels que nous sommes, l’estime qui revient à ce genre, pas si mineur qu’il semble être.

En savoir +

APA (Association pour l’Autobiographie) : http://www.sitapa.org

Le site de Philippe Lejeune : http://www.autopacte.org/

Carnets Antonia Neyrins

Rencontre avec Antonia Neyrins le 12 avril 2008

Atelier Antonia Neyrins

Le 12 avril 2008, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre avec Antonia Neyrins organisée par la médiathèque de ma ville. Je dis la chance car d’une part, Antonia Neyrins est une artiste reconnue dans le milieu des carnettistes et d’autre part, le sujet intéressait visiblement beaucoup de lecteurs de la médiathèque. Les places, limitées pour préserver un côté intime à la rencontre, étaient donc très convoitées.

Plus qu’une simple conférence, il s’agissait en fait d’une présentation de l’œuvre d’Antonia qui est venue avec une bonne partie de sa collection de carnets. Elle a déjà publié de nombreux articles, un livre sur la méthodologie des carnets de voyages et fait partie du collectif « les carnettistes tributants » mais elle n’a pas (encore) publié ses propres carnets. Avoir la possibilité de les feuilleter était donc un grand privilège puisque nous avions à faire à des inédits.

Quelques petites choses évoquées durant cette rencontre.

Les écrits…
Elle évoque le problème de la confidentialité des écrits. Il y a les écrits anodins et ceux que l’on a pas envie de faire lire aux autres. L’intime se prête mal au regard des proches et encore moins à la publication. Je ne suis pas loin de penser pour ma part que le carnet est parfois une forme d’art-thérapie et du coup je comprends bien ce sentiment de garder ses carnets pour soi.

Trois sortes d’écrit :

– les écrits joints : poème, recette de cuisine, ticket de musée, etc…
– les écrits descriptifs : il faut veiller à ce qu’ils ne soient pas répétitifs par rapport à l’illustration,
– les écrits esthétiques : lorsque l’écrit devient un dessin ou prend la forme d’un tampon, d’une calligraphie.

Antonia recommande d’écrire sur le moment pour que l’intensité de ce qui est vécu reste. Elle n’hésite pas à reproduire les paroles ou les expressions des personnes qui l’entourent en voyage.

Le partage…
Elle évoque aussi le côté intergénérationnel et partage du carnet de voyage; ainsi elle n’hésite pas à demander à son entourage de participer à ses carnets (ses enfants dessinent, sa mère lui raconte son dernier voyage), lors de voyages, elle demandent aux personnes rencontrées d’écrire dans son carnet, lors d’ateliers avec les adolescents, elle organise une ronde des carnets où chaque participant laisse une trace dans le carnet de l’autre.

Vivant et imparfait…
Elle emploie une très large palettes de techniques (aquarelle ou crayons aquarélables, pastels, collage, empreintes) mais elle insère assez peu de photographies car elle privilégie l’instant présent et ne retravaille pas à domicile. Du coup, elle semble accepter très facilement le côté vivant et imparfait de l’objet : il peut être tâché, un dessin peut rester inachevé, une page peut être considérée à ses yeux comme moins réussie mais elle la conserve. Elle va jusqu’à utiliser un vieux manuscrit ou des livres anciens comme support de carnet de voyage, dans ce cas, dessins et collages se superposent harmonieusement au texte imprimé du support d’origine. Finalement je réalise qu’il ne faut surtout pas chercher à obtenir le carnet parfait, très contrôlé, très organisé en amont ou en aval, mais laisser libre court à son imagination de l’instant présent.

Toujours avoir un carnet à portée de main…
Afin de s’entraîner au jour le jour, elle a d’ailleurs toujours un carnet de sac à mains, sans sujet particulier sur lequel elle note ses idées et un carnet de musées qu’elle complète au fur et à mesure des expositions ou des musées qu’elle visite.

Quelques idées pour rythmer un carnet de voyage :
– y coller des emballages alimentaires par couleur,
– y coller le nom du pays visité découpé dans les journaux locaux,
– faire la palette des couleurs du pays visité,
– travailler autour d’une carte géographique.

Le carnet doit parler aux sens :
– la vue est certainement le sens qui coule de source;
– le toucher : des plumes, des écorces, des feuillage;
– l’audition : on peut fermer un carnet avec un petit grelot, quelques coquillages qui tinteront à chaque manipulation; Antonia a aussi utilisé dans un carnet une puce électronique (à l’origine destinée à enregistrer un message) qui enregistre l’ambiance du voyage;
– l’odeur : encens, épices, feuilles ou fleurs odorantes;
– le goût : rien trouvé mais chez Antonia la nourriture est très présente dans ses carnets et sous toutes ses formes (dessins, emballages alimentaires, noms de produits locaux, notes de restaurants).

Blog d’Antonia Neyrins, http://antonia-neyrins.blogspot.fr/, son blog permet de connaître son actualité et de se renseigner sur les voyages qu’elle organise.

Expo Musée de La Poste 2009

Exposition l’art du Carnet de Voyage de 1800 à nos jours

Exposition l’art du Carnet de Voyage de 1800 à nos jours au musée de la Poste à Paris du 20 avril au 12 septembre 2009

Expo Musée de La Poste 2009

L’expositions du Musée de La Poste présente plus de 40 artistes pour illustrer l’évolution du carnet de voyage de 1800 à nos jours.
Hier explorateurs, géographes ou scientifiques, aujourd’hui voyageurs, reporters, routard ou artistes, ils partagent l’envie de parcourir le monde, le besoin de sentir, de rencontrer, de témoigner…Leurs carnets relatent l’émotion spontanée de la découverte ou le moment d’un souvenir privilégié.
Que les carnets de voyage soient réalisés à l’autre bout du monde, au coin de la rue ou dans un hôpital, qu’ils prennent la forme d’un journal de bord, de carnets d’ethnologues, de planches naturalistes ou de carnets de peintre, ils permettent de découvrir toute la variété de ce mode d’expression, la diversité des styles et les thèmes parfois inattendus abordés par les auteurs. Leurs carnets ont tous en commun de restituer par la magie d’un dessin aquarellé, d’un simple croquis ou d’un enregistrement sonore le cheminement au cours duquel s’instaure un dialogue avec le monde.

Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard, Paris 15, métro Montparnasse Bienvenüe de 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés, http://www.museedelaposte.fr

Une expo qui se fait toute discrète dans le paysage parisien et pourtant elle vaut le déplacement. Il faut d’abord traverser les collections permanentes du musée de La Poste pour aboutir à plusieurs salles spacieuses aux grands panneaux façon carnets à spirales où sont affichés de très nombreux artistes carnettistes. L’intérêt de l’exposition ne réside pas tant dans la chronologie du mouvement qui on le sait est ancien, mais dans la diversité des expressions et des supports présentés. On peut y admirer de vrais carnets (qui sont dans des vitrines et que l’on ne peut malheureusement pas feuilleter) ou des planches (certaines sont peut-être les épreuves originales de livres édités ?). Plus de 40 artistes et plus de 350 pièces de collection.
De cette exposition si riche il est très difficile de trouver LE coup de cœur car chaque artiste apporte quelque chose au mouvement. Peut-être ai-je été plus sensible à : l’épaisseur de l’aventure au sens propre comme au figuré que l’on peut sentir même à travers les vitrines, avec notamment les carnets d’Anne Steinlein, les planches de Barroux sur le Pot au feu qui prouvent bien que l’on peut faire un carnet de voyage chez mamie, les planches de Noëlle Le Guillouzic sur l’oratoire de Saint-Guirec à Ploumanach (sacré Saint Guirec, il n’en fait qu’à sa tête et n’a pas toujours eu le nez fin mais on ne lui en voudra pas !) pour leur thème cher à mon cœur mais aussi pour ses petits bouts de souvenirs collés, la technologie numérique qui m’a permis de feuilleter du bout du doigt le journal de Paul Gauguin et tellement d’autres encore !


Gros bonus de l’exposition : une salle est consacrée à l’art postal ou mail-art avec une présentation d’un ensemble d’enveloppes et de cartes postales réalisées par Pierre Josse (rédacteur en chef des guides du Routard) au cours de ses nombreux périples. Quel veinard, quelle collection, quel talent !


Une exposition incontournable avant de partir en voyage pour se donner plein d’idées sur les futurs carnets à écrire.
Après ou avant l’expo, je ne peux que vous conseiller de déjeuner à l’Enclos du temps, 31 avenue du Maine, qui est un bistrot fort chaleureux qui propose de gargantuesques salades très fraîches et de faire une petite promenade dans le petit passage situé juste quelques mètres au dessus au niveau du 21 de l’avenue du Maine, un véritable havre de paix au pied de la tour Montparnasse.

Stage carnet

Atelier Initiation au carnet de voyage animé par Cécile Filliette

Stage carnet

Le 16 janvier 2010 j’ai eu la chance de pouvoir assister à un stage d’une journée d’initiation au carnet de voyage animé par Cécile Filliette dont le nom d’artiste est Alma. En une journée, même très dense, il est impossible de faire le tour de la question. Il s’agissait donc plus d’un stage autour de techniques pouvant servir à l’illustration d’un carnet de voyages que de la réalisation d’un début de carnet de voyages.

Comme disait le programme : « une approche ludique et créative pour oser la fraîcheur d’un carnet fait en voyage ».
Oser fut bien le fil conducteur de la journée si l’on se réfère à la devise affichée sur le réfrigérateur de la maison : « ce qui est difficile ce n’est pas d’oser, c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile ».

4 ateliers pour se lancer dans l’aventure : oser le dessin libre et retrouver l’enfant en soi, oser les mots et l’écriture, oser l’abstraction dans le carnet et enfin oser l’utilisation de tous les outils des plus académiques aux plus quotidiens.

Après un tour de tables sur les attentes et les peurs de chacun, Cécile nous parle de sa vision du carnet de voyages.
Pour elle, c’est un rituel quotidien, un moment de méditation, qui oblige à se situer dans le temps, à ressentir l’instant présent intensément et à se concentrer.
C’est aussi l’art de faire émerger le presque invisible, de trouver du beau là où il n’y en a pas forcément. En voyage, le carnet change complètement le regard du voyageur sur le pays visité, comme un voyage dans le voyage.
Néanmoins elle nous confirme qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le prochain voyage pour commencer un carnet car le quotidien peut très bien être source d’inspiration.
Ses paroles font écho en moi lorsqu’elle nous parle du carnet comme d’un moyen de se réconcilier avec l’enfant libre, rêveur, inactif.
Faire un carnet permet selon elle se de dégager du goût de la perfection puisqu’il suffit de se faire plaisir, la seule contrainte étant peut-être un peu de discipline. Sa préconisation est de réaliser une page par jour dans la mesure du possible.
On l’aura compris, il s’agit bien chez elle d’une addiction mais la drogue est particulièrement douce !

Le premier atelier de dessin a pour but de nous apprendre à gérer l’espace, le temps et à faire un bilan de notre capacité à dessiner. Il s’agit d’un exercice autour du portrait. La feuille est divisée en six parties. Dans chaque partie, Cécile nous demande de faire au stylo (car gommer c’est douter !) le portrait de la personne opposée :
a) normalement en 10 minutes,
b) en se servant de la main gauche pour les droitiers et inversement,
c) avec un trait déroulé continu comme si on reliait un point de départ à un point d’arrivée,
d) en fixant la personne dans les yeux avec interdiction de regarder la feuille,
e) en dessinant avec les deux mains de manière simultanée,
f) en dessinant avec les deux mains qui doivent agir de manière opposée, aussi appelé le dessin qui rend fou, à juste titre !

Pour qui n’a pas dessiné depuis l’enfance, attaquer le dessin par le portrait relève de la mission impossible ! Et pourtant l’exercice est pédagogique à bien des égards. Dans mon cas, l’utilisation pour la première fois de ma vie de la main gauche est une révélation. La main gauche qui correspond à l’hémisphère droit du cerveau, siège de l’intuition et des émotions, permettrait un dessin plus expressif, plus vivant, plus sensible. Mes dessins de la main gauche et des deux mains simultanées ont plus de caractère que mon dessin de la main droite. Plusieurs participants sont surpris de la qualité de leurs portraits selon la technique du trait déroulé continu ou celle du dessin sans regarder la feuille. Certaines des techniques abordées permettent de libérer le geste tandis que d’autres trouvent une application très concrète dans le voyage lorsque qu’il faut faire vite face à un personnage qui n’a pas forcément envie qu’on lui dresse le portrait où lorsqu’il est difficile de se concentrer dans un endroit bruyant et encombré (marché par exemple).

Le deuxième atelier a pour but de libérer l’écriture en laissant vagabonder son imagination. Il s’agit en l’occurrence de la technique de l’acrostiche que nous appliquons au mot CARNET.

C comme cahier, craie, couleur, créer, coller, couper, cadrer, caractère, calligraphie, correspondance avec soi-même…
A comme aquarelle, acrylique, artistique, atmosphères, amour du voyage, attentif aux autres,…
R comme rencontres, ratures, récit, rimes, rituel, randonnée, rare, raconter…

et ainsi de suite. L’intérêt de l’exercice réside surtout dans la comparaison des résultats de chacun car un tel brainstorming autour du mot qui a motivé notre inscription ne peut que nous rapprocher.

C’est un exercice judicieux juste avant la pause déjeuner que nous partageons tous ensemble. L’occasion de prendre le temps de découvrir l’atelier de Cécile qui est un endroit magique, idéalement situé dans la cour d’un immeuble parisien, calme et lumineux, décoré de peintures, de souvenirs de voyages et regorgeant comme il se doit de carnets de voyages tous plus beaux les uns que les autres (ceux de Cécile mais aussi ceux de deux participants aguerris qui ont eu la gentillesse d’apporter leurs propres créations).

Après la pause déjeuner, vient la partie « abstraction dans le carnet » ou comment exprimer des sensations et des émotions grâce aux couleurs, au format, à la matière, à la mise en page, au graphisme et à l’utilisation de la surface. Il s’agit alors de tester pastels gras, pastels secs, peinture et collage pour exprimer la colère, la joie, la faim, les picotements, l’atmosphère du repas du midi et une émotion ou sensation à faire deviner aux autres. En se référant à Paul Klee qui aurait dit, « ne me demandez pas ce que je vois mais je que vis« , nous voilà plongés, avec plus ou moins de bonheur dans les joies de l’abstraction. Là encore la confrontation finale des résultats a son importance car si l’on retrouve bien des constantes dans l’expression d’une émotion, chaque individu porte en lui son propre univers de couleurs et de formes.

La dernière partie de la journée est l’occasion de tester quelques outils : comment exprimer l’écume de la vague, le grain d’un rocher ou le frisson d’un feuillage en appliquant du film alimentaire ou du papier d’emballage de livres sur de la peinture ou en recyclant de vielles éponges façon tampon encreur. Tout est prétexte à empreintes, des feuilles d’arbre séchées jusqu’au relief du papier peint de l’atelier. Le sable récupéré vient se coller au bord de mer et les petits sapins dans la montagne vont bien vite à se reproduire sous le pinceau de Cécile. Elle se sert même des techniques qu’elle nous enseigne pour dédicacer quelques exemplaires de son ouvrage avec une rapidité et une maîtrise qui me laissent perplexe. Une fois devant ma feuille mes arbres me semblent peu convaincants en comparaison mais l’essentiel est d’avoir pris plaisir à essayer de nombreux outils et de se rendre compte qu’avec un peu d’exercice et en recyclant les déchets du quotidien (éponge, bougie, plastique, tissu) on peut réaliser de jolis paysages.

Fin de la journée un peu plus tard que prévu avec pour tous une grande excitation à l’idée de tous les possibles qui nous attendent mais aussi pas mal de fatigue du fait d’une journée très dense en contenu et en révélations. Il est difficile de quitter Cécile et son atelier. Elle a bien réussi à nous communiquer sa passion tout en faisant preuve d’un grand sens pédagogique avec le groupe.
Tout comme le programme l’indiquait il s’agissait bien aujourd’hui de trouver liberté et confiance pour entrer dans la page. Ce genre de stage d’initiation me semble important si l’on envisage de se lancer seul ou en groupe dans l’aventure et notamment si l’on projette de faire un stage autour du carnet de voyages sur une période plus longue lors d’un voyage à l’étranger; il faut avoir expérimenté le fait de travailler sur soi-même sous le regard des autres, pour moi, ça ne s’improvise pas.
L’intérêt de la journée ne réside pas tant dans l’apprentissage des techniques que dans la découverte de son propre potentiel créatif; c’est presque une thérapie pour lever les blocages, si blocage il y avait. Nous quittons l’atelier riches de cette expérience.

Le carnet sera-t-il notre addiction de l’année 2010 ?

En savoir +

L’ouvrage de Cécile sera bientôt réédité mais elle a encore des exemplaires en stock.

Le blog de Cécile où elle indique son parcours, son actualité, ses stages, ses voyages à l’étranger, ses publications : http://atelier-metaforme.over-blog.com/

Voir aussi un dossier spécial dans la revue Dessins & Peintures n° 43 de juillet-août 2009 : « Carnet de vacance, carnet de voyage, carnet d’aventure« , avec notamment une interview croisée de Cécile Alma Filliette, Patrick Martin et Alain Marc.
Possibilité de commander les anciens numéros sur le site internet de l’éditeur.

 

Expo Carnets de voyage (2010-2011)

Carnets de voyage, le monde au bout du crayon

Exposition : du 18 novembre 2010 au 23 avril 2011

Expo Carnets de voyage (2010-2011)

Les carnets de voyage font à nouveau escale à l’Adresse Musée de La Poste. Jusqu’au printemps, ils emmèneront les visiteurs aux quatre coins de la planète.

Un vrai tour du monde… En 600 dessins et 200 extraits de carnets. Les sujets : des gens surtout, mais aussi des paysages, des villes, des scènes quotidiennes. De la vie a chaque page. En couleur et noir et blanc. Réalisés au crayon, à l’aquarelle… La grande expo automne/hiver de l’Adresse Musée de La Poste invite ainsi à prolonger nos migrations de l’été en partageant celles de près d’une cinquantaine d’artistes. Dessinateurs ou illustrateurs professionnels, ils ont ramené de leurs périples sur tous les continents des travaux pleins d’attention, de sensibilité.

Cette exposition sur les carnets de voyage est très différente de celle que nous avons présentée il y a deux ans, précise Patrick Marchand, le commissaire d’exposition, elle est exclusivement consacrée aux carnettistes contemporains et propose un bien plus grand nombre d’oeuvres.

L’accrochage revisite toute la planète. On se retrouve en Roumanie en compagnie d’un ouvrier forgeron, en Egypte avec une danseuse, à Calcutta aux côtés d’un marchand de thé, en Sibérie, au Mali, au Québec… On s’arrête même un instant dans des lieux imaginaires. Frank Watel a ainsi dessiné une Auvergne réduite à un chapelet d’îles en raison de la montée des eaux.

Des objets ponctuent aussi la visite : un barkoto, appuie-tête traditionnel d’Ethiopie utilisé par Antonia Neyrins pour s’asseoir lorsqu’elle dessinait, une mappemonde en fil de fer réalisée par des enfants d’Afrique du Sud pour Elsie Herberstein… Et des témoignages « audio » des dessinateurs complètent le voyage. Un vrai tour du monde…

27 novembre 2010 : Visite de l’expo Carnet de voyage, le monde au bout du crayon

Un sujet réconfort au cœur de l’hiver; qui me fait toujours rêver. Il me tenait donc à cœur de voir l’exposition rapidement, dans les premiers jours suivants son inauguration.
Pour la deuxième édition de cette exposition et vraisemblablement fort du succès du premier essai, on sent que l’Adresse (nom du musée de la Poste) a pris d’heureuses initiatives. Cette année, l’exposition ne se tient plus dans une annexe des collections permanentes du Musée mais elle a sa propre galerie. Plus d’espace (il m’a semblé) et surtout une très belle lumière. Du coup on bascule peut-être de l’esprit bricolage amateur à un esprit galerie qui expose des œuvres d’art (d’ailleurs certains artistes proposent des toiles). C’est un choix qui se défend. Le nombre d’artistes exposés permet de se faire une idée des carnettistes contemporains en vogue. Il y en a pour tous les goûts tant au niveau des styles qu’au niveau des pays visités : on commence par la France puis l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique.

Quel plaisir de retrouver mes petits chouchous :

  • Antonia Neyrins dont j’aime le style, l’écriture, les palettes de couleurs façon échantillon, les très beaux objets collectés en Afrique qui me laissent à penser que beaucoup de carnettistes ont une âme de grands collectionneurs,
  • les artistes que j’ai appréciés dans la série DVD Gédéon et dont j’ai retrouvé soit les planches originales dessinées dans la série, soit des objets rapportés de voyage. J’ai beaucoup aimé : la mappemonde d’Elsie Herberstein, le style chic et sûr de Bertrand de Miollis, le passeport et le regard frontal de Damien Roudeau,
  • Arnaud d’Aunay que j’ai découvert de grands formats alors que jusqu’à présent je focalisais surtout sur les petites assiettes à mignardises du service Gien qu’il a dessiné,
  • le jeune Florent Chavouet que j’adore et visiblement je ne suis pas la seule puisqu’il a remporté le Grand Prix Michelin de la Biennale de Clermont Ferrand 2010 pour Tokyo Sampo; ici il présente des planches de son dernier opus Manabé Shima.

Et puis il y a les nouvelles découvertes, sans doute le grand intérêt de cette exposition, surtout si on ne fréquente pas la Biennale de Clermond Ferrand.

  • Nicolas Jolivot : c’est mon vrai coup de cœur de cette fin d’année 2010; son passeport était de loin le plus réussi; ses dessins m’ont fait sourire; je ne sais pas si c’est un cause de leur thème récurent bien français « on mange », ou peut-être leur format homogène, ou encore ce trait, pas tout à fait identique selon le pays visité et pourtant très singulier, très à part. Comble du bonheur, il était possible de se procurer des reproductions de ses dessins dans la boutique du Musée, soit trois petits carnets carrés sur le thème « On mange » à Marrakech (Nakoul !), en Chine (Chi fàn !), à Buenos Aires (a Comer !). C’est malicieux, plein de vie, ça donne envie de croquer aux deux sens du terme !
  • France Dumas, parce qu’elle fait le lien entre cette page et le site qui l’héberge avec son Carnet Corse (2007), dont on peut voir les planches originales dans l’expo et qui est aussi en vente à la boutique du Musée. Il se présente comme un véritable carnet, même format, reliure sommaire et authentique (on dirait de l’auto-impression ?) et forcément son sujet me parle. J’aime beaucoup notamment le salon de la maison (on dirait chez mon grand-père), la tour de Colomba à Fozzano, la composition autour de la Saint-Roch. Ca a l’air d’un trait déroulé très simple. Simple d’apparence. C’est comme si France Dumas avait capté l’exacte ambiance à la fois indolente et ponctuée de moments intenses que l’on peut vivre en Corse au mois d’août. Bravo l’artiste car d’après moi le rotring magique qui dessine tout seul ça n’existe que dans mes rêves! Les planches des bistrots parisiens ont cette même intensité.
  •  Et enfin un petit mot sur Emilie d’Hauteville, qui a eu le mérite de mettre un peu de matière (textile) dans ses créations dans une expo qui curieusement manquait un peu de techniques mixtes à mon goût.
France Dumas Corse 2007 St Roch

France Dumas Corse 2007 St Roch

France Dumas Corse 2007 Coppa

France Dumas Corse 2007 Coppa

 

Les moins de l’édition 2010 : une boutique peut-être pas assez achalandée par rapport aux artistes présentés, un audio-guide surtout concentré sur des impressions de voyages alors que j’aurais préféré il m’apprenne des choses sur l’art du carnet de voyages, un côté plus rodé, plus professionnel, deuxième édition oblige, et donc peut-être un peu moins spontané ?

Les plus de l’édition 2010 : plus d’artistes donc plus de variété, une meilleure mise en lumière des planches, un catalogue de l’exposition qui permet de se replonger dans le voyage à loisir, des objets rapportés de voyage (j’ai bien aimé le chat de toit chinois et le souffle feu), une fiche descriptive par artiste sous forme de passeport parfois assez conventionnelle, parfois poétique, parfois surprenante (un vrai plus pour l’expo que l’on retrouve dans le catalogue); un audio-guide compris dans le prix du billet, un nouveau clin d’œil au mail art avec une enveloppe par artiste adressée au commissaire de l’exposition.

Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard, Paris 15, métro Montparnasse Bienvenüe de 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés

Achats de carnet expo 2010

Les achats

 

 

 

 

 

Expo The diary

The Diary, three centuries of private lives

31 mars 2011 : The Diary, three centuries of private lives, du 21 janvier au 22 mai 2011, New-York, Pierpont Morgan Library

Expo The diary

Le hasard a fait que lors de mon passage à la Morgan Library, se tenait l’exposition « The Diary, three centuries of privates lives ». Je n’ai pu que me réjouir de tomber au bon moment. J’ai surtout été surprise par la variété des journaux intimes présentés : parfois livre de comptes, album photos, carnet de lectures, carnet de dessins, carnet de notes, ces notes pouvant même être scientifiques.

Il y avait bien sûr des carnets de voyage (« a way to capture memory so it doesn’t sleep away ») , dont un écrit pendant le voyage de noce d’un couple anglais autour de 1840, mais aussi divers journaux intimes, écrits pour être partagés ou pour rester intimes, pour s’aider à progresser dans la foi (Amazing Grace de John Newton) ou dans l’écriture d’un livre (Steinbeck), pour oublier un amour impossible (Dear Diary, Dear Beloved de Frances Eliza Grenfell), pour mesurer le temps qui passe (Spinning an Sausage making par Elizabeth Eastman Morgan ou Diary of a Marriage par Sophia and Nathaniel Hawthorne)…

Présentation de l’exposition :

How do we tell the stories of our lives? For centuries, people have turned to diaries to mark time, sort out creative problems, help them through crises, comfort them in solitude or pain, or capture memories for the future. Today, as we find new ways to document our unfolding lives—in blogs, online diaries, and social networks—this exhibition looks back over several centuries to explore the enduring drive to leave a trace of our passing days. The personal writings featured here—all from the Morgan’s permanent collection—reveal spiritual journeys, artistic ambition, and everyday rhythms. Some were kept private, others shared with a lover or friend. Together they represent a chorus of voices—each unique, yet bridging time and experience in their expression of love, pain, loss, and joy.

Quelques citations relevées :

I have tried to keep diaries before, but they didn’t work out because of the necessity to be honest (John Steinbeck writing the Grapes of wrath).

Today’s mobile electronic devices retain the possibility of traditional diary while inviting new ways of entering indexing and sharing the records of our lives.

Adresse et infos utiles :

The Pierpont Morgan Library
225 Madison Avenue
At 36th Street
New York, NY 10016-3405
Métro : Grand Central
Site dédié à l’exposition sur les journaux intimes : http://www.themorgan.org/thediary (le site constitue le support de l’exposition, il est très riche).

Swap Carnets

Participation à un swap carnets de voyage

J’ai participé en mars 2012 à un échange de carnets de voyage. L’organisatrice de cet échange est Antonia Neyrins dont je continue de suivre l’actualité sur son blog et via Facebook : http://antonia-neyrins.blogspot.fr/

Le swap ou ronde : 12 participants se sont inscrits sur le site d’Antonia, chacun s’engageant à faire parvenir à une personne désignée un colis contenant un carnet de voyage sur un pays et quelques objets en rapport avec ce pays. Afin qu’Antonia puisse former la ronde (A envoie à B qui envoie à C qui envoie à D…), chaque participant s’est présenté en laissant un message sur le site d’Antonia. Antonia s’est ensuite arrangée (non sans mal à mon avis) pour nous désigner notre « swapé ».

Voici le colis cambodgien que j’ai reçu de la part de Marie :

Swap carnets Marie

Swap carnets de voyages, le colis de Marie

Lorsque j’ai reçu le colis de Marie dont j’avais demandé la livraison sur mon lieu de travail, je n’ai pas voulu l’ouvrir de suite pour me réserver la surprise. J’ai néanmoins ouvert son courrier qui m’a appris la destination choisie : le Cambodge. A l’heure du tout numérique, il est très touchant de recevoir un courrier manuscrit d’une si jolie écriture, illustré de ravissants dessins (Marie a été responsable de fouilles archéologiques et dessinatrice d’objets archéologiques, ceci explique sûrement sa jolie plume). Le carnet choisi par Marie est Carnet d’Asie par Benoît Guillaume (Editions Cambourakis, 2010) qui parle d’un voyage de deux mois au Vietnam, Cambodge et Laos. Dès que j’ai ouvert le carnet, sans même regarder le titre ou son auteur, j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’un carnet dessiné par un homme. Ce n’est peut-être pas un style vers lequel je serais naturellement tournée car je pense être influencée dans mes goûts par les carnettistes femmes que je connais mais c’est justement ce qui rend l’échange intéressant. Dans ce carnet : ça foisonne, ça bouge, ça pulse, ça raconte beaucoup sans forcément vouloir « faire joli »; il y a du rythme, des pauses, du bruit. On y trouve de pleines pages de dessins mais aussi de nombreuses pages où l’auteur se met en scène avec son amie pour raconter son voyage presque sous forme de story-board. De ce fait c’est un carnet qui peut avoir plusieurs lectures : une lecture de bout en bout pour faire le voyage ou une lecture aléatoire pour admirer les détails, l’art de la narration, la façon de maintenir le rythme et de transmettre au mieux les impressions. Marie, qui s’est présentée dans son courrier comme une « dingue de marché » m’a également fait parvenir deux recettes Amok de poisson et Chicken curry avec les ingrédients pour les réaliser à savoir de la citronnelle, du galanga (sorte de racine sur la photo) et une pate de curry rouge en sachet. Quelle surprise de découvrir des ingrédients frais dans ce colis ! Je confesse avoir manqué de temps pour tester les recettes mais c’est prévu pour la fin de cette semaine. Lors de mon voyage au Vietnam, j’ai participé à un atelier culinaire dont je garde un excellent souvenir. Quant au disque de pop cambodgienne, verdict bientôt c’est promis. Je remercie Marie pour l’attention qu’elle a porté à la confection de ce colis. En relisant son portrait je me suis trouvé beaucoup d’affinités avec elle et en ouvrant son colis, j’ai eu l’impression de mieux la connaîtree. Dans cet échange, j’ai ressenti une sorte de « don de soi », un acte pas si commun de nos jours et je ne peux que remercier Antonia d’avoir rendu cette expérience possible.

Et voici le colis japonais que j’ai envoyé à Pascal :

Swap Carnets

Swap de carnets : colis envoyé à Pascal

Cher Pascal,

Le colis contient : un livre !

Manabé Shima de Florent Chavouet. C’est un auteur que j’ai découvert avant mon départ au Japon par son livre Tokyo Sampo. J’ai toute de suite adoré l’univers de Florent Chavouet au point de devenir une accro très régulière de son blog http://florentchavouet.blogspot.com/. A l’époque il dessinait un maki ou un sushi sous forme de personnage presque chaque jour. Étant d’origine corse, je lui ai donc écrit pour lui proposer de me dessiner un maki corse (maquis corse !) qui s’est retrouvé portraituré en Napoléon : http://florentchavouet.blogspot.com/2010_02_01_archive.html (shushi n° 148 du 18 février 2010). Juste avant mon départ pour le Japon, j’ai rencontré Florent Chavouet au salon du livre de Paris et je lui ai demandé une dédicace. Il m’a représentée en japonaise : un portrait très fidèle, fait en quelques minutes tout en discutant et sans pose de ma part, vraiment saisissant !

Plutôt que d’acheter l’ouvrage sur internet pour l’envoyer à Pascal, j’ai préféré me rendre dans la boutique parisienne Komikku qui se trouve en plein cœur du quartier japonais de Paris http://www.komikku.fr/ (61, rue des Petits-Champs, 75001 Paris). Komikku est à la fois un libraire spécialisé dans les livres japonais (mangas, littérature, beaux livres, cuisine, tourisme) mais aussi une boutique où l’on peut trouver tous les accessoires pour réaliser un bento dans les règles de l’art. Même si je possède les deux livres de Florent Chavouet, j’étais plutôt partie pour acheter Tokyo Sampo mais j’ai changé d’avis après une discussion avec le libraire qui m’a dit qu’il trouvait le second livre Manabé Shima (dans ce colis) plus abouti et plus drôle. Il faut dire que le contexte d’écriture est un peu différent. Dans son premier livre, Florent Chavouet accompagnait son amie en poste à Tokyo pour quelques mois. Il a mis à profit cette parenthèse dans sa vie pour dessiner sans pour autant avoir eu un projet de livre au départ. Le résultat n’en est pas moins fascinant et drôle. Pour Manabé Shima, Florent est parti avec l’objectif de raconter la vie sur cette petite île et comme il le dit si bien : Le Japon est tellement une île qu’il est un archipel.

Finalement une fille qui a des liens familiaux avec l’Île de Beauté, qui offre un livre sur une île japonaise à un lecteur lui-même originaire de Karukéra, l’île aux belles eaux (La Guadeloupe), ça a du sens non ?!

Swap Carnets

Le libraire de chez Komikku a du sentir la fan en moi puisqu’il a eu la gentillesse de m’offrir deux planches inédites numérotées et signées de Florent Chavouet : une pour moi et une pour Pascal. Je ne dessine pas vraiment moi-même donc autant laisser faire les pros !

Chez Komikku, j’ai aussi acheté pour Pascal un moule pour faire des œufs de forme ludique. Très simple à utiliser : il faut faire cuire l’œuf pour en faire un œuf dur, le débarrasser de sa coquille tout de suite après la cuisson et le mettre aussitôt dans le moule puis au réfrigérateur afin qu’il prenne la forme du moule en question. Ludique et plutôt enfantin mais les japonais ont ce côté grand enfant qui ne veut pas grandir ! Ce moule fera peut-être sensation au printemps prochain si le groupe scolaire de Pascal part en pique-nique ?

Swap Carnets

En parlant de picque-nique, je me suis également beaucoup intéressée à la cuisine japonaise avant mon voyage et tout particulièrement à l’art du bento (boite repas que l’on confectionne soi-même et qui doit être non seulement belle à voir mais aussi bonne à manger et équilibrée de préférence). Il existe beaucoup d’accessoires pour aider à décorer les boites. Pour certaines passionnées c’est bien plus que de la cuisine, c’est un art.

Pour rester dans l’alimentaire, j’ai pris un petit risque en envoyant à Pascal des wasabi peas, sorte de cacahouète enrobée d’une couverture de wasabi, la moutarde japonaise verte. Personnellement, je suis accro mais j’ai conscience que le goût puisse déplaire. Ceci dit Pascal est d’origine Guadeloupéenne : il doit donc être habitué aux sensations fortes !

Pour finir et pour coller au thème du voyage, en me rendant à une expo à la Cité de l’architecture, j’ai acheté dans la boutique du musée une petite pochette qui m’a semblée bien pratique. Elle permet d’y ranger un téléphone et un carnet (le carnet est fourni), plus éventuellement des billets de musée ou tout autre petit document que l’on souhaiterait mettre à l’abri avant de les coller dans son carnet de voyage. Il semblerait que l’objet soit une création japonaise ce qui ne m’étonnerait pas car ils sont très forts pour tout ce qui concerne la papèterie. Je fréquente pour ma part régulièrement les boutiques Muji (http://www.muji.fr/) et depuis peu la boutique Delfonics (http://delfonics.fr/) qui vient d’ouvrir au Carrousel du Louvre et qui est pour moi le nec plus ultra de la papèterie, service japonais en plus. Si l’échange s’était fait avec une fille, j’aurais sûrement opté pour un objet plus « kawaï » mais dans mon échange avec un homme je suis restée dans une ligne plus sobre destinée à un « geek » ou un collectionneur ou les deux !

En ce qui concerne mon voyage au Japon, j’ai eu la chance d’y aller pour 15 jours en mars 2010 avec un voyagiste spécialisé dans les voyages en petit groupe (nous étions 6 donc très mobiles). J’ai pu ainsi visiter des villes ou des sites touristiques très connus, comme des villages ou des îles beaucoup plus confidentielles. Je n’ai malheureusement pas vraiment eu le temps de dessiner. J’avais pourtant emporté un carnet et un peu de matériel mais les journées passaient très vites, tant de choses à découvrir ! J’ai néanmoins alimenté mon carnet avant le voyage (avec des adresses sur Paris, des notes de lecture) pendant (avec tous les tickets, petites brochures, tampons, emballages et autres documents collectés sur place) et après principalement avec d’autres notes de lecture et les adresses parisiennes de tous les vrais restaurants japonais que je rêverais de tester).

J’ai beaucoup lu avant, pendant et après le voyage : romans, récits de voyage et même mangas (je dis « même » car ma culture BD/manga est vraiment débutante). J’ai particulièrement aimé Besoin de Japon de Jean-François Sabouret (récit), Les années douces d’Hiromi Kawakami (roman), Le jardin Yamata d’Isabelle Jarry (récit), La tour de Tokyo par Lily Franky (roman autobiographique), quelques mangas de Jirô Taniguchi, Le cœur régulier d’Olivier Adam (roman qui se passe au Japon) et tellement d’autres choses encore…J’ai de la chance car la médiathèque de ma ville est assez bien approvisionnée et si j’en crois mon expérience cela devrait être encore mieux prochainement car ils suivent les recommandations du salon du livre, or grande nouvelle, le Japon est à l’honneur du 32ème salon du livre du 16 au 19 mars 2012 à Paris (http://www.salondulivreparis.com/). Beaucoup d’auteurs japonais seront présents pour dédicacer leurs livres. L’éditeur Philippe Picquier (http://www.editions-picquier.fr/), spécialisé dans la littérature asiatique, aura sûrement un grand stand pour l’occasion.

J’oubliais, dans un autre genre, j’ai aussi beaucoup acheté d’ouvrages sur la cuisine japonaise et j’ai pris des cours de cuisine pour apprendre à bien faire les sushis et makis. Une grande marque d’ustensiles de cuisine en plastique propose d’ailleurs un kit pour aider à leur fabrication. Au Japon, j’ai été très surprise par la richesse des spécialités régionales. makis et sushis ne sont qu’un tout petit extrait de mets succulents et si raffinés que j’ai eu l’occasion de déguster.

Pendant le voyage, j’ai eu le temps de faire deux cartes en collage pour Antonia, envoyées toutes deux par la poste et sans enveloppe dans le cadre d’un projet sur l’art postal. Malheureusement ces cartes, amoureusement confectionnées alors que nous logions chez des moines, ne sont jamais arrivées à leur destinatrice. Heureusement j’ai conservé de belles photos. J’imagine que c’est le risque avec l’art postal.

Pour ce qui est de la musique, car c’est aussi important pour moi, une des raisons de mon voyage au Japon est aussi la découverte du disque Tessi Tessi, collaboration entre VOCE VENTU, groupe de chanteurs polyphoniques corses & MIEKO MIYAZAKI, musicienne (koto). J’ai eu la chance de les entendre au Musée Guimet, quelques jours après mon retour du Japon. Deux ans après la sortie du disque, il ne se passe pas un mois sans que je l’écoute, je crois que c’est LE DISQUE que j’ai le plus écouté de toute ma vie, d’ailleurs je suis devenue bilingue corse/japonais (uniquement) sur les paroles des chansons !

Pour finir, les japonais excellent dans l’art de l’emballage. Il était difficile de faire aussi bien. J’ai eu l’idée d’emballer les objets une première fois dans du papier de soie, puis de les recouvrir de photocopies couleurs d’un grand prospectus trouvé dans une station thermale. Je pense que ce prospectus vantait les mérites des différentes boutiques du village + photocopie couleur de mon avatar dessiné par Florent Chavouet et du programme d’un spectacle à Kyoto.

J’espère vous avoir fait partager mon enthousiasme pour le Japon et vous avoir donné envie d’en savoir plus. Mettez, vous aussi, un peu de raffinement japonais dans votre vie !

 

Mail Art Project Japan

Participation à un projet Mail Art

Rapide retour sur un projet Mail Art lancé en 2010 par Antonia Neyrins malheureusement non abouti.
Il me reste le souvenir d’un atelier collage improvisé pendant mon voyage au Japon dans la chambre d’un monastère juste avant d’enfiler le kimono d’intérieur pour aller dîner.

Art Mail Project lancé par Antonia Neyrins en 2010 :

du 19 avril au 1er septembre 2010
ART POSTAL – appel à projets
MAIL ART CALL

Sortez vos ciseaux, votre colle, vos crayons, vos pinceaux et mettez vos idées en ébullition. Collez le plus beau des timbres et foncez à La Poste !
Toutes les idées, tous les supports (même et surtout les plus farfelus), toutes les provenances… sont les bienvenus.
Aucun thème n’est imposé, seule l’originalité est demandée !

Une sélection des envois les plus créatifs sera faite, en vue d’une publication dans un livre consacré à l’art postal, mais aussi en vue d’une exposition itinérante. Votre participation à ce projet implique votre accord en vue d’être publié et/ou exposé, à titre gracieux. Vos prénom et nom, ainsi que l’origine géographique de votre envoi, seront indiqués dans le livre (dans la mesure où ils seront clairement identifiables sur votre création). Si vous avez un site Internet dédié à l’art postal, vous pouvez aussi l’indiquer. Une sélection des meilleurs sites sera publiée.

Envoyez vos créations avant le 1er septembre 2010 (le voyage par La Poste est obligatoire) à

Antonia Neyrins
BP 30123
78702 Conflans Cedex

Faites exploser ma boîte et sourire mon gentil facteur !
Merci !

Voici ma réponse, deux cartes préparées un soir de pluie dans un monastère japonais au Mont Koya et postées depuis la pittoresque ville de Kurashiki.
Depuis plus de nouvelles. Je pensais les postiers nippons diligents et bienveillants, me serais-je trompée ? Il me reste les photos prises devant la boite aux lettres.
Mail Art Project Japan Mail Art Project Japan

 

Librairie Voyageurs du Monde, Paris

Librairie Voyageurs du Monde, le voyage commence rue Sainte-Anne

Librairie Voyageurs du Monde, Paris

Découverte en avril 2014 lors d’une réservation de voyage dans le quartier, la librairie Voyageurs du Monde est un rêve pour qui aime le livre et le voyage.
Le quartier (japonais) est déjà un premier voyage en soi, l’architecture de la boutique est juste magnifique, le fonds documentaire concerne le voyage au sens large (livres et objets), le personnel est extrêmement sympathique et accueillant et l’endroit organise régulièrement des manifestations en recevant des auteurs ou des éditeurs.

On y trouve : guides de voyages, cartes, littérature de voyage, beaux livres, livres sur la cuisine du monde, accessoires de voyages, papèterie et un rayon de globes terrestres tous plus beaux les uns que les autres. On y trouve également des carnets de voyages édités à chercher selon la destination ainsi que des supports pour rédiger son propre carnet.

Dans cet environnement difficile de résister à l’appel du livre soit parce que l’on prépare un voyage, soit parce que l’on revient d’un voyage, soit parce que l’on aime tout particulièrement un pays, soit parce que l’on cherche un cadeau pour un voyageur ou même pour le plaisir de redécouvrir Paris (très beau rayon sur la capitale).
Pour connaître l’actualité des signatures et des manifestations, se connecter à la page Facebook de la librairie.

Librairie Voyageurs du Monde
48, rue Sainte-Anne
75002 Paris
Tél : 01.42.86.17.38
Mel : librairie@vdm.com

Trousses de toilette ALM

Une trousse de toilette façon carnet de voyage parisien

Trousses de toilette ALM

Partir en voyage avec une trousse de toilette carnet de voyage parisien, c’est chic non ?

Articles en vente sur la boutique http://www.alittlemarket.com/boutique/pistache_la_vache-215989.html
Pour ces accessoires, je pense que la créatrice a utilisé une toile cirée (déjà repérée sur internet) ce qui rend les articles très résistants.
Chaque trousse est unique car tout est fonction de la découpe de la toile pour réaliser l’objet. Les finitions sont de très grande qualité.
Bref je recommande !