Raconter son histoire familiale par Gwen Guidou

Raconter son histoire familiale

Raconter son histoire familiale par Gwen GuidouRaconter son histoire familiale par Gwen Guidou, Archives & Culture, 2015

Une fois n’est pas coutume, je me permets de reproduire intégralement la 4ème de couverture car c’est un très beau texte.

Raconter, c’est d’abord partager. Inutile de raconter votre histoire si personne ne vous écoute.
Raconter, c’est aussi bien dire ce que l’on a fait hier qu’expliquer ce qu’était la famille il y a 250 ans.
Raconter, c’est transmettre une histoire, des émotions et un certain style.
Raconter, c’est aussi bien écrire et tisser un récit pendant des mois que laisser aller ses souvenirs lors d’un repas de famille.
Raconter, c’est informer, diffuser et transmettre une histoire ; qu’il s’agisse d’un besoin à assouvir ou d’un devoir à accomplir…
Raconter, c’est parfois laisser parler les images, quand les mots sont trop durs à dire ou qu’on ne vous croirait pas.
Raconter, c’est offrir en cadeau votre mémoire, par essence éphémère.
Inspiré de multiples rencontres et témoignages, ce guide aidera aussi bien ceux dont l’idée d’écrire une histoire familiale germe dans un coin de la tête depuis longtemps que ceux dont le projet est entamé ou patauge. Il veut donner des idées à ceux qui en manquent, rassurer ceux qui doutent, guider ceux pour qui c’est « la première fois qu’ils font ça »… en partant de l’idée que toutes les histoires méritent d’être racontées, des plus longues aux plus courtes, des plus belles aux plus troubles. Ceux qui se sont lancé ont tous en commun le bonheur d’avoir accompli quelque chose d’unique et d’avoir reçu en retour, de leurs proches, bien plus que ce qu’ils espéraient.

Plusieurs raisons font que j’ai envie de vous parler de cet ouvrage et plus largement de cet éditeur.

Tout d’abord, j’ai toujours pensé qu’il y avait de fortes connexions entre la généalogie et le métier de documentaliste. Dans les deux cas il y a un travail de recherche, le goût des archives, une nécessaire pugnacité et souvent un travail de mise en valeur de l’information préalable à sa diffusion. Avec l’ouvrage Raconter son histoire familiale, nous sommes justement à cette étape précise où un généalogiste qui a fait des recherches souhaite les partager sous une forme un peu moins austère que l’arbre généalogique traditionnel; la comparaison avec une documentaliste qui doit soigner son livrable de veille me semble toute trouvée.

J’ai été sensibilisée à l’histoire familiale lors de ma visite de l’atelier de reliure Houdart. J’ai eu la chance d’avoir entre les mains de magnifiques reliures de maisons de luxe très prestigieuses. Pour autant, si je devais garder une émotion forte de cette visite, je crois que ce serait celle d’avoir entraperçu plusieurs récits de famille aux reliures plutôt modestes. Pour qu’un particulier s’offre les services d’un relieur traditionnel, il faut qu’il ait consacré beaucoup de temps à son texte et que celui-ci mérite la présentation soignée et professionnelle que seul l’imprimeur ou le relieur peuvent offrir. Etre le biographe de sa propre famille représente déjà une certaine satisfaction, j’imagine bien qu’elle puisse être décuplée lorsque vous recevez votre propre histoire mise en page et reliée.

Avec ce livre vous trouverez un maximum de conseils de la préparation, à la rédaction jusqu’à la publication de votre histoire familiale. Certains d’entre eux, comme bien sourcer ses documents (p. 32) sont évidents pour une documentaliste. D’autres concernant l’écriture, le style, la relecture sont très pertinents notamment pour une blogueuse. J’ai beaucoup lu d’articles sur le fait d’écrire sur un blog pour être bien référencé ce qui n’est pas l’objet de cet ouvrage. Les conseils touchent ici au fait d’écrire pour être lu par un public qui n’est pas forcément expert ou féru de généalogie.
L’auteur privilégie l’imprimeur pour faire éditer votre livre de famille en plusieurs exemplaires (cf. Choisir son imprimeur pp. 74-15). On l’a vu dans l’article ci-dessus, les relieurs sont aussi compétents pour traiter ce genre de demande.

Cet article me donne aussi l’occasion de vous parler de l’éditeur Archive & Culture, découvert avec un autre ouvrage Retrouver ses ancêtres corses. Dans les deux cas, les ouvrages sont très agréables à lire avec une mise en page remarquable, beaucoup d’illustrations qui font toujours sens, des encadrés permettant de se faire rapidement une idée du chapitre et une multitude de judicieux conseils d’organisation.

Je ne doute pas une seconde que vous trouverez votre bonheur parmi les nombreux titres de cette collection.

Après cette lecture, il suffira de faire un bilan pour savoir si c’est le moment pour vous y mettre ou si vous souhaitez collecter un maximum de sources avant qu’il ne soit trop tard et avec pour objectif de vous consacrer à ce passionnant exercice de l’écriture familiale lorsque vous aurez le temps.

12 % des généalogistes auraient déjà créé un blog ou un site familial et 34 % souhaitent transmettre leurs souvenirs et leur histoire familiale à leurs enfants sous une forme plus élaborée qu’un simple arbre. L’ouvrage de Gwen Guidou, «Raconter son histoire familiale», s’impose comme lecture de vacances avec l’été qui approche !

Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière)

Networking, toutes les clés pour les jeunes actifs

Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière)Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière).

http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/etudiants-jeunes-professionnels-comment-construire-votre-reseau-9782212563801

Etudiants et jeunes professionnels sont conseillés sur l’art et la manière de construire leurs réseaux. L’ouvrage est très clair. Il se présente sous la forme de fiches pratiques. Leurs plans détaillés et de nombreux encadrés permettent d’aller à l’essentiel.

Un livre à destination des étudiants, mais pas que…

Si les conseils de Maxime s’adressent aux jeunes actifs, tout un chacun, y compris les professionnels établis, pourra trouver utile d’avoir une piqûre de rappel sur l’art du networking, voire même d’initier une démarche consciente de réseautage si cet aspect de votre vie professionnelle vous avait échappé jusqu’alors.

Un livre qui sera également utile aux maîtres de stage et enseignants car souvent il ne s’agit pas uniquement de transmettre votre matière mais de communiquer à vos stagiaires/élèves des astuces de travail.

Dans les fiches 11 Etre visible sur les réseaux sociaux et 15 Montrer son meilleur profil, l’auteur incite le lecteur à marquer son intérêt pour un sujet en tenant un blog, en pratiquant la curation de contenu ou en publiant des articles via l’application Pulse de LinkedIn (pages 42 et 56). Je ne peux qu’approuver une telle démarche !

La fiche 50 Adhérer à une association professionnelle me donne l’occasion de rebondir sur les deux principales associations de documentalistes juridiques :

A savoir : L’ADBS, Association des professionnels de l’information et de la documentation qui compte un groupe juridique (peu actif depuis quelque temps) et JURICONNEXION, association des utilisateurs professionnels de produits électroniques d’information juridique.

Deux associations qu’il convient de suivre si vous souhaitez réseauter dans le milieu de la documentation (juridique).

Tout comme le premier ouvrage de Maxime sur le sujet (Guide du networking pour développer votre clientèle à l’usage des professions du conseil, Editions Eyrolles, 2015), la démarche ne concerne pas uniquement la sphère digitale. Il s’agit du réseautage dans son ensemble, le réseautage comme art de vivre en quelque sorte !

A noter : Maxime Maeght, se déplace régulièrement dans des écoles pour animer des conférences autour du networking. Je ne peux que vous inciter à en profiter car il a une connaissance encyclopédique de la matière. Son approche documentaire détaillée au moment de la préparation de chaque ouvrage et les nombreux entretiens individuels qu’il conduit pour élargir ses connaissances à tous les domaines d’activité font de lui un expert du sujet.

British Library, vue extérieure

Visite de la British Library

Cet article a été rédigé par Katell Piboubes que je remercie pour son compte-rendu de visite et pour son reportage photos.

Un récent séjour récent à Londres a été l’occasion de suivre une visite guidée de la British Library.

British Library, vue extérieure

British Library, vue extérieure

Le guide habituel n’étant pas disponible, c’est un documentaliste, ayant fait des études de droit (!) qui a conduit notre petit groupe de 3 personnes dans les espaces publics et privés de la British Library.

La British Library est la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Elle est installée depuis 1998 dans un immense bâtiment de briques rouges qui s’élève au 96, Euston Road, le long de la gare Saint Pancras. Si son aspect extérieur est plutôt austère, la British Library offre de magnifiques espaces intérieurs baignés de lumière naturelle.

British Library, vue intérieure

British Library, vue intérieure

La British Library a pour mission de collecter et de mettre à disposition du public toutes les publications britanniques. Comme toutes les bibliothèques nationales, elle collecte le dépôt légal des ouvrages publiés et distribués au Royaume-Uni et en Irlande.

La British Library en quelques chiffres :

  • Avec une superficie de 112 000 m2 sur 14 niveaux (dont 4 en sous-sol), la British Library est le plus grand bâtiment édifié en Grande-Bretagne au 20ème siècle. Dix millions de briques et 180 000 tonnes de béton ont été nécessaires à sa construction.
  • Près de 200 millions de documents en langue anglaise et dans 400 autres langues
  • Plus de 15 millions d’ouvrages dont 310 000 manuscrits, 260 titres de journaux et revues, 4 millions de cartes, des dessins, une collection philatélique de 8 millions de timbres, des enregistrements audio et vidéo…
  • Le catalogue en ligne comprend 56 millions de documents
  • Les documents sont stockés sur 625 kms linéaires de rangement, qui croissent de 12 kms chaque année
  • Le British Library reçoit 7 000 visiteurs par jour
  • Elle dispose de 1200 places assises dans 9 salles de lecture
  • Près de 2 000 personnes sont employées sur les sites de Saint Pancras et de Boston Spa (West Yorkshire) où sont réunis les services administratifs et stockés les documents les moins demandés.

S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, la British Library est la 2ème plus grande bibliothèque du monde, par le nombre de documents conservés, après la bibliothèque du Congrès de Washington

Un peu d’histoire

La British Library, en tant que structure autonome, a été créée récemment par le British Library Act de 1973. Elle était jusque là un département de la British Museum qui abritait depuis 1857 la Round Reading Room.

Round reading Room British Musuem Credit

Round reading Room British Musuem Credit

Les fonds de la British Library, constitués depuis sa création en 1753 à partir de donations et d’acquisitions étaient répartis dans différents lieux à Londres et en Angleterre.

La décision de regrouper les collections de la British Library sur un site unique a été prise en 1951, l’architecte, Sir Leslie Martin, nommé en 1962, le site de Saint-Pancras choisi en 1973 et le bâtiment inauguré en 1998.

L’architecture de la British Library repose sur des formes organiques et sur l’utilisation de matériaux sensoriels : cuir, marbre, bois et bronze. Elle privilégie la lumière naturelle dont bénéficient toutes les salles de lecture.

Dès l’entrée dans le bâtiment, le visiteur est saisi par ses dimensions et sa clarté. Au-delà du grand hall d’accueil, le cœur du bâtiment renferme la King George III Collection. Installée dans la King’s Library Tower, écrin de verre haut de 6 étages, elle comprend 65 000 ouvrages. Cette bibliothèque demeure une bibliothèque vivante dont une cinquantaine de volumes sont empruntés chaque jour.

King 's Library Credit Paul Grundy

King ‘s Library Crédit Paul Grundy

Les documents du site de Saint Pancras sont stockés dans 4 étages de réserves en sous-sol.

Maquette British Library

Maquette British Library

Ils sont conservés à une température de 17 °C et un taux d’humidité de 50%. Une température plus basse permettrait certes une meilleure conservation des documents mais les variations de température entre les réserves et les salles de lecture conduiraient à l’apparition de condensation, fort nuisible à la conservation des documents. Cent personnes travaillent dans les réserves.

Accès aux documents

Les salles de lecture de la British Library sont accessibles à toute personne souhaitant consulter un document du catalogue. Ni les chercheurs, ni les doctorants ne bénéficient d’un accès privilégié.

Notre guide a, à ce sujet, souligné la différence entre la British Library et la BNF qui au pays de l’Egalité reste pour partie réservée aux chercheurs….

Les lecteurs consultent le catalogue en ligne et effectuent une commande bibliographique. Ils se présentent ensuite au service d’enregistrement afin d’obtenir une carte de lecteur (gratuite).

Aucune carte de lecteur n’est délivrée à une personne n’ayant pas effectué une commande bibliographique au préalable. Il est possible d’emprunter jusqu’à 10 documents par jour.

Pour obtenir une carte de lecteur (valable de 1 jour à 3 ans), il est en outre nécessaire de fournir un justificatif d’identité, un justificatif de domicile et de remplir un formulaire en ligne.

Le guide m’ayant proposé de me créer une carte de lectrice, j’ai eu la surprise de découvrir dans ce formulaire une question sur mon origine ethnique : blanc/métis/noir/indien …..Même s’il est possible de ne pas répondre à cette question, elle est tout de même surprenante pour une Française !

La carte de lecteur est ensuite délivrée par un documentaliste qui vérifie la pertinence de la commande et peut orienter le lecteur dans ses recherches. Deux cent cartes de lecteur sont délivrées par jour.

Le lecteur choisit ensuite une des 9 salles de lectures spécialisées. La subdivision thématique des salles de lecture facilite la recherche de références grâce à la présence de documentalistes spécialisés. Cependant n’importe quel document commandé peut être remis dans n’importe quelle salle de lecture.

Chaque salle comprend en outre des collections spécialisées en accès libre : ouvrages, encyclopédies, revues et des ordinateurs permettant l’accès aux 1 000 bases de données proposées par la British Library.

British Library Salle de lecture Credit Paul Grundy

Salle de lecture Crédit Paul Grundy

Stockage et plan de classement

La commande et la livraison des documents à partir des réserves sont gérées par le logiciel : Automated Book Retrieval System (ABRS).

Inimaginable pour les documentalistes, les documents ne sont classés ni par thème, ni par auteur, ni par date…mais par taille !

Il ne faut donc pas confondre stockage des documents dans les réserves et classement des documents d’une bibliothèque en accès libre. Ne répondant pas aux mêmes objectifs, ils ne sont pas fondés sur les mêmes principes d’organisation.

Ce système, que la British Library a été la première bibliothèque nationale à mettre en place en 1980 permet un gain considérable de place. Il s’inspire des principes établis par Antonio Panizzi, célèbre bibliothécaire d’origine italienne, conservateur à la British Library de 1837-1856.

Chaque document dispose d’un code barre indiquant sa localisation dans les réserves : n° d‘étagère (ShelfMark) et place sur l‘étagère (storage location).

British Library, écran de consultation

Ecran de consultation

Chaque étagère comporte des documents de taille similaire. Lorsqu’un document rejoint la British Library, il est stocké sur l’étagère correspondant à sa taille. Lorsque l’étagère est pleine, il en est créé une nouvelle pour les documents de même taille.

Le logiciel est relié au Mechanical Booking Handling System (MBHS) qui gère l’acheminement physique des documents. Ce système de 3km de long a été construit en même temps que la bibliothèque. Il permet de gérer 4 000 demandes par jour.

British Library, MBHS

MBHS

Une fois le document localisé dans une des 1 200 sections des réserves, il est acheminé dans une des 50 salles de distribution, uniquement accessibles au personnel de la bibliothèque.

British Library, salle de distribution

Salle de distribution

Lors de notre passage en salle de distribution, deux ouvrages en français sont arrivés des réserves : un ouvrage sur Lionel Jospin et un ouvrage d’Arnaud Montebourg ( !) destinés aux prêts interbibliothèques.

British Library, ouvrages

Ouvrages, salle de distribution

Le personnel de la bibliothèque vérifie ensuite la cohérence du document par rapport à la commande puis l’apporte en salle de lecture et le remet au lecteur.

Le délai annoncé de livraison est de 1h10mn mais le délai moyen de livraison est de 55 mn.

Développement des collections

Outre les ouvrages et documents britanniques et irlandais, la British Library mène une politique de développement de ses collections étrangères. Cette tâche est confiée à 100 conservateurs linguistes. Afin d’enrichir une collection riche de 85 000 documents en 66 langues, ces conservateurs disposent d’un budget de 1,6 million £ par an.

Ce sont les conservateurs eux-mêmes qui décident de ces acquisitions dans le souci de refléter la vie intellectuelle d’un Etat ou d’une zone linguistique.

C’est à ce titre que la British Library est considérée non comme la plus grande bibliothèque nationale mais comme la plus riche du monde.

Treasures

Enfin, la British Library recèle des trésors qui sont exposés en permanence et accessibles gratuitement dès le hall d’entrée.

  • Deux bibles de Gutenberg (1454-1455)
  • Le Codex Sinaiticus (4ème siècle)
  • Le planisphère de Contarini, première carte imprimée contenant le Nouveau Monde ;
  • Une lettre d’Henri VIII et Anne Boylen au cardinal Wolsey (1528)
  • Des œuvres manuscrites de Jean-Sébastien Bach, W.A. Mozart, Gustav Mahler, Benjamin Britten…
  • Des manuscrits et l’écritoire de Jane Austen
  • Le manuscrit d’Alice au Pays des Merveilles
  • Des manuscrits des Beatles
Manuscrit Jane Austen Credit Bristih Library

Manuscrit Jane Austen Credit Bristih Library

Chacun y trouvera un motif d’émerveillement….

Pour réserver votre visite de la British Library : http://www.bl.uk/events/general-guided-tour

Grille de la British Library

Grille de la British Library

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Visite de l’atelier de reliure Houdart

Le 27 avril 2016 j’ai eu la chance de visiter l’atelier de reliure Houdart à Paris.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Je tiens à préciser que cet atelier n’est pas le relieur à qui je fais appel dans le cadre de mes activités professionnelles de documentaliste juridique.
Monsieur Pierre Escarra m’a contactée suite à la publication de mon premier article sur le métier de relieur juridique. Nous avons ensuite convenu d’une visite de son atelier basé à Paris. Cette visite, facilitée par l’accès en métro, m’a semblée importante, à la fois pour mieux connaître le métier et aussi pour justifier le budget reliure auprès de mon employeur.

J’ai été surprise par la très grande variété des réalisations de l’atelier Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Du point de vue du documentaliste juridique, la reliure a souvent un but pratique et de conservation (parfois elle peut être décorative et plus luxueuse mais c’est plus rare). Notre type de reliure est désigné par le terme « documentaire » chez Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Le documentaire est donc la reliure des collections juridiques chez les juristes (avocats, notaires, profs de droits, auteurs, organismes professionnels, administrations publiques, tribunaux…). Ce type de reliure se réalise le plus souvent en toile et plus rarement en demi-cuir ou cuir-intégral lorsqu’il s’agit de décorer un bureau de prestige.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Un autre type de reliure concerne l’entreprise. Il s’agit de reliures d’exception réalisées à la demande d’une entreprise pour une commémoration, pour ses archives, pour un catalogue de prestige, pour répondre à un appel d’offres, pour un livre d’or, un livre de cave d’un restaurant étoilé, etc….

Les matériaux les plus nobles sont utilisés (cuir, soie, papiers de luxe ou teints à la demande), les finitions sont à la hauteur de l’objet (dorure des tranches, étui de conservation) et toutes les personnalisations sont possibles (blason, monogramme, logo pour n’en citer que quelques-unes).

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Viennent ensuite les reliures pour les particuliers avec une grande variété de supports qu’un particulier peut confier à un relieur : livres anciens, livre préféré, thèse, livrets de famille, mémoires, livres usuels que l’on manipule souvent (livres de cuisine, dictionnaires), partitions, livre de photos, etc…

Selon le budget du particulier, la reliure pourra être assez simple, dans l’esprit des reliures documentaires juridiques ou plus élaborée lorsqu’il s’agit de faire un joli cadeau, de marquer un événement ou lorsque l’on est bibliophile.

Il est possible de livrer le document sous format numérique, le relieur s’occupe alors de l’impression et de la reliure.
Il est aussi possible de commander de petites séries, parfois même en plusieurs versions (une version prestige pour l’auteur et des versions plus économiques pour ses lecteurs).

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Les travaux du mois de mai

Pendant cette visite, j’ai découvert :

Les matières : les cuirs, les papiers d’art dont l’origine est turque (et non italienne), les toiles qui sont livrées en rouleaux, le papier, les cartons…

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Papiers marbrés, ici motif feuilles de chêne

Quelques machines et outils : machine à coudre, massicot, étau à endosser, presses, fers de dorure…

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Collection de fers à dorer

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Fers à dorer

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Machine à coudre pour reliure

L’organisation de l’atelier où chaque relieur est polyvalent avec néanmoins quelques spécialités.

L’atelier Houdart compte 10 personnes. Le métier est physique, les relieurs travaillent debout pour la plupart. Ils/elles manient des outils qui demandent de la force et de la précision. La très bonne entente de l’atelier est néanmoins palpable et l’émulation créatrice fait des merveilles !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Étau à endosser

Le métier de relieur est à la fois créatif mais rigoureux  y compris pour la reliure dite « documentaire » où de nombreux paramètres demandent de l’attention (respect des modèles du client, respect des délais, vigilance sur les manquants, sur les tables annuelles).

L’atelier dispose d’une base de données client qui contient principalement des informations commerciales.
Pour les reliures dites documentaires, les modèles de reliure de chaque client sont des cartonnettes aux dimensions de la reliure, annotées avec toutes les références du client.

Concernant l’organisation d’un train de reliure, j’ai pu photographier un bon de retrait de reliure mis au point par un documentaliste du CRIDON qui a retenu toute mon attention.

Reliure juridique, bon de retrait

Le bon de retrait mis au point par le CRIDON

Nous avons également échangé avec Monsieur Escarra sur les différentes pratiques entre la France et d’autres pays en matière de conservation des documents des deals (cf. opération de fusion acquisition par exemple). Aux Etats-Unis, il est d’usage, lorsqu’une opération est terminée, de faire relier les documents. En France, les avocats d’affaires leur préfèrent les classeurs du commerce ou la reliure notariée. Avouons qu’une reliure traditionnelle avec une jolie pièce de titre a plus de charme qu’un vulgaire classeur plastique du commerce format A5 !

Militons pour la reliure y compris pour les bibles !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Toiles pour reliure

J’ai surtout eu la possibilité de consulter plusieurs réalisations, toutes plus exceptionnelles les unes que les autres :

  • de très touchantes histoires de famille, de carrière, des généalogies, des mémoires en attente d’être livrées,
  • un bluffant fac-similé d’une collection de lettres de Marcel Proust, toutes rassemblées dans un ravissant coffret en cuir,
Atelier Houdart Relicentre, Paris

Reliure d’une collection de lettres de Marcel Proust

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Etui relié pour lettres de Marcel Proust

  • une thèse sur l’architecture des HLM dont l’originalité de la reliure a marqué les esprits du jury et vraisemblablement contribué à son succès,
  • le livre de cave de la Tour d’argent qui est en fait un classeur avec un système de broches dont le mécanisme est astucieusement dissimulé ; vu en reportage TV, le livre de cave pèse 8 kilos et compte 400 pages interchangeables,

    Atelier Houdart Relicentre, Paris

    Livre de cave de la Tour d’Argent

  • de spectaculaires réalisations pour des appels d’offre, pour une agence de communication pour la communication d’une marque automobile ou par la concrétisation de marchés avec l’étranger,
  • des tirés à part de toute beauté : un livre commémoratif Hermès (réalisé via les Editions du Regard) avec sa reliure en foulard Hermès incroyablement graphique et techniquement complexe, un livre Lancel et son monogramme en cuir embossé.

    Atelier Houdart Relicentre, Paris

    Reliure d’exception pour la maison Hermès

Ce n’est qu’un extrait de la collection privée de l’atelier qui conserve ainsi des prototypes ou des exemplaires surnuméraires, témoignages du savoir-faire des relieurs.

Si vous passez rue Broca dans le 13ème, je ne peux que vous inciter à visiter l’atelier qui fait régulièrement des portes ouvertes. L’atelier organise également des cours et stages pour particuliers et professionnels de tous niveaux dans un local spécialement aménagé proche de l’établissement principal. Les cours sont animés par les membres de l’équipe Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Presse à relier

Les vitrines de la boutique sont tout simplement ravissantes. En ce moment elles illustrent le travail des relieurs au boulot et leurs loisirs au repos. Vous verrez qu’il y a des similitudes avec le métier de documentaliste ! Les miniatures sont l’œuvre de Benoîte. Elles rencontrent tellement de succès qu’elles sont régulièrement vendues à des passants. J’ai beau avoir un âge certain ou un certain âge, j’étais comme une petite fille ébahie devant une maison de poupées !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Relieurs au boulot, Benoîte créations

Relieurs au boulot, Benoîte créations

Relieurs au repos, Benoîte créations

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Vitrine, reliure juridique, poupée Benoîte Créations

Sarah, relieuse, fait également des cartes pop-up de toute beauté qui sont visibles sur le site de l’auteur http://www.tinupopup.com/ et en vente via A Little Market https://www.alittlemarket.com/boutique/tinu-504245.html. Un très joli cadeau pour papivores !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Carte pop-up Tinupopup par Sarah

Enfin, l’atelier Houdart se visite en petit groupe via l’organisme Walkmysteps. Prochaine visite le mercredi 18 mai 2016 à 19h30.

https://www.walkmysteps.com/fr/visite-decouverte-paris/262-l-atelier-houdart-reliure-et-dorure-d-art


Atelier Houdart Relicentre, Paris

Equipe Atelier Houdart Relicentre Paris

Atelier Houdart
77 rue Broca
75013 Paris

Tél : 01.43.31.40.36

Mail : houdart@relicentre.fr

www.atelier-houdart.fr (traditionnelle)
www.reliure-dorure-paris.fr (professionnelle)

Métro : Gobelins ou Corvisart

Ouvert du lundi au samedi sans interruption de 9h30 à 17h30 sauf lundi et samedi, de 10h00 à 17h00