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Noëlle Herrenschmidt, Sébastien Miller, Antoine Garapon (Préf.). – Dans les coulisses de la loi, Editions de la Martinière, 2016

Dans les coulisses de la loi

Noëlle Herrenschmidt, Sébastien Miller, Antoine Garapon (Préf.). – Dans les coulisses de la loi, Editions de la Martinière, 2016Noëlle Herrenschmidt, Sébastien Miller, Antoine Garapon (Préf.). – Dans les coulisses de la loi. – Paris : Editions de la Martinière, 2016.

J’ai acheté ce livre pour la carnettiste Noëlle Herrenschmidt dont j’avais apprécié l’ouvrage réédité en 2015 Carnets du Palais. Je l’ai adoré pas seulement pour le trait vivant de la reporter-aquarelliste mais aussi pour les textes qui l’accompagnent.

Dans une interview, Noëlle Herrenschmidt, ex dessinatrice d’audience, avoue ne plus prêter attention à son dessin et dessiner aussi vite que ce qu’elle voit (parfois même à la vitesse des débats houleux de l’Assemblée Nationale). Malgré ses 25 ans de pratique, elle se définit toujours comme « l’éblouie de service », celle qui va de découverte en découverte en essayant de les transmettre le plus fidèlement possible au lecteur par ses aquarelles.

L’auteur nous plonge dans le processus législatif de l’initiative de la loi jusqu’à sa publication au Journal Officiel.

Comme le dit si bien Antoine Garapon dans sa remarquable préface, il faudrait toute une vie pour parcourir l’ensemble des institutions dessinées dans ce livre. Lorsqu’on a eu la chance de pénétrer, lors de visites (de bibliothèques juridiques pour ma part) dans certaines d’entre elles, on apprécie d’autant plus de les retrouver sous la plume de Madame Herrenschmidt. L’ouvrage porte bien son titre, Dans les coulisses, signifie que l’on entre là où normalement personne n’est autorisé; le lecteur vit par l’intermédiaire de l’auteur des moments inaccessibles au grand public.

On retrouve des figures familières du monde politique (et même une figure de la documentation juridique très fidèlement dessinée) mais aussi une multitude d’anonymes au service de la loi, parfois juste des silhouettes qui s’empressent de rejoindre une réunion, dossier sous le bras. De nombreux témoignages ponctuent l’ouvrage. L’ensemble donne à la fois une impression d’intense activité, de débats saisis sur le vif, de pompe et de décorum mais aussi de chaleur, de bienveillance et d’humanité.

Noëlle Herrenschmidt, Sébastien Miller, Antoine Garapon (Préf.). – Dans les coulisses de la loi, Editions de la Martinière, 2016

Bibliothèque de l’Assemblée Nationale, crédit Noëlle Herrenschmidt

Ce n’est pas une surprise : l’auteur est très sensible aux couleurs qui l’entourent. Il y a : le rouge cramoisi des velours, le carmin royal de la moquette d’un couloir, le papier rose de l’avant-projet de loi (avant l’avis du Conseil d’Etat), le papier bleu de l’avant-projet de loi (validé par Matignon), la jaune (déroulé de la séance à l’Assemblée Nationale), la verte (ordre du jour de la semaine en cours et de la quinzaine à venir), la soie turquoise et argent des fauteuils du bureau du SGG, la soie damassée bleue des fauteuils et des chaises du conseil des ministres, le doré omniprésent dans la plupart des salons, le jaune de Naples rayé de bleu de la façade du Journal Officiel. Un régal pour les yeux et un langage des couleurs qui rythme la vie du texte. On parle d’ailleurs à ce sujet du chromatisme de la loi : à chaque étape préparatoire du projet de loi correspond, traditionnellement, une couleur particulière du papier sur lequel le document est imprimé. Ces nuances chromatiques permettent ainsi d’identifier la phase d’élaboration du texte correspondante, in Lexique p. 236.

Noëlle Herrenschmidt, Sébastien Miller, Antoine Garapon (Préf.). – Dans les coulisses de la loi, Editions de la Martinière, 2016

Bibliothèque du Conseil Constitutionnel, crédit Noëlle Herrenschmidt

En tant que fille d’imprimeur, j’ai été particulièrement touchée par la dernière partie consacrée à l’impression du Journal Officiel. La fin de l’impression papier du Journal Officiel (31 décembre 2015) marque la fin d’une époque. Dans dix ans, qui se souviendra de la tête qu’avait le Journal Officiel papier en dehors de celles et ceux qui l’on analysé puis classé pendant de nombreuses années, les années d’avant Légifrance ?!

Ce livre contente à la fois mon goût pour les carnets de voyage et pour la matière juridique. J’y ai appris beaucoup de petites choses sur le processus législatif qu’il contribue à humaniser et à rendre vivant. Grâce à ce livre, je n’aborderai plus jamais du même œil le travail de recherche juridique ou de veille sur un texte législatif.

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Carnet de voyage en Corse par Alma Filliette

Je connaissais les publications de Cécile Alma Fillette avant de la rencontrer.

J’admire à la fois l’artiste et la personne. Une artiste accomplie qui pratique l’art du carnet de voyage depuis plus de 25 ans et une personne extrêmement pédagogue et bienveillante qui anime des ateliers depuis tout autant.

Alma organise des stages de carnets de voyages à Paris, parfois même dans son atelier, un peu partout en France et un peu partout dans le monde.

Je ne résiste pas à l’idée de vous présenter un stage qui a déjà eu lieu en Corse en 2015 et qui sera reconduit pour le printemps 2016.

Ce stage se déroulera à Porto Vecchio du 2 au 9 avril 2016.

Initiation à la pratique du carnet de voyage…
Ou préparation au grand voyage !

Réaliser un carnet de voyage, c’est poser du fini sur l’infini, de l’ampleur sur le minuscule, du sacré sur le profane et de l’amour sur l’indifférence

Beau programme, non ? Quant au décor, je ne suis pas objective, mais ça ne peut être qu’inspirant !

Ci-dessous un reportage photos, avec l’autorisation d’Alma, du stage de 2015.

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

L’hébergement

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2015

Stage Alma Filiette Porto Vecchio, avril 2016 Carnet de voyage en eaux turquoises (télécharger le programme, format PDF).

Pour tout renseignement complémentaire s’adresse à :

Cécille Alma Filiette almafilliette@gmail.com

www.atelier-metaforme.com

Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris dessinés par Noëlle Herrenschmidt écrits par Antoine Garapon. – Paris : LexisNexis, 2015.

Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris

Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris dessinés par Noëlle Herrenschmidt écrits par Antoine Garapon. – Paris : LexisNexis, 2015. Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris dessinés par Noëlle Herrenschmidt écrits par Antoine Garapon. – Paris : LexisNexis, 2015.

Attention il s’agit d’une réédition d’un ouvrage déjà paru en 1995.

Une réédition pour célébrer l’actuel Palais de Justice avant qu’il ne devienne l’ancien palais de justice du fait de la construction de son remplaçant dans le 17ème arrondissement de Paris. Vous me suivez ?

Compte-tenu de mon goût fort prononcé pour les carnets de voyages, je ne pouvais que me réjouir de cette opportune réédition.

Habituellement par carnet, on pense plus au carnet de voyages en terre lointaine. Nous connaissons aussi les croquis d’audiences réalisés par des dessinateurs de presse (judiciaire), en revanche le carnet reportage en terrain judiciaire est un objet assez original.
Original et pédagogique car il permet de mieux comprendre la vie au Palais de Justice et le fonctionnement des instances judiciaires, tout en montrant des lieux habituellement interdit au public. Le texte (d’Antoine Garapon) est limpide. Tous les dessins sont légendés. Des documents extraits contextualisent le reportage.

Si vous avez vu au cinéma le film L’hermine avec Fabrice Luchini, le Carnet 4 sur la Cour d’assises vous remettra dans cette ambiance particulière du procès d’assises.

Une robe d’avocat c’est une masse noire, un cube ou un triangle. Noëlle Herrenschmidt a beaucoup de talent pour lui donner vie de la sorte. Chez elle, la robe bouge, se plisse, suit les effets de manche de son propriétaire !

Son regard externe au milieu judiciaire, lui permet de donner autant d’importance aux « petites mains » du Palais qu’aux illustres magistrats qui le fréquentent. Cette « mise à plat » des relations est particulièrement frappante dans le Carnet 6 Ordre des avocats où l’archiviste de l’Ordre a autant d’importance que la prestation de serment d’une nouvelle promotion d’avocats.

Seul regret concernant l’ouvrage : les dessins de Noëlle Herrenschmidt auraient mérité un bien meilleur papier.

Dans la nouvelle introduction (20 ans après) par Antoine Garapon, on apprend que les religieuses sont parties, la poste a fermé, la buvette a fait faillite. Autant de pages qui donnent pourtant un peu plus d’humanité à ce lieu austère et solennel.

Qu’en sera-t-il du futur Palais de justice ?

Deux extraits qui ont du sens pour moi.

Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris dessinés par Noëlle Herrenschmidt écrits par Antoine Garapon. – Paris : LexisNexis, 2015.

La Galerie Saint-Louis

Carnets du Palais, regards sur le palais de justice de Paris dessinés par Noëlle Herrenschmidt écrits par Antoine Garapon. – Paris : LexisNexis, 2015.

La bibliothèque de la Cour de Cassation, avec la main de l’artiste au centre !

L’ouvrage : http://boutique.lexisnexis.fr/5884-les-carnets-du-palais/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_justice_de_Paris : fiche Wikipédia sur l’actuel Palais de justice de Paris

http://www.nouveaupalaisdejustice.fr/ : le site pour tout comprendre du nouveau palais de justice, le projet, les étapes et les acteurs

 

Sketchbook Project

Brooklyn Art Library à New-York

Lors d’un récent voyage à New-York, j’ai visité le quartier de Brooklyn avec Elise qui possède sa propre agence de visites de New-York en français (New York Off Road) .

Elise ne pouvait pas me faire plus plaisir en me faisant découvrir The Brooklyn Art Library qui est à l’origine du Sketchbook Project.

Qu’est-ce que le Sketchbook Project ?

C’est un projet d’une bibliothèque collaborative de carnets d’artistes alimentée par des particuliers du monde entier. La bibliothèque contient environ 34.000 carnets créés par des personnes de plus de 135 pays.
Ce projet est né en 2006 à Atlanta puis à déménagé à New-York en 2009. La bibliothèque d’art de Brooklyn, au cœur de Williamsburg, est la vitrine permanente des collections qui peuvent être consultées par le public.

Sketchbook Project

Sketchbook Project

Concrètement comment cela se passe ?

Vous achetez un carnet vierge, vous le remplissez avec des dessins, une histoire, du texte, des collages, des découpages, des photographies, puis vous le renvoyez à la bibliothèque où il intégrera la collection. Selon la formule du carnet ($28 pour intégrer la collection et être disponible à la consultation sur place ou $63 pour être consultable sur place et numérisé donc consultable depuis internet) votre audience sera plus ou moins large.
Une partie de la collection voyage également dans un bibliobus spécialement conçu pour le projet dans les différents états américains et au Canada.
Pas besoin d’être un artiste reconnu, il y en a pour tous les goûts et tous les styles !

Sketchbook Project, carnets

Sketchbook Project, carnets vierges

Sketchbook Project, exemple

Sketchbook Project, exemple de carnet

Et les documentalistes là-dedans ?

L’ensemble des carnets ont été indexés dans une base de données par nom d’auteur, type de projet, pays, ville, état mais aussi par techniques (encre, peinture, pop-ups, photographie, aquarelle, couture, plié en accordéon, écriture…) ou par thèmes (mode, science, architecture, musique, technologie, voyage, abstrait…).

Sketchbook Project, vieux casiers (déco)

Sketchbook Project, vieux casiers (déco)

Même si tous les carnets sont exposés sur des étagères directement accessibles par les visiteurs, l’accès aux carnets n’est pas libre. Pour obtenir un carnet, vous devez faire une demande à un documentaliste en lui communicant les mots-clés de votre choix ou demander une sélection liée au hasard.

Le fait qu’un carnet sortira du lot des 34.000 carnets pour être consulté par un lecteur dépend donc de la demande du lecteur, de l’indexation qui a été faite par les documentalistes ou du hasard.

Sketchbook Project, vieux catalogue

Sketchbook Project, vieux catalogue (déco)

C’est comment sur place ?

L’endroit qui occupe un ancien bâtiment industriel, comme beaucoup de boutiques dans ce quartier, est tout simplement magique. Vous pouvez vous installer sur de grandes tables en bois pour consulter les carnets. J’imagine facilement comment cette bibliothèque d’art est une source d’inspiration sans limite pour tous les créatifs new-yorkais (milieu de la mode, du design, du graphisme, de la création d’une manière générale).

Sketchbook Project

Sketchbook Project

Sur place je me suis procurée l’ouvrage The Sketchbook project World Tour par Steven Peterman, Sara Elands Peterman  et Shane Zucker (les fondateurs du projet), Princeton Architectural Press, 2015, en anglais (également en vente sur internet). Ce livre est une sélection de pages de carnets avec des focus quelques artistes sous forme d’interviews. Les carnets sont répertoriés par continent ce qui permet de repérer quelques tendances graphiques liées à l’environnement culturel des auteurs.  256 pages d’inspiration et de motivation à consulter avant de réaliser votre propre carnet si l’angoisse de la page blanche vous saisit ! Il y a de tout, du très pro comme du très enfantin, de l’artiste reconnu comme du simple particulier qui aime dessiner ou écrire, ou coller, ou photographier, des carnets de vies, des carnets imaginaires, des carnets de voyages, des carnets d’observation. Impressionnant !

 

Sketchbook Project

Sketchbook Project, lumineuse idée

Sketchbook Project, le livre

Sketchbook Project, le livre

Comment je participe ?

http://www.sketchbookproject. com/participate

Sketchbook Project, envie d'écrire

Sketchbook Project, envie d’écrire ?

Comment j’y vais ?

Seul ? Brooklyn Art Library, 1030 A N. 3rd Street, Brooklyn, NY 11249

Accompagné ? par Elise bien sûr ! New York Off Road

Pour cette étape en particulier, j’ai été comme en apnée pendant toute la durée de notre visite, tellement j’étais excitée par cette découverte. Imaginez un peu mes deux passions (bibliothèque et carnets (de voyages/de vie)) rassemblées dans un seul et même endroit !

Ceci dit, je vous assure que l’intégralité de la visite de Williamsburg vaut la peine car il y a vraiment de superbes endroits à découvrir dans ce quartier et l’enthousiasme d’Elise (qui vient d’y déménager) est hautement communicatif ! C’est bien simple, je crois que c’est de loin ce que j’ai préféré de tout notre séjour New-Yorkais même s’il est difficile de comparer des activités qui n’ont pas toutes le même sens.

Sketchbook Project, rayonnages

Sketchbook Project, rayonnages

En attendant de réaliser votre propre carnet

Vous pouvez vous créer un compte et consulter les carnets numérisés en ligne :

http://www.sketchbookproject. com/

Sketchbook Project, rayonnages

Sketchbook Project, bientôt le votre ?

xpo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Rencontre avec Antonia Neyrins le 25 juillet 2015

Antonia Neyrins exposait ses carnets dans l’orangerie du musée de la Batellerie, ancien prieuré de la ville de Conflans Sainte-Honorine (78).
L’expo a eu lieu du 25 au 30 juillet 2015.

Orangerie, prieuré, ville de Conflans Sainte-Honorine

Serre, prieuré, ville de Conflans Sainte-Honorine

Les mots de l’artiste :

De grands panneaux, huit vitrines pour vous emmener découvrir huit destinations où j’ai dessiné et gribouillé dans des carnets (Grèce, Maroc, Bénin, Congo Brazzaville, Ethiopie, Guadeloupe, Chine et Inde), des originaux sous cadre et le fantastique décor de l’Orangerie dans le Parc du Prieuré de Conflans-Sainte-Honorine.

Expo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Antonia Neyrins, panneau Invitation au voyage

Cette exposition me donne l’occasion de vous reparler de cette artiste que je connais depuis 2008 et que j’apprécie tout particulièrement.

Les mots de la ville de Conflans pour présenter l’exposition :

Carnettiste conflanaise, auteure illustratrice de carnets de voyage, écrivant autant qu’elle dessine. Antonia Neyrins commence à exposer ses carnets de voyage en novembre 2003 au RDV des Carnets de Voyage de Clermont Ferrand. Elle se passionne pour le voyage, les autres cultures, et pour la littérature africaine, caribéenne et polynésienne. On reconnaît ses carnets par l’amour de la couleur et la multiplicité des techniques (aquarelle, pastels gras, calligraphie, collages et récupérations).

Comme le dit si bien l’affiche, le carnet c’est SA vie.

Expo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Affiche Antonia Neyrins, mon carnet c’est ma vie

Intimité, voyages, joies, peines, famille, stagiaires, amis, enfance, travail, destin, tout relie Antonia à ses carnets. Elle en parle avec émerveillement comme si elle avait encore du mal à réaliser le bonheur qu’elle a de vivre de sa passion. Passion chez Antonia n’est pas synonyme d’insouciance. On sent que beaucoup de travail et de persévérance ont été nécessaires pour aboutir à la reconnaissance qui est la sienne. Il y a un certain paradoxe tout à fait intriguant chez cette artiste qui rend une partie de son intimité publique (ses voyages, ses rencontres, ses pensées), tout en cultivant un jardin secret, un difficile équilibre parfaitement maîtrisé.

Antonia expose dans les villes, les médiathèques, les salons du livre, les écoles, les instituts français à l’étranger. Elle anime des stages carnets de voyages à l’étranger, des ateliers pour adultes et enfants, elle participe à des publications.

Nous partageons le même goût pour l’harmonie des couleurs, les beaux tissus, les bijoux textiles, les voyages, l’écriture intime.

xpo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Extrait carnet d’Antonia Neyrins, Maroc

Généreuse, curieuse, elle porte un très joli regard sur le monde et vous touche par son authenticité et son goût du détail. Son art est poétique. Son goût du proverbe et de la petite phrase bien sentie ne font que renforcer cette impression d’un regard bienveillant, parfois espiègle.

Expo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Extrait carnet d’Antonia Neyrins, Chine

Même si c’était un peu frustrant de ne pas pouvoir feuilleter les carnets, j’ai adoré la mise en scène des vitrines avec les petits objets rapportés de voyage, les jolis tissus, les différents styles et formats des carnets. J’ai surtout savouré l’enthousiasme d’Antonia alors qu’elle présentait son travail à deux jeunes élus locaux. Nous avons pu échanger longuement avec l’artiste et c’était un vrai moment privilégié.

Expo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Extrait carnet d’Antonia Neyrins, Congo

Les panneaux décoratifs prenaient toute leur dimension dans l’Orangerie du prieuré de Conflans fraîchement rénovée. A elle seule cette annexe du musée mérite le déplacement.

Expo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Deux bannières présentant le travail d’Antonia

xpo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Collection de malles d’Antonia Neyrins

xpo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Collection de malles d’Antonia Neyrins

L’exposition a eu lieu sur une courte période. Elle n’est malheureusement plus d’actualité au moment où je publie ce compte-rendu.
J’espère néanmoins que cet article vous aura donné envie d’en savoir plus sur le travail d’Antonia Neyrins. Une bien belle personne.

xpo Antonia Neyrins, Conflans, juillet 2015

Portait d’Antonia Neyrins lors de l’exposition de ses carnets à Conflans, juillet 2015

Vous pouvez la suivre :

Sur son blog : http://antonia-neyrins.blogspot.fr/

Sur Facebook : https://www.facebook.com/antonianeyrins?fref=ts

Frédéric Malenfer, archives départementales de l'Hérault

Bibliotourisme : les artistes aussi !

Frédéric Malenfer, archives départementales de l'Hérault

Frédéric Malenfer, archives départementales de l’Hérault

Découvert sur le site BiblioFrance, l’artiste toulousain Frédéric Malenfer, semble lui aussi atteint du virus du bibliotourisme.

Vous pouvez voir ses dessins ici :

http://www.bibliofrance.org/index.php/ressources/o-b-n-i-objet-bibliophilique-non-identifie/240-bibliotourisme

ou directement sur son site :

http://www.frederic-malenfer.com/index.php/component/content/category/11-social-art

J’aime beaucoup le style de l’artiste. Le fait qu’il dessine « sur le vif » donne à ses dessins un aspect moderne et dynamique alors que les endroits visités ne le sont pas tous forcément.
C’est aussi un très beau témoignage social sur l’architecture des bibliothèques et sur le personnel qui y travaille.

Je lui ai posé quelques questions afin d’en savoir plus sur son approche et voici sa réponse :

« Pour répondre plus précisément à vos questions, je suis illustrateur, dessinateur pour la presse et l’édition. Je dessine au pinceau in situ, à l’encre de chine et couleur, sur papier. Pour des dessins rapides, j’utilise le feutre de calligraphie, sans couleur, ça accentue le coté dynamique. Lecteur et curieux, je parcours tout naturellement les bibliothèques. J’apprécie leurs ambiances toutes différentes. C’est ce que j’essaie de restituer par le dessin. Cette démarche plait, les lecteurs, et le personnel sont ravis par la restitution du lieu et de l’esprit par le dessin. »
« Ce week-end, j’ai aussi expérimenté une situation étonnante : dessiner la Bibliothèque vivante, une collection de livres humains, proposés par la Médiathèque José Cabanis, pour ces 10 ans. Le public a été très réceptif à cette autre façon d’apprendre et de découvrir, et j’ai croqué l’ensemble avec bcp de plaisir :
https://www.facebook. com/events/299997633519667/« .
« L’ IFLA c’est le G20 du monde des bibliothèques :) C’était l’opportunité pour moi de dessiner des bibliothécaires du monde entier en train de parler de… bibliothèques. J’avais une carte de presse, j’ai travaillé avec l’équipe de l’IFLA Express. Les réunions se déroulaient d’abord par une présentation de l’intervenant, puis le public réagissait par des questions souvent pertinentes. Ce congrès est très étonnant pour le néophyte, la ville vivait au rythme du congrès. Voir 3000 bibliothécaires danser en même temps, c’est une expérience!
Dessiner un congrès c’est dessiner des gens qui parlent mais aussi qui se rencontrent. La performance est passionnante. Ce regard porté en dessin intrigue beaucoup, et il semble que cela attire la curiosité (les compteurs sur Flickr en témoignent) : https://www.flickr.com/photos/ifla/sets/72157646581468321/
« Sketcher une réunion de documentalistes juridiques, je suis partant ! « 

Avis aux organisateurs et merci à Frédéric pour sa contribution.

Collage autour du thème du carnet de voyage

Collages : l’appel de colle et des ciseaux !

Collage autour du thème du carnet de voyage

Collage autour du thème du carnet de voyage

Un article de deux page dans La Corse votre Hebdo (supplément de Corse Matin du 14 novembre 2003) attire mon attention. Il présente le travail de Jean-Jacques Torre qui expose à la Bibliothèque d’Ajaccio trente-deux de ses collages accompagnés par autant de textes rédigés par des auteurs insulaires, amis de l’artiste. Ne pouvant faire le déplacement (ce n’est pas l’envie qui m’en manquait), j’achète le catalogue de l’exposition par correspondance. A sa réception, le choc est grand, tellement les images sont fortes tout comme leurs interprétations littéraires.

Au même moment, je reçois le n° 6 du magazine Idées de Scrap (magazine de scrapbooking, le scrapbooking étant le terme américain qui désigne l’art de mettre en valeur ses photos dans des albums créatifs). J’y trouve une annonce pour un atelier de collages animé par Luc Favard. Le « bonhomme » contacté aussitôt par téléphone me semble sympathique, son travail fait même l’objet d’un article dans le magazine Psychologies de décembre 2003, rubrique épanouissement (c’est peu de le dire…) « Collages : des petits papiers pour recoller sa vie » par Pascale Senk, magazine que justement j’achète depuis peu. Je décide donc de m’inscrire à un stage avec Luc Favard qui se déroulera sur un week-end à Saint-Mandé (94) en janvier 2004.

Comme le dit Luc Favard, pendant la présentation du stage, le collage est souvent en nous depuis l’enfance. Découper, coller, assembler à quelque chose de très enfantin, de très obsessionnel aussi (pas de problème sur ce point en ce qui me concerne, j’assume !). Assemblage à la fois enfantin et sensuel, le collage se révèle finalement être un très bon moyen d’expression de la créativité et de nos sentiments intimes. Cet art est ouvert à tous et à chacun, sous réserve d’un minimum de patience, pas besoin de beaucoup de matériel, ni de beaucoup de technicité pour se lancer. Pour Jean-Jacques Torre s’est même devenu « une nécessité qui fait partie des « choses élémentaires de la vie » ». Je n’irais pas jusque là mais il est vrai que j’avais déjà tendance à découper, classer, coller et que la tendance va sans aucun doute s’aggraver ! Après un stage d’un week-end l’apprentie colleuse ne voit plus les magazine du même œil : les publicités me font de l’œil, les titres sont autant de slogans potentiels, les couleurs des papiers glacés autant d’inspiration. Comme le dirait Luc Favard, j’ai envie de m’Immerger dans les magazines, de m’Inspirer de cette profusion d’images et de mots, d’Imaginer des formes, d’Inventer des histoires, de faire cligner mon Iris de prêt comme de loin pour voir ce que cela donne : bref, je suis mordue !

En savoir plus :

Luc Favard, artiste, concepteur de collages, propose des ateliers sur un ou deux jours à Paris et Saint Mandé (94). Pour lui créer un collage c’est à la fois un art et une recherche en soi. Très patient, psychologue et attentif, il guide chaque stagiaire vers le meilleur de lui-même. Il propose dans son atelier à la fois les conseils techniques, des idées sur les couleurs et la créativité ainsi qu’un accompagnement dans le déchiffrement des symboles et des émotions que ne manquent pas de provoquer ce travail. Une formidable expérience que je ne peux que vous recommander.

Les collages de Luc Favard évoquent pour moi « une ronde d’images », pureté des formes, complémentarité des couleurs.

Pour une présentation du travail de Luc Favard lors d’une exposition  : Entretien avec Luc Favard (2013)

Je veux me montrer, je veux te montrer
Qui tu es aujourd’hui de tout temps

Tire le fil des mouvements des formes et des couleurs,
Suis le sens et l’inspiration
Alors tu sauras
Les peuples qui t’habitent,
Les forces qui t’unissent

Sous tes doigts et tes yeux compositeurs
Appelle, découvre,
Crée et retrouve
La réalité de ton être
Qui inlassablement cherche
A se donner à voir

Tu pourras alors reconnaître ta beauté
Le mouvement circulaire
Vivant et infini
De ta forme dépassant la forme.
L’épouse adorée
D’un fond sans fond
Une spirale dessinant
Le dessein d’un chaos ordonné

Luc Favard, le 21 mars 2006.


Jean-Jacques Torre, ancien enseignant, journaliste audio et de télévision, il est venu au collage à la suite d’un pari avec un ami.

J’ai beaucoup aimé son idée de faire interpréter son propre travail par d’autres artistes insulaires. Les collages de Jean-Jacques Torre sont autant de petites histoires. Proches de l’actualité, ils témoignent d’un regard différent sur le monde. Regard obsédé par quelques pièces principales fortes, parfois douloureuses, souvent mystiques autour desquelles s’articulent une mosaïque de petites pièces dans un camaïeu de couleurs toujours en harmonie.

Les références du catalogue de l’exposition à la bibliothèque d’Ajaccio :

Jean-Jacques TORRE. – La convocation : collages & textes. – Ajaccio : Albiana, 2003. – 65 pages.

Heures de colle, le chemin de croix selon Jean-Jacques Torre par Marie-Joseph Arrighi-Landini in Terra Corsa n°30 avril-mai-juin 2010, pp. 82-86.


Quelques références bibliographiques

Articles :

– P.G. – « Comment les images peuvent nous guérir. – Elles, 13 octobre 2003.
– Pascale SENK. – « Des petits papiers pour recoller sa vie ». – Psychologies Magazine, Décembre 2003, pp. 94-98.
L’article qui m’a fait connaître les ateliers de Luc Favard.
– Christine ORBAN. – « Laissez coller les petits papiers ». – Enjeux Les Echos, décembre 2005. – pp. 134-137.
Remarquablement écrit, et pour cause, l’auteur est écrivain. Elle y parle de ses collages qu’elle réalise le soir, une fois les pages écrites et les enfants couchés, dommage on ne les voit pas. « Tour à tour, profond et léger, les collages, ces « choses vues » comme disait Prévert et « revues », ces déplacements d’objets, qui en modifient le sens, il suffit de coller des ailes à une Caravelle pour lui donner des airs ! C’est beau une Caravelle avec des ailes… »

Ouvrages :

– Martin MONESTIER. – L’Art du collage. – Paris : Dessain et Tolra, 2002. – 94 p.
– Jean-Jacques TORRE. – La convocation : collages & textes. – Ajaccio : Albiana, 2003. – 65 p.
– Pierre-Jean Varet. – L’art du collage à l’aube du vingt et unième siècle. – Paris : Artcolle, 2006. – 150 p.
– Pierre-Jean Varet. – Les techniques de l’art du collage à l’aube du vingt et unième siècle. – Paris : Artcolle, 2006. – 139 p.
Voir aussi les ouvrages relatifs au scrapbooking qui peuvent inspirer :

En principe le scrapbooking répond à des règles précises qui ne font pas bon ménage avec le collage. En effet, on utilise ses photos et non celles des autres, les pages sont réalisées au format 30×30, etc…tout ceci n’est que supercherie marketing ou effet de mode importés directement des Etats-Unis pour faire dépenser des sommes folles à des femmes créatrices avides de nouveautés (mon opinion). Rien n’empêche de mêler collages et techniques de scrapbooking. Certains outils de scrapbooking peuvent vraiment aider dans la pratique du collage. Quelques titres (sélection non exhaustive) :

– Marie-Dominique GAMBINI. – Faites du scrapbooking avec Histoires de pages…et vos photos prendront vie !. – Lyon : Histoires de pages, 2002. – 104 p.
– Martine CARLIER, Marie-Sophie SIMON. – Scrapbooking, mettez en scène vos photos. – Paris : Editions Fleurus, 2003. – 80 p.
– Martine CARLIER, Marie-Sophie SIMON. – Nouvelles techniques de scrapbooking. – Paris : Editions Fleurus, 2004. – 79 p .
– Juliane CORDES. – Instants de vie mis(e) en page. – Rennes : Editions Ouest France, 2005. – 100 p.

ou encore d’autres techniques comme :

– Nicolas PIROUX. – Cartes et faire-part à faire soi-même. – Paris : Dessain et Tolra, 2000. – 64 p.
– Marie et Christian LEFEBVRE. – Albums souvenirs à faire soi-même. – Paris : Dessain et Tolra, 2002. – 64 p.

Revues :

– Idées de scrap : le magazine du scrapbooking, trimestriel, NL Editions. Très orienté scrapbooking et malheureusement très américanisé mais peut donner des idées pour le collage. La revue aborde parfois le thème du collage.
– Pratique des Arts : « Le collage : 15 gestes clés à la manière de Matisse et Picasso », dossier inclus dans le N° 79 (21 mars-23 mai 2008).
Plus qu’un véritable dossier au sens exhaustif du terme, il s’agit surtout d’un article sous forme de portraits de quatre artistes collagistes aux styles différents. Les liens entre le collage, le carnet de voyages et l’art postal y sont clairement visibles.

Voir aussi :

http://www.artducollage.com : le site de Pierre-Jean Varet, artiste à l’origine de l’association internationale Artcolle, du Salon du collage ainsi que d’un musée consacré à cet art. Dans ses deux livres (voir références ci-dessus), Pierre-Jean Varet raconte l’histoire de cette pratique utilisée par tous les grands artistes modernes et part à la rencontre des praticiens d’aujourd’hui (premier livre) puis il propose de découvrir les recettes de l’art du collage et tente de stimuler la créativité de ses lecteurs par une centaine de reproductions d’artistes sous forme de galerie (second livre). Sur son site internet, il communique des informations sur son association, sur ses publications, sur les stages qu’il organise et offre une vitrine à d’autres artistes collagistes.

http://www.completement-timbrees.com/ : association d’art postal dont il est question dans l’article sur le collage publié par Pratique des Arts (voir ci-dessus). Cette association a pour but de promouvoir l’art du collage et particulièrement l’art postal ou mail art, d’animer des ateliers, des stages, des conférences.

 

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Conférence sur l’écriture intime par Philippe Lejeune

Logo AutopacteL’écriture intime : conférence de Philippe Lejeune du 23 janvier 2009 

J’ai trouvé que ce sujet complétait bien celui des carnets de voyages, d’où la présence de ce compte-rendu.

Certains journaux intimes présentés en photos lors de la conférence ont d’ailleurs l’apparence de carnets de voyage car un carnet de voyage peut aussi être intime, quotidien et citadin.

Vendredi 23 janvier 2009, 20h30 : la SNCF a encore frappé, la ville n’est qu’un immense chaos de voitures qui cherchent à atteindre la gare pour récupérer des usagers, victimes malgré eux de furieux syndicalistes. Il fait froid, je suis fatiguée, nous sommes en fin de semaine, je n’ai pas eu le temps de manger à cause d’une course tardive sur Paris et du transport défaillant. Je me rends néanmoins à la conférence car mon inscription auprès de la médiathèque de ma ville m’oblige au respect de ce rendez-vous.

Je me demande ce que va pouvoir nous dire notre interlocuteur. Il a une tête d’universitaire débonnaire, il a l’air timide et tire souvent sur un pull en laine complètement déformé; il insiste pour brancher un ordinateur et parle de nous projeter des images. Je ne sais pas pourquoi mais je pense de suite à des images subliminales, couleurs, formes, paysages et je ne comprends pas la relation avec le sujet de la conférence : pourquoi et comment tenir un journal personnel ? J’admets parfois écouter de la musique lorsque j’écris mais de là à s’inspirer d’images, je ne vois pas bien où il veut en venir ?

Philippe Lejeune se présente, revient sur sa biographie et sa bibliographie, nous fait une longue introduction sur le sujet qui a occupé toute sa carrière, à savoir l’écriture intime.

Il n’y aura pas ce soir d’images subliminales. C’est l’histoire du journal intime qui nous est racontée, histoire illustrée de nombreuses anecdotes et de photos. Par ces photos de journaux, Philippe Lejeune veut nous convaincre de l’extraordinaire créativité des journaux intimes. Chaque journal est une œuvre d’art, un objet unique. On comprend mieux alors qu’il y ait consacré toute sa carrière.

Quelques notes prises pendant la conférence

Il n’existe pas vraiment de terme français pour décrire celui qui tient un journal intime. On parle de « diariste », un terme emprunté au vocabulaire anglais.
Le diariste a une image dévalorisante, il serait une sorte de « rond du cuir de lui-même », un être régulier et obsessionnel, pas tout à fait faux Monsieur Lejeune !

D’ailleurs l’affiche de l’exposition organisée par la bibliothèque municipale de Lyon nous montre un chat noir, certes sympathique, mais qui couvre un journal de ses empreintes de façon régulière et monotone. Une affiche pas si anodine, où l’on retrouve la nature scolaire et rigide du journal, tout en admettant qu’il s’agit bien de laisser une trace dans la vie .J’aime beaucoup cette notion de trace pour ma part car c’est sûrement le sentiment moteur de la création et de la mise à jour de ce site internet.

La question se pose de savoir si le diariste est plus narcissique que la moyenne. Pas forcément, car les non diaristes peuvent l’être aussi or on ne peut pas reprocher au diariste d’embêter ses co-génères avec ses problèmes existentiels, tout solitaire qu’il est.
Philippe Lejeune parle ensuite du difficile exercice qu’est la relecture de son journal .En effet, si le passé est merveilleux, on ne peut que le regretter et si l’on a commis des erreurs, il est trop tard pour revenir dessus.

Sur la forme : les images parlent d’elles-mêmes; chaque diariste reste fidèle à sa propre stratégie, possède sa propre tenue graphique. L’information contenue dans la graphie d’une personne ou sa façon de disposer le texte sur la page est une information sur cette personne. L’écriture est un corps, elle vieillit et porte les stigmates du temps. Pourtant il est frappant de constater comme l’écriture peut être fluide et non raturée chez de nombreux diaristes. Illustration faite de plusieurs photographies de journaux, on comprend mieux pourquoi Philippe Lejeune s’insurge contre la version éditée de certains de ces journaux, qui, s’ils sont fidèles au fond, trahissent la forme.

Sur le fond : le journal est une mémoire, un accompagnement de la vie ou un soutien en cas de traumatisme. L’écriture est souvent élaborée, décantée, filtrée tout au long de la journée, ce qui explique justement qu’elle serait si fluide. J’aime aussi beaucoup cette idée que l’écriture, même brève s’appuie sur un travail cérébral de toute la journée. Le diariste filtre et condense la vie. Son journal, le prépare à la vie demain.

Puis Philippe Lejeune nous parle de son travail au sein de l’APA (Association Pour l’Autobiographie) qui se propose de collecter et conserver les journaux intimes, à ce jour environ 2500 dépôts.

L’heure tourne, chacun a le stylo qui le démange. Je profite de la pause questions à la salle pour évoquer le sujet de l’écriture numérique.
En effet, Philippe Lejeune vient de nous parler avec un tel enthousiasme du journal intime manuscrit que j’en viens presque à regretter mon caprice hig-tech de la semaine : à savoir un notebook asus, sorte de mini-ordinateur simplifié, si girly avec sa petite façade violette. Je me vois déjà voyageant avec partout en France et dans le monde. Car voyez-vous, Monsieur Lejeune, si j’ai le goût de l’écriture, intime ou pas, j’ai perdu depuis longtemps le goût de l’écriture manuscrite. D’une part parce que je ne suis pas particulièrement fan de mon écriture, d’autre part, parce que ma pensée s’est aussi informatisée avec le temps. Par là, je veux dire que je tape aussi vite que je pense (et vise versa) et que je ne cesse de me relire, de copier/coller, de reprendre, de développer ou au contraire d’alléger. Tout ce que j’écris, public ou privé, est donc bien une écriture spontanée mais revue et corrigée, parfois immédiatement, parfois plusieurs jours après le premier jet. Voilà Monsieur Lejeune, je suis un peu perfectionniste et le cahier à spirales n’est plus mon ami. Après votre brillant exposé, me voilà toute chagrine de savoir que ce que je vais gagner en style et en satisfaction de la copie bien propre et bien claire, je vais le perdre en spontanéité, en mise en page, en expression artistique. C’est sans compter que vous avouez être vous même un diariste informatisé. Sans-doute souffrons-nous du même désir de perfection ? Nous avons malheureusement peu de temps pour aborder l’univers d’internet et des blogs. Dans les blogs vous voyez un désir de séduire autrui et une cohérence et constance dans le temps. Le blog est pour vous un village, un hameau. D’après vous, internet est un immense champ de bataille où l’on enterre pas les morts. Rendez-vous pris pour une autre rencontre sur ce sujet qui mérite une conférence en soi.

Merci à Monsieur Philippe Lejeune, de nous avoir communiqué sa passion pour l’écriture intime et d’avoir rendu aux diaristes réguliers ou occasionnels que nous sommes, l’estime qui revient à ce genre, pas si mineur qu’il semble être.

En savoir +

APA (Association pour l’Autobiographie) : http://www.sitapa.org

Le site de Philippe Lejeune : http://www.autopacte.org/

Carnets Antonia Neyrins

Rencontre avec Antonia Neyrins le 12 avril 2008

Atelier Antonia Neyrins

Le 12 avril 2008, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre avec Antonia Neyrins organisée par la médiathèque de ma ville. Je dis la chance car d’une part, Antonia Neyrins est une artiste reconnue dans le milieu des carnettistes et d’autre part, le sujet intéressait visiblement beaucoup de lecteurs de la médiathèque. Les places, limitées pour préserver un côté intime à la rencontre, étaient donc très convoitées.

Plus qu’une simple conférence, il s’agissait en fait d’une présentation de l’œuvre d’Antonia qui est venue avec une bonne partie de sa collection de carnets. Elle a déjà publié de nombreux articles, un livre sur la méthodologie des carnets de voyages et fait partie du collectif « les carnettistes tributants » mais elle n’a pas (encore) publié ses propres carnets. Avoir la possibilité de les feuilleter était donc un grand privilège puisque nous avions à faire à des inédits.

Quelques petites choses évoquées durant cette rencontre.

Les écrits…
Elle évoque le problème de la confidentialité des écrits. Il y a les écrits anodins et ceux que l’on a pas envie de faire lire aux autres. L’intime se prête mal au regard des proches et encore moins à la publication. Je ne suis pas loin de penser pour ma part que le carnet est parfois une forme d’art-thérapie et du coup je comprends bien ce sentiment de garder ses carnets pour soi.

Trois sortes d’écrit :

– les écrits joints : poème, recette de cuisine, ticket de musée, etc…
– les écrits descriptifs : il faut veiller à ce qu’ils ne soient pas répétitifs par rapport à l’illustration,
– les écrits esthétiques : lorsque l’écrit devient un dessin ou prend la forme d’un tampon, d’une calligraphie.

Antonia recommande d’écrire sur le moment pour que l’intensité de ce qui est vécu reste. Elle n’hésite pas à reproduire les paroles ou les expressions des personnes qui l’entourent en voyage.

Le partage…
Elle évoque aussi le côté intergénérationnel et partage du carnet de voyage; ainsi elle n’hésite pas à demander à son entourage de participer à ses carnets (ses enfants dessinent, sa mère lui raconte son dernier voyage), lors de voyages, elle demandent aux personnes rencontrées d’écrire dans son carnet, lors d’ateliers avec les adolescents, elle organise une ronde des carnets où chaque participant laisse une trace dans le carnet de l’autre.

Vivant et imparfait…
Elle emploie une très large palettes de techniques (aquarelle ou crayons aquarélables, pastels, collage, empreintes) mais elle insère assez peu de photographies car elle privilégie l’instant présent et ne retravaille pas à domicile. Du coup, elle semble accepter très facilement le côté vivant et imparfait de l’objet : il peut être tâché, un dessin peut rester inachevé, une page peut être considérée à ses yeux comme moins réussie mais elle la conserve. Elle va jusqu’à utiliser un vieux manuscrit ou des livres anciens comme support de carnet de voyage, dans ce cas, dessins et collages se superposent harmonieusement au texte imprimé du support d’origine. Finalement je réalise qu’il ne faut surtout pas chercher à obtenir le carnet parfait, très contrôlé, très organisé en amont ou en aval, mais laisser libre court à son imagination de l’instant présent.

Toujours avoir un carnet à portée de main…
Afin de s’entraîner au jour le jour, elle a d’ailleurs toujours un carnet de sac à mains, sans sujet particulier sur lequel elle note ses idées et un carnet de musées qu’elle complète au fur et à mesure des expositions ou des musées qu’elle visite.

Quelques idées pour rythmer un carnet de voyage :
– y coller des emballages alimentaires par couleur,
– y coller le nom du pays visité découpé dans les journaux locaux,
– faire la palette des couleurs du pays visité,
– travailler autour d’une carte géographique.

Le carnet doit parler aux sens :
– la vue est certainement le sens qui coule de source;
– le toucher : des plumes, des écorces, des feuillage;
– l’audition : on peut fermer un carnet avec un petit grelot, quelques coquillages qui tinteront à chaque manipulation; Antonia a aussi utilisé dans un carnet une puce électronique (à l’origine destinée à enregistrer un message) qui enregistre l’ambiance du voyage;
– l’odeur : encens, épices, feuilles ou fleurs odorantes;
– le goût : rien trouvé mais chez Antonia la nourriture est très présente dans ses carnets et sous toutes ses formes (dessins, emballages alimentaires, noms de produits locaux, notes de restaurants).

Blog d’Antonia Neyrins, http://antonia-neyrins.blogspot.fr/, son blog permet de connaître son actualité et de se renseigner sur les voyages qu’elle organise.

Expo Musée de La Poste 2009

Exposition l’art du Carnet de Voyage de 1800 à nos jours

Exposition l’art du Carnet de Voyage de 1800 à nos jours au musée de la Poste à Paris du 20 avril au 12 septembre 2009

Expo Musée de La Poste 2009

L’expositions du Musée de La Poste présente plus de 40 artistes pour illustrer l’évolution du carnet de voyage de 1800 à nos jours.
Hier explorateurs, géographes ou scientifiques, aujourd’hui voyageurs, reporters, routard ou artistes, ils partagent l’envie de parcourir le monde, le besoin de sentir, de rencontrer, de témoigner…Leurs carnets relatent l’émotion spontanée de la découverte ou le moment d’un souvenir privilégié.
Que les carnets de voyage soient réalisés à l’autre bout du monde, au coin de la rue ou dans un hôpital, qu’ils prennent la forme d’un journal de bord, de carnets d’ethnologues, de planches naturalistes ou de carnets de peintre, ils permettent de découvrir toute la variété de ce mode d’expression, la diversité des styles et les thèmes parfois inattendus abordés par les auteurs. Leurs carnets ont tous en commun de restituer par la magie d’un dessin aquarellé, d’un simple croquis ou d’un enregistrement sonore le cheminement au cours duquel s’instaure un dialogue avec le monde.

Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard, Paris 15, métro Montparnasse Bienvenüe de 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés, http://www.museedelaposte.fr

Une expo qui se fait toute discrète dans le paysage parisien et pourtant elle vaut le déplacement. Il faut d’abord traverser les collections permanentes du musée de La Poste pour aboutir à plusieurs salles spacieuses aux grands panneaux façon carnets à spirales où sont affichés de très nombreux artistes carnettistes. L’intérêt de l’exposition ne réside pas tant dans la chronologie du mouvement qui on le sait est ancien, mais dans la diversité des expressions et des supports présentés. On peut y admirer de vrais carnets (qui sont dans des vitrines et que l’on ne peut malheureusement pas feuilleter) ou des planches (certaines sont peut-être les épreuves originales de livres édités ?). Plus de 40 artistes et plus de 350 pièces de collection.
De cette exposition si riche il est très difficile de trouver LE coup de cœur car chaque artiste apporte quelque chose au mouvement. Peut-être ai-je été plus sensible à : l’épaisseur de l’aventure au sens propre comme au figuré que l’on peut sentir même à travers les vitrines, avec notamment les carnets d’Anne Steinlein, les planches de Barroux sur le Pot au feu qui prouvent bien que l’on peut faire un carnet de voyage chez mamie, les planches de Noëlle Le Guillouzic sur l’oratoire de Saint-Guirec à Ploumanach (sacré Saint Guirec, il n’en fait qu’à sa tête et n’a pas toujours eu le nez fin mais on ne lui en voudra pas !) pour leur thème cher à mon cœur mais aussi pour ses petits bouts de souvenirs collés, la technologie numérique qui m’a permis de feuilleter du bout du doigt le journal de Paul Gauguin et tellement d’autres encore !


Gros bonus de l’exposition : une salle est consacrée à l’art postal ou mail-art avec une présentation d’un ensemble d’enveloppes et de cartes postales réalisées par Pierre Josse (rédacteur en chef des guides du Routard) au cours de ses nombreux périples. Quel veinard, quelle collection, quel talent !


Une exposition incontournable avant de partir en voyage pour se donner plein d’idées sur les futurs carnets à écrire.
Après ou avant l’expo, je ne peux que vous conseiller de déjeuner à l’Enclos du temps, 31 avenue du Maine, qui est un bistrot fort chaleureux qui propose de gargantuesques salades très fraîches et de faire une petite promenade dans le petit passage situé juste quelques mètres au dessus au niveau du 21 de l’avenue du Maine, un véritable havre de paix au pied de la tour Montparnasse.