Il y a quelque temps, j’ai été victime d’un plagiat sur un article que j’ai co-écrit et qui a été publié sur internet. Nous étions plusieurs co-auteurs et un éditeur concernés par ce plagiat.
Ironie du sort, ce plagiat s’est produit sur un article dont j’avais demandé une première version pendant l’été 2024 à un jeune stagiaire qui n’avait rien trouvé de mieux que de communiquer mes instructions à ChatGPT pour lui faire écrire l’article à sa place. L’article rendu par le stagiaire était long, argumenté, sans faute, mais brassait beaucoup de généralités commerciales à partir des sources d’intérêt que j’avais mentionnées. Il n’abordait pas vraiment la problématique demandée. Il m’a fallu moins d’une minute pour comprendre que l’article avait été écrit par ChatGPT à partir d’un prompt très basique, ce qu’il a avoué très vite.
J’ai préféré reprendre moi-même l’écriture de l’article depuis le début et nous l’avons finalisé à plusieurs. Il y a eu plusieurs échanges avec les co-auteurs pendant plusieurs semaines pour compléter l’article et l’enrichir des sources et de commentaires. Cela démontre encore une fois le pouvoir de l’intelligence collective et la capacité qu’ont les documentalistes à dénicher les bonnes sources.
L’article a été publié et diffusé sur internet en accès libre.
Plusieurs mois plus tard, un des co-auteurs a trouvé lors d’une veille juridique, un article en tout point similaire au notre reproduit sur un blog commercial.
Drôle de destin pour cet article qui avait failli être écrit par ChatGPT, avait finalement été écrit par plusieurs intelligences humaines, puis malheureusement absorbé par une IA générative et recraché presque à l’identique sur un blog tiers sans aucune mention de la source d’inspiration.
C’était très facile à diagnostiquer car :
- Le titre de l’article était très proche du titre d’origine, un titre original signature d’une chronique récurrente
- Le plan de l’article était quasiment le même. L’introduction qui comportait un élément distinctif (chiffre) utilisait le même élément distinctif non mis à jour alors que la copie intervenait plusieurs mois après la rédaction de l’article d’origine
- Les éléments de l’article étaient repris en grande partie
- Seuls 2 éléments nouveaux figuraient dans l’article copié dont 1 élément d’auto-promotion du blog du copieur
- La conclusion, absente de l’article d’origine, était très typique des conclusions générées par les LLM
Je publie ici ce retour d’expérience pour vous alerter sur les éléments qui nous ont amené à diagnostiquer un plagiat.
Parmi ces éléments, je dois ajouter l’usage du mot CRUCIAL dans l’article copié alors que ce mot ne figurait pas dans l’article d’origine.
Or ce mot fait partie de la liste des mots que l’on retrouve très régulièrement dans la prose ChatGPT.
Pour plus d’information sur ce point voir l’article : ChatGPT : quels sont les mots les plus utilisés par le chatbot ?, blog du modérateur, févier 2025 https://www.blogdumoderateur.com/chatgpt-mots-utilises-chatbot/
Moralité, quand vous rédigez avec Chat GPT, méfiez-vous de ces mots qui pourraient vous trahir ! Ou alors rédigez par vous-même, je vous assure c’est bon pour vos neurones !
J’ose espérer que ce cas est isolé mais j’ai bien peur que cela devienne de plus en plus commun avec les IAG. Il faut garder en tête que le risque réputationnel reste élevé en milieu professionnel et que cela peut suffire à dissuader les fraudeurs. Heureusement, l’affaire s’est bien terminée puisque l’auteur a reconnu l’inspiration et a crédité la source.
Il n’est pas interdit de s’aider de l’IAG pour écrire des articles, il suffit juste de le faire avec discernement. Certains auteurs que j’admire le font déjà pour l’idéation, la recherche de sources, la réécriture de passages, la relecture. Ils ont suffisamment d’idées et un style personnel pour que cela passe inaperçu et pour que le plaisir de les lire reste intact.
Pour identifier un plagiait, on pourra toujours utiliser un logiciel de détection de plagiat même si visiblement ils manquent tous de précision.
Dans le cas présent aucun logiciel n’a été utilisé car le plagiat était très facilement décelable. A noter, la pratique régulière de différents modèles de langage aide aussi à mieux reconnaître le style chat GPT.
Crédit image : YAHA
Publié le 23/09/2025, modifié le 23 septembre 2025