A l’occasion d’un mini séminaire de travail chez Doctrine.fr, j’ai eu la chance de rencontrer Romain Hazebroucq pour un cours d’initiation au legal design.
Je m’intéresse au sujet depuis plusieurs années mais les occasions de l’aborder restent rares et c’est toujours intéressant d’en entendre parler par un spécialiste.

Dans sa présentation, Romain a proposé d’adapter sa méthode de Design thinking en prenant l’exemple d’une newsletter. Tout le monde conçoit des newsletters, mais sont-elles bien lues ?

Dans cet article je reprends la méthode de Romain Hazebroucq pour l’appliquer à l’exemple des newsletters qu’il a évoqué en fil rouge de sa conférence.

Cette méthode est basée sur 5 piliers ou étapes.

1 . Le diagnostic client

Qui est mon lecteur ? un associé, un collaborateur, un stagiaire, un directeur juridique ?

Quel est son besoin par rapport à mon contenu ? Quelles sont ses contraintes ?

Un associé aura sans doute peu de temps à consacrer aux newsletters, il peut avoir besoin de visualiser rapidement les informations les plus importantes de l’actualité avant un rendez-vous client; on peut même imaginer une extraction des 5 points les plus importants à isoler (dans un encadré ?) en début de newsletter.

Un avocat/un stagiaire pourra prendre le temps de se pencher sur les détails techniques, soit sous forme de synthèse, soit sous forme de liens pour approfondir ses connaissances ou sa veille.

Quel est mon objectif ? Clairement que ma newsletter soit lue, voire partagée en interne.

Ai-je envie de suivre un parti pris ? Le parti pris pourrait être de faire une newsletter par type de lecteur ou groupe de practice.

2. La structuration de l’information

Pour structurer l’information, Romain conseille de faire des tableaux.

Dans notre cas on peut imaginer faire 4 colonnes

rubriques de la newsletter : à afficher gros caractères si possible dans un sommaire

titres des informations : à afficher en gras

résumés : à afficher en caractère moyen

détails techniques : à afficher en caractères discrets ou à renvoyer vers un lien qui pointe vers le contenu natif en texte intégral

3. Le langage clair

Le langage clair une technique d’écriture pour améliorer la lisibilité et la compréhension du document.

Le langage clair c’est une matière à elle seule.

Quelques exemples : utiliser la forme active, éviter les doubles négations, expliquer les abréviations, acronymes et sigles…

Dans son support Romain pointe vers ce document :

Guide des bonnes pratiques pour des documents administratifs clairs (2017)

https://ensemblesimplifions.be/sites/default/files/guide_lisibilite_documents.pdf

Attention, c’est un document belge avec des références administratives et juridiques belges mais le process (réfléchir – rédiger – réviser) est bon pour tous.

4. Le design visuel

La mise en page, les pictos et les schémas font partie du design visuel.

Les pictos et les illustrations ne sont utiles que pour souligner l’information. D’après Romain ce n’est pas une fin en soi.

On pourrait imaginer un picto pour identifier chaque thématique du droit ou typologie de source abordés dans la newsletter mais ce n’est pas une obligation.

On peut imaginer des illustrations pour ponctuer l’information mais là aussi ce n’est pas une fin en soi. Les illustrations peuvent aussi être détachées du sujet mais avec un esprit que l’on reconnait d’une newsletter sur l’autre. Je pense à l’excellente Newsletter Bip Bip News que je recommande régulièrement. Cette newsletter utilise des illustrations décalées mais néanmoins reconnaissables.

5. Le design de service

Permet de se poser la question du support le plus adapté à son client, choisir le document qui sert mon objectif.

Si vous pensez que vos lecteurs ont envie d’écouter votre newsletter plutôt que de la lire, vous pouvez envisager de la présenter sous forme de podcast. Cela nécessite forcément un investissement technologique mais il semblerait que cette tendance soit de plus en plus fréquente, y compris dans la presse quotidienne et que les logiciels de lecture de texte dopés à l’intelligence artificielle rendent l’automatisation du process fluide et agréable à l’oreille.

Un récent exemple mis en place par un éditeur : Le bref de 10h sur Lexis360 (podcast d’actualité juridique que l’on peut écouter ou télécharger – je pense que la voix est humaine).

En conclusion

Je souhaite revenir sur le guide belge évoqué dans l’étape 3.

Guide des bonnes pratiques pour des documents administratifs clairs (2017)

https://ensemblesimplifions.be/sites/default/files/guide_lisibilite_documents.pdf

Ce guide aborde le langage clair de manière très concrète sur plusieurs chapitres mais c’est aussi un formidable outil de compréhension des méthodes de legal design puisque les 5 étapes décrites ci-dessus y sont abordées sous le prisme des documents administratifs. Ce document (gratuit) me semble un très bon outil d’initiation à cette matière.

Pour en savoir plus sur Romain Hazebroucq

Merci à lui pour cette présentation claire, dynamique avec beaucoup de remises en cause des idées reçues.

Merci à doctrine.fr pour l’invitation.

https://rhvisuels.fr/

https://www.linkedin.com/in/romain-hazebroucq-11179880/

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Publié le 16/11/2022