Être avocat ou juriste ce n’est pas que travailler sur les sources du droit.
Il faut aussi tenir compte de l’environnement politico-juridico-financier dans lequel nous évoluons et dans lequel vos clients évoluent.

Les solutions gratuites

J’ai souvent coutume de dire que faire sa veille professionnelle commence très tôt le matin, en prenant son petit-déjeuner et en écoutant la radio. Par radio, j’entends chaîne nationale d’information et non radio musicale.

Avec peu de moyens (financiers), il est possible de faire de la veille presse via Google actualités https://news.google.com/.

Pour poser des alertes sur Google, il faut disposer d’une adresse Gmail en passant par https://www.google.com/alerts.

On peut poser des alertes sur un nom de client, le nom de son cabinet, son propre nom ou via une équation de recherche.

Attention toutefois, cette veille actualité est loin d’être exhaustive. En effet, Google est bien connu pour présenter des biais (votre localisation, votre langue, vos centres d’intérêts connus) ; par ailleurs ne sont accessibles via Google que les articles en accès gratuit, ce qui limite considérablement les sources.
Si l’on schématise rapidement, le contenu de qualité des sources de presse est réservé aux abonnés (normal, ils payent pour cela), tandis que l’on retrouve sur Google actualités des brèves, des articles de moindre importance ou une sélection d’articles gratuits (parfois sur une durée limitée ou en nombre limité) pour attirer le lecteur et l’inciter à s’abonner.

Les solutions payantes

Lire la presse économique (Les Echos, Le Monde, Le Figaro, Financial Times, Médiapart, Le Canard Enchaîné…) me semble une base indispensable pour un juriste d’affaires ou un pénaliste.

Les avantages d’un abonnement à un titre de presse :

Si l’on a la possibilité (mais c’est une solution coûteuse qui s’ajoutera à un ou plusieurs abonnement(s) presse), il est recommandé d’avoir un abonnement à un agrégateur de presse. On en trouve souvent dans les services communication/BD ou dans les services Documentation.

Qu’est-ce qu’un agrégateur de presse ?

Définition inspirée par l’article cité ci-dessous.

« Un agrégateur fournit à ses clients un outil clé en main leur permettant de suivre quotidiennement, voire en temps réel, le traitement journalistique des sujets qu’ils surveillent.

L’agrégateur, qui a négocié des contrats de droits d’auteur avec les éditeurs, propose à ses clients sur une seule et même plateforme des contenus issus de la presse écrite quel que soit son support, mais aussi de la radio, de la télévision, de sites internet, de blogs, des réseaux sociaux et même d’études ou de rapports.

Six prestataires se partagent aujourd’hui le marché français de l’agrégation presse : Cision (avec L’Argus de la presse et Europresse), Dow Jones (avec Factiva), Edd (avec Press’edd), Kantar Media (avec Pickanews) et enfin LexisNexis Bis (avec ses trois offres : Nexis Uni, Nexis et Newsdesk).”

Veille : quel agrégateur de presse choisir en 2019 ? par Clémence Jost in Archimag

https://www.archimag.com/veille-documentation/2019/04/08/veille-quel-agregateur-presse-choisir-2019

Avantages d’un agrégateur de presse

Le temps de l’analyse presse n’est pas celui de l’analyse juridique

L’analyse presse est beaucoup plus rapide. La presse produit des centaines d’articles par jour du même sujet, chaque article pouvant être revu et modifié en temps réel. Ces articles sont parfois difficiles à retrouver car ils sont modifiés au fil de l’eau. Sur une grande réforme législative impactant la vie des affaires, on aura accès à des commentaires beaucoup plus rapidement via la presse économique.

C’était le cas par exemple pendant les débats de la loi dite Florange du 29 mars 2014. Introduite comme proposition de loi en mai 2013, elle a été votée en mars 2014. Entre temps, elle a fait couler beaucoup d’encre dans la presse économique alors que la presse juridique s’est surtout emparée d’elle après son vote. Il en est ainsi de presque toutes les réformes qui ont un impact sur la vie des affaires.

Faire de la veille sur Twitter peut aussi aider pour détecter l’information dite à « signaux faibles ». L’information y circule très vite, souvent sous forme de scoops. Par ailleurs, on rencontre beaucoup de journalistes sur Twitter ce qui permet de nouer d’éventuels partenariat presse.

Pour conclure

je souhaite revenir sur la newsletter BipBipNews.

Je la conseille souvent car elle balaye une fois par semaine l’actualité du droit des affaires en 2 minutes avec justement cet angle politico-juridico-financier qui la rend particulièrement pertinente pour des juristes et des avocats submergés d’informations, le tout avec un ton décalé qui fait du bien.
C’est un très beau produit documentaire GRATUIT, un modèle pour moi (j’aurais rêvé l’inventer !).
Il faut souligner que cette newsletter hebdomadaire ne vient pas d’une maison d’édition ou d’un organe de presse mais d’une société d’avocats et de juristes.
C’est l’exemple parfait de l’expérience utilisateur réussie : le produit conçu par des juristes qui parle aux juristes.

https://www.bipbipnews.com/

Si vous aussi vous avez un site préféré pour la veille actualité, vous pouvez le partager dans les commentaires. Merci !

Mise à jour de l’article

Article initialement publié le 5 mars 2021. Mis à jour le 1er septembre 2022.

Cet article est cité dans l’article de Maxime Maght Banquiers d’affaires : comment lire utilement la presse paru dans la Revue Banque n° 871 de septembre 2022, pp. 66-67 (sur abonnement). Cet article bien que destinés aux banquiers d’affaires pourrait parfaitement s’appliquer aux avocats d’affaires. J’aime bien l’idée que Maxime recommande aux banquiers d’affaires de ne pas uniquement se fier aux produits documentaires de veille proposés en interne mais de faire leur propre sélection de sources ou comment s’écarter du chemin tout tracé pour développer sa curiosité et faire jouer la sérendipité !

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Publié le 01/09/2022