Fin 2024, j’ai écrit un article sur les critères de choix des bases de données documentaires et notamment des solutions IA : https://www.serendipidoc.fr/les-outils-dia-juridiques-a-lheure-des-comparaisons/
Dans cet article, pour faire le tri, j’essayais de compartimenter d’un côté les outils documentaires, de l’autre côté les outils de productivité. C’était beaucoup plus simple ainsi, la recherche augmentée sur un fonds documentaire de qualité d’un côté avec les éditeurs juridiques ou les legaltechs, les solutions liées aux documents internes d’un autre côté avec des solutions de productivité comme Harvey, Henchman, Copilot par exemple.

Au moment même où je l’écrivais ce n’était déjà plus vrai.

Les barrières entre outils documentaires et outils de productivité s’effacent.

Dans cet article des Echos du 17 décembre 2024, l’éditeur Lefebvre Dalloz annonce même qu’il va passer d’un métier d’éditeur juridique à celui d’une entreprise de service.

Le champion de l’édition juridique Lefebvre Dalloz se transforme avec l’IA par Nicolas Richaud

« En s’appuyant sur l’intelligence artificielle générative et son catalogue de contenus, le groupe veut passer d’un modèle économique d’éditeur juridique à celui d’une entreprise de services à valeur ajoutée. Pour marquer cette nouvelle ère, la société change de nom et de gouvernance. En concurrence avec des groupes comme LexisNexis, Karnov ou Wolters Kluwer, l’éditeur français s’est développé par acquisitions, dont le rachat de Dalloz en 2005. »

Source : Les Echos, Publié le 17 déc. 2024 à 10:30Mis à jour le 17 déc. 2024 à 11:16, sur abonnement

https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/le-champion-de-ledition-juridique-lefebvre-dalloz-se-transforme-avec-lia-generative-2138171

Les éditeurs ne s’intéressent plus seulement aux recherches documentaires, ils s’intéressent désormais aux contenus internes des cabinets.

Ces dernières années plusieurs éditeurs ont d’ailleurs racheté des startups en vue de cette mutation par exemple Lexis avec Closd (plateforme de gestion de projets juridiques et data room) ou Henchman (contract drafting and negotiating workflow).

D’autres ont lié des partenariats avec des solutions de productivité en intégrant Deepl Pro (pour la traduction) dans leur solution (Predictice). Le fait de pouvoir lier la solution GED iManage (GED pour les cabinets d’avocats) avec une IA générative afin de ne pas avoir à uploader les documents est aussi un critère déterminant pour certaines structures (cf. Predictice).

D’autres enfin innovent en proposant un outil de de productivité pour les dossiers contentieux, cf. Doctrine.fr avec son module Doctrine flow.

Problème : les documentalistes et les avocats aiment la diversité des sources. Or les coûts des développements IA sont tellement colossaux que les coûts des offres qui intègrent l’IA atteignent des montants stratosphériques. Pour les grosses structures, il ne sera pas possible d’investir plusieurs milliers d’euros supplémentaires chez chaque éditeur afin de bénéficier de l’intégralité de sa solution IA tout en maintenant la diversité des sources documentaires.

Par ailleurs de nombreuses structures sont frileuses à l’idée soit d’uploader des documents internes, soit de brancher l’IA générative directement sur la GED ou sur la base SharePoint de la structure. Dans ce contexte, chaque fournisseur y va de son certificat, de sa norme ISO de sécurité pour rassurer les clients. Sur ce point, il y a encore beaucoup de réticence selon le type de structure et l’organisation de la DSI. Voir à ce sujet un article publié postérieurement IAG et sécurité des données : les politiques des éditeurs (janvier 2025).

Heureusement nous sommes aidés dans nos choix !

A l’occasion des Rencontres Avec organisées par Juriconnexion le 4 décembre 2024, clients ou prescripteurs de bases de données juridiques ont eu la chance de pouvoir comparer pas moins de 7 solutions qui intègrent l’IAG sur un même plateau. L’attitude constructive des éditeurs et legaltechs en amont, pendant et après la manifestation démontre combien cette présentation croisée a été importante pour eux ainsi que pour leurs clients.

L’année 2025 sera donc à nouveau riche en rebondissements du côté de l’IA juridique. C’est une chance inouïe d’être professionnel de l’information dans cette période.

Serendipidoc souhaite à tous ses lecteurs des projets enrichissants en 2025, avec ou sans IA car l’IA ne remplace pas l’expertise de recherche accumulée auprès des professionnels. Les fondamentaux de la recherche restent important dans un milieu encore assez conservateur dans ses pratiques de recherche.

Les documentalistes juridiques seront plus que jamais sollicité-e-s pour transmettre les bases de la recherche et de la veille juridique et pour être les têtes chercheuses des dernières innovations intégrant l’intelligence artificielle générative. Dans ce blog, il y aura toujours une place pour les fondamentaux de la recherche et la veille juridique (car c’est mon quotidien) et une place pour l’innovation (car c’est devenu aussi mon quotidien).

Bonnes fêtes de fin d’année ! Rendez-vous en 2025 pour de nouveaux articles écrits 100% jus de cerveau !

Crédit photos : motifs d’un foulard vintage personnel; pas de photo générée par l’IA ici, je déteste ça.

Publié le 18/12/2024, modifié le 14 janvier 2025