Aimer lire, une passion à partager par Emmanuel Pierrat
Aimer lire, une passion à partager par Emmanuel Pierrat, Editions du Mesnil, 2012
J’avais déjà lu le livre du bibliophile Jacques Bonnet, Des Bibliothèques pleines de fantômes et celui d’Annie François, Bouquiner, autobiobibliographie je les ai trouvé tous les deux savoureux et savants mais celui d’Emmanuel Pierrat présente l’avantage d’avoir été édité en 2012 et d’être à jour des problématiques liées au numérique.
L’auteur cumule les casquettes d’avocat, d’essayiste, de romancier, d’éditeur. Il aurait pu être libraire ou bibliothécaire.
La simple évocation des chapitres vous fera comprendre à quel point cet ouvrage parle à tous les amoureux des livres.
- Lire n’est pas une passion anodine ou Aimer lire des livres
- Le livre doit vivre à l’unisson de son propriétaire ou Aimer les livres
- « Ce qui m’importe ce n’est pas de lire mais de relire » ou Aimer relire
- « J’ai été élevé par une bibliothèque » ou Aimer les bibliothèques
- Quel meilleur endroit pour rêver que la librairie ou Aimer les librairies
- Du gueuloir de Flaubert à Lucchini ou Aimer lire à haute voix
- Offrir un livre n’est jamais banal ou Aimer partager ses lectures
- Etre bibliophile ou Aimer les livres anciens
- Derrière chaque livre se cache un homme ou une femme ou Aimer les écrivains
- Aimer lire donne le goût d’écrire ou Aimer écrire
Joli programme, non !?
Extraits du livre Aimer lire :
Une expérience déjà vécue pour moi aussi, notamment au moment de visites immobilières. Visiter des biens immobiliers sans aucun livre, sans magazines et se dire mais comment font ces gens ?
Je ne connais rien de pire que d’être invité à dîner par des gens, et de se retrouver chez eux pour découvrir que leur intérieur ne compte pas un seul livre – l’expérience m’est arrivée à quelques reprises et croyez-moi, ce fut à chaque fois un grand moment de solitude. Que pourrais-je avoir en commun avec mes hôtes ? De quoi réussirions-nous à parler ? Qu’on ne se méprenne pas : je peux parfaitement passer un dîner sans évoquer mes lectures, ni interroger celles des autres, en revanche j’ai la plus grande difficulté à entrer en résonance avec des personnes qui n’ont pas fait ne serait-ce qu’une petite place aux livres dans leur vie. C’est ainsi. (pp. 31-32)
Au sujet de la librairie Detrad, de son libraire Robert Klein et de la sérendipité qui n’est pas nommée ici :
Ses livres, il les a classés par univers : les symboliques antiques, les rites maçonniques, les grades, etc. Le chaland s’y repère vite. Mais s’il vient chercher un livre en particulier, il devra d’abord fureter à l’intérieur de l’univers concerné, avant de sûrement trouver son bonheur, et plus sûrement encore d’être accroché par un titre dont il ignorait l’existence. Et le voilà engagé dans un nouveau vagabondage…Accessoirement, il repartira en ayant acheté deux livres au lieu d’un. (p. 70)
Sur le fait de partager ses lectures et pour la beauté de l’écriture d’Emmanuel Pierrat
La lecture, je l’ai dit au premier chapitre est un plaisir éminemment solitaire. Mais les félicités de l’onanisme n’ont jamais empêché de goûter les joies de l’échangisme. C’est même consubstantiel à l’amour de la lecture que d’aimer partager ses lectures. Les amoureux tout court et les sauveteurs diplômés pratiquent le bouche-à-bouche. Les amoureux des livres sont des grands adeptes du bouche-à-oreille. Quand un livre les emballe, ils sont capables d’en faire un best-seller sans le moindre soutien médiatique. (p. 98)
La collectionnite par Emmanual Pierrat, Le Passage, 2011
Une lecture conduisant à une autre, j’ai aussi lu du même auteur (son petit traité) La collectionnite où il évoque à nouveau sa bibliophilie mais pas que.
S’ils n’étaient pas d’éditeurs différents, les deux ouvrages pourraient très bien être réédités dans un même coffret tant ils sont complémentaires. Ecrire avec un si jolie plume et avec autant d’humour sur ses propres obsessions à quelque chose de très touchant.
Extrait :
La collectionnite conduit en revanche à se rendre sans cesse chez l’encadreur, le socleur, voire le relieur ou encore le bibliopyxidiste (qui confectionne sur mesure d’élégantes boîtes destinées à abriter des livres ou des autographes). Le bibliophile stocke de larges feuilles de papier cristal, seul à même de protéger ses biens des rayons du soleil. (p. 92)
Très belles chroniques des deux ouvrages sur le site Collectiona, Fondation pour l’étude et le développement des collections d’art et de culture
http://www.collectiana.org/aimer-lire-une-passion-a-partager-emmanuel-pierrat.html
http://www.collectiana.org/la-collectionnite-selon-emmanuel-pierrat-une-passion-devorante.html
Il y a dans la collectionnite et dans l’amour des livres de nombreux points communs.
Chacun s’y reconnaîtra !
Publié le 31/08/2016, modifié le 21 mars 2017
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