Sylvie Catellin. - Sérendipité, du conte au concept . – Paris : Seuil, 2014. - (Science ouverte). – 264 p. ISBN 978-2021136821

Retour sur Sérendipité, du conte au concept par Sylvie Catellin

Un samedi matin, dans la librairie de ma ville (de banlieue parisienne), je suis tombée sur l’ouvrage suivant :

Sylvie Catellin. – Sérendipité, du conte au concept . – Paris : Seuil, 2014. – (Science ouverte). – 264 p. ISBN 978-2021136821

http://www.seuil.com/livre-9782021136821.htm

Sylvie Catellin. - Sérendipité, du conte au concept . – Paris : Seuil, 2014. - (Science ouverte). – 264 p. ISBN 978-2021136821

J’ai été attirée par l’ouvrage parce que je connaissais le terme. A vrai dire, j’étais surprise de le voir exposé parmi les nouveautés. C’était bien la preuve que ce libraire avait de la ressource et d’autres choses à nous proposer que les best-sellers de l’année. Je n’en doutais pas, c’est d’ailleurs pour cela que je le fréquente, mais ça m’a fait plaisir de le vérifier à cette occasion. Rien ne vaut le travail de sélection des libraires, un peu d’encouragement pour cette profession en passant. Il faut dire que ce libraire là serait le grand spécialiste du concept. Si je n’ai pas acheté l’ouvrage en passant ce samedi matin de mai 2014, le Père Noël, qui connait bien mes goûts, s’en est chargé pour Noël 2014. Qu’il en soit remercié !

Au libraire avec qui j’ai échangé longuement sur le sujet et qui m’a « vendu » ce livre comme étant le meilleur qu’il avait lu sur ce concept et le plus didactique, je dirais qu’il est un bon commerçant ! Pour être complètement honnête, j’ai eu du mal à le lire. Ce n’est pas vraiment le genre d’ouvrage qui vous détend après une rude journée de recherches juridiques complexes, même si l’on s’intéresse au mot.

  • Grâce au premier chapitre : « A l’origine du mot sérendipité : un motif fictionnel millénaire », je connais mieux le conte persan et sais mieux l’expliquer.
  • Le chapitre deux : « Interpréter les indices : science, littérature et réflexivité » m’a un peu perdue je dois dire mais il a eu le mérite de faire le lien entre sérendipité et littérature policière.
  • Le chapitre trois : « Le rôle du hasard dans la découverte scientifique« , m’a passionnée, contre toute attente, moi qui n’ai pas du tout l’esprit scientifique. C’est sans doute le chapitre où les applications de la sérendipité dans le domaine de la recherche scientifique sont les plus palpables et concrètes.
  • Le chapitre quatre : « Programmer l’inattendu : cybernétique et sérendipité » est celui qui concerne le plus le professionnel de l’information du fait de l’étude du concept depuis l’arrivée d’internet.
  • Dans la conclusion : « Du symptôme au concept : pour une politique créative de la recherche », l’auteur revient sur la recherche scientifique.

Quelques citations

Honoré de Balzac : « Les niais appellent ces foudroiements de la pensée un hasard, sans songer que le hasard ne visite jamais les sots », Théorie de la démarche, 1833

Charles Nicolle : « Le hasard ne sert que ceux qui savent le capter », Biologie de l’invention, 1932

« En fait, ce n’est jamais par simple hasard que l’on fait des découvertes, même celles qui consistent, en chinant dans une brocante, à trouver l’objet rare ou inattendu. Les connaisseurs, chercheurs de livres anciens ou d’objets d’art, bibliophiles ou antiquaires, sont capables de repérer immédiatement, sur plusieurs mètres carrés d’exposition, l’endroit précis où ils sont susceptibles de trouver quelque chose d’intéressant. L’œil est exercé, les connexions se font automatiquement. (p. 132) » [Celle-ci elle me parle !]

« L’appréhension d’un fait inattendu suppose au moins la réceptivité à l’inattendu et la décision d’y prêter méthodiquement attention. Par sa morphologie, le mot serendipity confirme d’ailleurs cette acceptation. Le suffixe « -ity » est en effet le seul en anglais avec « -ness » à signifier une qualité en même temps qu’un pouvoir. (p. 133) »

Quelques définitions (autres citations)

Horace Walpole (écrivain anglais, lettre du 28 janvier 1754) : « découvrir, par hasard et sagacité, des choses que l’on ne cherchait pas » (p. 21)

Walter B. Cannon (physiologiste et professeur à la faculté de médecine de Harvard, 1871-1945) : « c’est la faculté ou la chance de trouver la preuve de ses idées de manière inattendue, ou bien de découvrir avec surprise de nouveaux objets ou relations sans les avoir cherchés ; les germes des grandes découvertes flottent constamment autour de nous, mais ils ne prennent racine que dans des esprits bien préparés à les recevoir (p. 127) »

Voir aussi les cinq définitions de la sérendipité (1952-1987) page 177.

« Pour les bibliophiles, c’est notamment le phénomène maintes et maintes fois observé qui consiste à chercher un ouvrage sur les rayonnages de bibliothèque et à trouver son bonheur en feuilletant le livre à côté de l’ouvrage recherché. [Si l’on remplace bibliothèque par librairie, je comprends pourquoi mon libraire adhère au concept, c’est moi qui souligne]. Pour les internautes naviguant sur la Toile, un siècle plus tard, c’est la découverte de liens inattendus ou incongrus menant à l’information recherchée, ou bien celle des vertus d’une curiosité attentive permettant d’ouvrir en chemin les portes vers de précieuses trouvailles (p. 195). »

« A l’instar de l’anglais serendipity, le mot français sérendipité a donc pris deux acceptations divergentes : une acceptation courante mais appauvrie (la découverte par hasard) dont témoignent les usages commerciaux ou publicitaires du terme, et une acceptation savante (l’art de découvrir en prêtant attention à l’inattendu et en l’interprétant), qui implique une réflexivité et une créativité (p. 199) »

Conclusion

Je suis contente de l’avoir lu et j’en tire même une certaine satisfaction. Finalement, c’est un livre qui s’adresse à tous : littéraires, scientifiques, curieux. Il suffit d’avoir la motivation pour suivre.

Si comme l’auteur vous pensez que « ce savoir ancestral est un savoir d’avenir« , ce livre est fait pour vous.

Je remercie l’auteur, le libraire et le Père Noël d’avoir élevé mon esprit le temps de cette lecture.

Je profite de cette conclusion pour souhaiter aux lecteurs de ce blog d’agréables découvertes sérendipiennes (et oui c’est l’adjectif !) ici ou ailleurs.
Attention, le processus a sans doute déjà commencé à l’insu de votre plein gré !

Publié le 26/02/2015, modifié le 23 mars 2017

0 réponses

Trackbacks (rétroliens) & Pingbacks

  1. […] dans son émission du 8 mars 2015. Si vous voulez en savoir plus sur le terme, sans pour autant lire un traité entier sur le sujet (je peux comprendre car ce n’est pas forcément simple !), retrouvez le podcast de […]

  2. […] J’ai été attirée par l’ouvrage parce que je connaissais le terme. A vrai dire, j’étais surprise de le voir exposé parmi les nouveautés. C’était bien la preuve que ce libraire avait de la ressource et d’autres choses à nous proposer que les best-sellers de l’année. Je n’en doutais pas, c’est d’ailleurs pour cela que je le fréquente, mais ça m’a fait plaisir de le vérifier à cette occasion. Rien ne vaut le travail de sélection des libraires, un peu d’encouragement pour cette profession en passant. Il faut dire que ce libraire là serait le grand spécialiste du concept. Si je n’ai pas acheté l’ouvrage en passant ce samedi matin de mai 2014, le Père Noël, qui connait bien mes goûts, s’en est chargé pour Noël 2014. Qu’il en soit remercié ! Voir ma chronique sur ce livre. […]

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *