Salle de lecture et compactus

Le 16 mai 2023, j’ai eu la chance de pouvoir visiter la bibliothèque juridique de l’éditeur LexisNexis. C’est une bibliothèque juridique « à l’ancienne » dans des locaux qui sont les mêmes depuis une trentaine d’années. Impressionnant de voir toutes les sources papier disponibles pour une entreprise privée à l’heure des bureaux «paperless» ou des déménagements réguliers qui font disparaitre les bibliothèques de consultation et leurs archives.

J’ai été accueillie par Lise Rosière, Thomas Pison et Lydie Ndome.
C’est Lise Rosière qui a eu la charge de reprendre la bibliothèque de Lexis après le départ à la retraite d’Anne-Françoise Bidault.
Le lien vers son interview sur ce blog

Une lourde responsabilité qu’elle a relevé avec ténacité et efficacité en apportant sa propre touche. Ainsi elle dispose d’un espace bibliothèque sur l’intranet Sharepoint de l’entreprise nommé « centre de documentation » où elle publie une veille juridique à destination des rédactions.

La bibliothèque Lexis : le paradis du juriste papivore !

Le service

Elle est ouverte pour les rédactions de l’éditeur et les auteurs de la maison.
La bibliothèque dispose de très nombreuses places de lecture (une quarantaine) réservées aux utilisateurs.


Indirectement, la bibliothèque sert aussi les clients Lexis. En effet, Lise est en charge de répondre aux nombreuses demandes des clients LNF sur des recherches de références anciennes ou récentes, demandes qui lui sont transmises soient par les clients directement ou par le service « client » par mails.

Le fonds documentaire

La bibliothèque contient toutes les publications du groupe (collections à base de feuillets, ouvrages et revues) mais aussi les publications majeures des autres éditeurs.
Lexis Nexis possède toutes ses revues depuis le numéro 1.
Toutes les revues « maison » se trouvent au sein de la bibliothèque (les plus anciens numéros sont reliés par année et les plus récentes en usage « libre » sur tourniquet).


La Bibliothèque compte environ 800 ouvrages.
Les ouvrages « maison » se trouvent au sein de la bibliothèque en grande majorité. Lise reçoit un exemplaire pour la bibliothèque et un exemplaire pour le dépôt légal auprès de la BNF. Ouvrages à consulter sur place, non empruntables 😊 !!
La bibliothèque possède également les arrêts de la « Cour de cassation » reliés, les arrêts de la cour d’Etat (Lebon), de nombreux mélanges, des thèses, des ouvrages anciens et quelques récents acheté grâce à une ligne budgétaire dédiée.
Tous les codes bleus LNF se trouvent à la bibliothèque en consultation libre sur étagère. Lise conserve malgré tout, tous les anciens codes des années précédentes.


La bibliothèque conserve également quelques revues emblématiques d’autres éditeurs également depuis leur numéro 1 (Sirey, Recueil Dalloz, Lamy, Lefebvre). Environ une quarantaine de revues mensuelles et hebdomadaires.
Enfin la bibliothèque souscrit aussi des abonnements à des journaux « presse ». Ces abonnements sont en grosse majorité « papier » mais aussi quelques-uns « couplé » papier+online. Une vingtaine d’abonnements online.


Le tout est rangé dans des armoires COMPACTUS, une espèce également en voie de disparition. Ce sont des armoires sur rails que l’on déplace à l’aide d’une imposante manivelle pour les faire coulisser et dévoiler leur contenu.

L’association CARES

Lorsque Lise reçoit les nouvelles éditions, certains salariés de LNF font le tri et donnent les ouvrages et codes dans années précédentes qu’elle met en carton. Ces mêmes cartons sont récupérés par des associations caritatives (CARES).
RE Cares, un programme communautaire du groupe Relx auquel LexisNexis appartient, apporte chaque année son soutien à différentes associations choisies par ses salariés et encourage le bénévolat au sein de l’entreprise.
Dans le cadre de ce programme, la collecte menée par Lise Rosière auprès des équipes éditoriales a permis l’envoi de plusieurs centaines de livres et revues des éditions antérieures à des universités étrangères en difficulté pour participer ainsi à la constitution de leurs bibliothèques Université Cheikh Anta DIOP à Dakar et l’IEJJ du Cambodge.

La machine à micro-fiches, la nostalgie des années 80

C’est une vraie curiosité documentaire. Sans doute l’un des derniers exemplaires de ce genre dans une bibliothèque privée parisienne.
Lors d’une recherche début 2023, j’ai longuement échangé avec Lise Rosière la documentaliste au sujet de cette machine. Cette machine, vieille d’au moins 40 ans, a été mon point d’entrée chez Lexis ! Étonnant ! J’ai le goût des vieilleries et un tempérament parfois nostalgique ; il y a donc une certaine logique dans ce mini-reportage.
J’ai le souvenir de recherches assez pénibles sur le même type de machine au Journal Officiel rue Desaix dans les années 90. Si ma mémoire est bonne le/la documentaliste vous installait sur la machine à l’endroit des textes recherchés, charge à vous de prendre des notes ou de demander des copies écran en fonction de votre recherche.
C’était fastidieux et long. Le seul avantage de l’opération était que le Journal Officiel se trouvait non loin d’une boulangerie Poilâne que j’ai souvenir d’avoir fréquentée pour y trouver le nécessaire réconfort post recherche.


La machine permet de lire des microfiches et des cassettes.
Les microfiches pour les textes officiels (rare) ; les cassettes pour la jurisprudence ancienne du fonds juris-data qui ne serait pas forcément reproduite en texte intégral sur la base LexisNexis.


Elle fonctionne en plaquant une microfiche sur la vitre ou en insérant une cassette qui doit s’amorcer dans la machine ce qui n’est pas toujours simple ! Ensuite Lise procède à une copie de l’écran, page par page ; cette copie est enregistrée sur un ordinateur raccordé à la machine puis transmise par email au demandeur.


La manipulation est assez complexe car c’est une machine ancienne et Lise a dû apprendre à s’en servir seule. Elle en est d’ailleurs la seule utilisatrice.
A proximité de la machine se trouvent les microfiches des JO AN et Sénat et les cassettes des Cour d’appel pour la jurisprudence à partir du début des années 80.
Lise traite une dizaine de demandes d’accès à des documents sur microfilm par mois environ.

De l’évolution des technologies de recherche documentaires

Pour cette visite je me suis concentrée sur toute la partie visible et historique de la bibliothèque ; bien évidement il y a la base LexisNexis en elle-même. Elle n’a pas été évoquée pendant la visite.
Je ne montre dans cet article que l’aspect traditionnel d’une bibliothèque juridique. La recherche numérique, tout le monde prétend la connaître (à tort parfois) mais la recherche papier c’est une autre affaire ; quant à la recherche dans les COMPACTUS, sur micro-fiches et sur minitel, c’est une période que j’ai connu au début de ma carrière. Je n’en suis pas spécialement nostalgique car comme tout un chacun j’apprécie le progrès et la rapidité qui va avec. En revanche j’y pense souvent et je mesure la chance d’avoir connu par mon métier l’évolution technologique de la recherche juridique tout en travaillant sur une matière juridique qui elle-même évolue tous les jours.


Du dossier de presse colle/papier/ciseaux rangés dans les COMPACTUS du Journal les Echos (un de mes stages d’été), des microfiches de la rue Desaix, du minitel de mes première années aux robots conversationnels : il s’en est passé des choses et ce n’est pas fini !


Je remercie Lise et l’équipe Lexis pour leur accueil et pour leur enthousiasme à partager une partie de l’histoire de la doc juridique avec moi.

Photos personnelles.

En savoir plus :
Une récente interview de l’éditeur (15 mai 2023) : https://decideurs-juridiques.com/strategie-juridiques/55388-le-temps-c-est-la-clef.html

Publié le 14/06/2023, modifié le 14 juin 2023