Livres, crédit Albert Grégo

Quand le documentaliste se fait chargé de veille sur du contenu numérique marchand

Par Albert Grégo

Vous connaissez tous les sites de petites annonces gratuites entre particuliers qui se dénombrent par dizaine dont les plus connus sont Leboncoin, Mondebarras, Vivastreet. Il vous est arrivé sans doute de les utiliser pour chercher un objet ou pour vous débarrasser de ce que vous ne souhaitez plus garder.

Ce que vous savez moins c’est qu’en insérant des petites annonces de ce type sur internet, vous devenez producteurs d’un contenu numérique bien singulier que nous qualifions de « contenu marchand ».

Livres, crédit Albert Grégo

 

Comment définir un contenu marchand ?

Le « contenu marchand » porte sur de la marchandise physique qui fait l’objet d’une mise en vente sur internet exclusivement via des sites de petites annonces entre particuliers.  Nous différencions ce type de contenu de celui qui existe sur les sites de e-commerce ou les placemarkets (ebay, Amazon, Priceminister, Fnac).

Ce contenu a pour particularité d’être :

Abondant : plus de 15 millions de petites annonces mises en ligne sur le seul site internet Leboncoin ;

Ephémère : D’une durée limitée, soit par choix du site hébergeant l’annonce (ex : Leboncoin publie des annonces pour une durée de 60 jours renouvelable non automatiquement) ou soit parce que le produit mis en vente a trouvé rapidement preneur. Contrairement  aux placemarkets où l’annonce postée a une durée de publication illimitée : tant que le produit n’est pas vendu, l’annonce reste consultable.

Rédigé dans un langage naturel : La personne qui rédige une annonce le fait dans son propre langage (autrement dit dans un langage naturel). L’utilisation de ce langage libre engendre un certain nombre d’ambiguïtés due à la synonymie (rapport de similarité sémantique entre des mots ou des expressions d’une même langue) et à la polysémie (caractéristique d’un mot ou d’une expression qui a plusieurs sens ou significations différentes). Un langage non contrôlé laisse au créateur une totale liberté dans la rédaction de l’annonce, provoquant des omissions dans la description de l’objet, des fautes d’orthographe etc… Cette particularité ne se retrouve pas dans les annonces publiées sur les placemarkets du fait de l’utilisation d’un langage contrôlé avec des champs à compléter ou pré-remplis contenant des informations sur le produit. Pour un livre : l’auteur, l’éditeur, la  langue, la date de parution, la dimension, la catégorie voire la sous-catégorie, sont renseignés. Pour un smartphone, sur Amazon, il est demandé de préciser le type d’étanchéité.

DVD, crédit Albert Grégo

A qui profite ce contenu marchand ?

A côté du simple particulier à la recherche d’un objet pour son plaisir, de nombreux professionnels ont trouvé un intérêt économique à ce contenu marchand. Il s’est développé une pratique consistant à acheter sur internet pour revendre sur des sites de e-commerce ou les placemarkets. C’est une opportunité pour les commerçants d’obtenir du stock à moindre coût par rapport à ce que proposent les grossistes et autres sociétés spécialisées dans la solderie de produits.

Cependant, n’ayant pas une appétence pour la recherche sur la toile et la technique pour optimiser leurs recherches, ils ne trouvent pas forcément sur internet les produits qu’ils convoitent. Ils abandonnent après avoir lancé deux à trois requêtes sans aller plus loin.

La nature éphémère du contenu marchand implique aussi une forte réactivité sur les annonces publiées : l’adage « premier arrivé, premier servi » s’applique parfaitement dans ce cadre. Ayant peu de temps pour se consacrer à une veille quasi permanente, le professionnel passe donc à côté de bonnes affaires.

Dans ce contexte, le chargé de veille doit faire valoir sa valeur ajoutée.

A l’instar du chargé de veille dans le domaine juridique ou pharmaceutique, nous voyons de manière embryonnaire apparaître le chargé de veille spécialisé en recherche de contenu marchand.

Son apport peut s’articuler autour de deux axes :

  • apporter ses compétences dans la recherche d’objets

Il va mettre en place une cellule de veille :

  • Identification des produits à surveiller (soit à la demande de son client, soit après une étude de l’offre et de la demande sur les produits concernés).
  • Identification et sélection des sources d’information (un produit spécifique est plus facilement déniché sur un site plutôt que sur un autre site).
  • Collecte et diffusion des résultats de la veille. Ici la collecte et la diffusion vont différer selon le modèle économique que le chargé de veille aura choisi.
  • Réajustement de la veille marchande selon le marché de l’occasion.

Ensuite, l’utilisation du langage naturel dans la rédaction des petites annonces et les réponses apportées peu pertinentes et trop nombreuses par les moteurs de recherche impliquent en amont un travail important pour le chargé de veille dans la formulation de ses requêtes sur les sites de petites annonces, voire sur Google (Google images par exemple).

Par ailleurs, il devra faire preuve d’une grande réactivité face à la publication des petites annonces. Pour cela, il peut se faire aider par des outils.

Vinyles, crédit Albert Grégo

Les outils mis à disposition pour surveiller le contenu marchand

Le chargé de veille doit rester informé des nouvelles tendances du marché de l’occasion voire les anticiper. S’abonner donc à des revues telles que « le collectionneur-chineur » est par exemple indispensable pour se tenir au courant du marché.

Pour automatiser les différentes étapes du cycle de veille et gagner du temps dans la surveillance du contenu marchand sur internet, il existe un certains nombres d’outils gratuits pour la plupart qui peuvent vous aider dans votre quotidien.

La plupart des sites de petites annonces dont notamment Leboncoin ne proposent pas de système d’alerte paramétrable sur mots clés.

Pour pallier cette absence, le chargé de veille peut utiliser des sites sur lesquels un service gratuit de création d’alertes est proposé : Alertes.biz ou Alerteslbc.com spécialement dédié au site Leboncoin.

Dès le début, le chargé de veille doit être vigilant dans le paramétrage de ces alertes. Il doit bien choisir les mots-clés car il peut être rapidement envahi par des alertes non pertinentes. De plus malheureusement dans le paramétrage de ces alertes, il n’est pas possible de filtrer les annonces selon leur localisation. Le chargé de veille est obligé de faire du tri dans les résultats remontés.

Quel modèle économique adopter pour le chargé de veille ?

Soit le chargé de veille travaille pour le compte d’un client spécifique et lui transmet selon une périodicité déterminée les annonces susceptibles de l’intéresser. A charge pour celui-ci de conclure le rachat des objets trouvés. Le chargé de veille peut être salarié chez un e-commerçant ou une boutique physique ou encore travailler en tant qu’indépendant pour plusieurs clients. Le client étant donneur d’ordre, il spécifiera au chargé de veille son périmètre de recherche (type de produits, fourchette de prix de rachat souhaitée, zone géographie concernée).

Soit le chargé de veille décide de créer sa propre structure et revend à son compte les produits qu’il aura dénichés sur les sites de petites annonces entre particuliers. Ici, son activité s’assimilera en quelques sortes à une activité de curation de contenu. Ce type de modèle économique est le plus intéressant pour le chargé de veille. Il a une totale indépendance dans le choix de son périmètre de veille et étoffera sa fonction de nouvelles compétences (préparateur de commande, négociateur, connaissance du marché du e-commerce de reconditionnement).

Cependant, cette indépendance s’accompagnera d’un véritable investissement financier de sa part : acquisition de locaux de stockage en location ou à l’achat, constitution d’une trésorerie suffisante pour racheter les objets trouvés sur internet (le chargé de veille en deviendra propriétaire), abonnement à des placemarkets pour avoir un compte pro afin de créer son propre catalogue en ligne dans lequel seront mis en avant ses trouvailles.

Si vous choisissez ce modèle économique, nous vous conseillons au départ de vous spécialiser sur un marché de niche précis. Vous éviterez d’être rapidement débordé par votre activité au niveau de la gestion de stock. N’oubliez pas que le cœur de votre activité restera la veille. Sur ce sujet, nous vous invitons à lire le livre de Chris Anderson « La Longue traîne : quand vendre moins, c’est vendre plus ».

CD, crédit Albert Grégo

En France, la société Selectinfo spécialisée dans la veille et la gestion de contenu numérique a ouvert  un département dédié à la recherche et revente de contenu marchand dès 2013. En moins de deux ans, plus de 11000 articles dénichés sur internet connaissent une seconde vie. Ils ont été insérés dans plusieurs catalogues en ligne et déjà 6000 articles ont été vendus.

Le contenu numérique marchand va continuer de croître dans les prochaines années et prendre de nouvelles formes avec des solutions comme Facebook live ou Périscope. Pourquoi ne pas voir s’organiser un vide appartement en direct ? L’avenir nous le dira…..


ALBERT GREGO est fondateur de la société SELECTINFO spécialisée dans la gestion de contenus et flux numériques. Il s’occupe au quotidien de la production et de la valorisation de contenus numériques informatifs et/ou marchands.

Crédit photos : Albert Grégo

LBC, annonce

7 astuces pour bien chercher sur Le Bon Coin

Parfois le fait d’être documentaliste impacte votre vie quotidienne et peut rendre des services grâce à certaines techniques de recherche sur des sites d’usage courant comme Le Bon Coin.

J’ai été surprise de constater qu’il y avait peu d’information disponible sur internet concernant le fonctionnement du Bon Coin. Il existe bien quelques tutoriels sur la façon de passer une annonce mais pas grand choses sur des astuces pour mieux chercher sur le site.

Et pourtant, chercher sur Le Bon Coin conduit parfois à rechercher une aiguille dans une botte de foin, à tel point que l’on se demande comment vendeurs et acheteurs arrivent à se rencontrer, vu qu’ils ne parlent pas toujours la même langue !

Ci-dessous quelques astuces tirées de mon expérience de documentaliste (et de mes propres recherches) pour mieux chercher sur Le Bon Coin.

LBC, écran de recherche

1. Chercher dans les bonnes catégories (rubriques)

L’idéal est de trouver la catégorie la plus adaptée à l’objet que vous cherchez. Malheureusement les vendeurs ne classent pas toujours l’objet dans la bonne catégorie. Il faut aussi penser à consulter des catégories connexes dans lequel l’objet en question pourrait être caché.

Un exemple. Pour organiser un déménagement, je cherche des caisses en plastique avec un couvercle rigide. Ces caisses sont utilisées pour le stockage ou le transport. La bonne catégorie pourrait être Matériel Professionnel / Transport – manutention mais une personne avait posté une annonce dans Maison / Accessoires et bagagerie, une autre dans Maison / Bricolage et une autre dans Matériel Professionnel / Restauration – hôtellerie. Chacun son usage, chacun sa catégorie ! Pensez à varier les catégories !

Si je souhaite acheter des pneus pour un véhicule, la bonne rubrique est Véhicule / Equipement Auto.

2. Limiter la recherche en recherchant dans le titre de l’annonce

Le titre de l’annonce étant l’élément déterminant de l’annonce (puisque c’est lui que l’on voit sur la liste de résultats), faire une recherche sur cette rubrique permet de limiter les résultats.

Attention toutefois, si le titre est mal rédigé, vous risquez de passer à côté d’annonces qui peuvent être pertinentes.

N’utilisez donc cette fonction que si vous avez trop de résultats.

3. Utiliser les synonymes

Essayer d’imaginer tous les termes que le vendeur aurait pu utiliser pour mettre en vente l’objet. Parfois l’idée d’origine de la recherche (dans votre langage courant) doit évoluer vers un autre terme, utilisé dans un langage professionnel ou marchand.

Dans mon exemple des caisses de déménagement, d’autres termes sont utilisés comme : cagettes, coffre (de rangement), bac mais le terme technique le plus juste est bac gerbable (= bac avec couvercle rigide qui peut être empilé).

Autre exemple : si je cherche à acheter des canevas anciens, il me faudra aussi penser aux termes broderie, tapisserie, ouvrage et par extension cadre ou tableau. Pensez aussi à faire une recherche par le titre de l’œuvre encadrée si vous cherchez un motif particulier de canevas ancien (exemple : La liseuse de Fragonard est un modèle de canevas très populaire).

LBC, annonce

Pensez aux synonymes

Pour un meuble de rangement dans la cuisine sur roulettes, on utilisera les termes desserte, meuble de cuisine (d’appoint), meuble de rangement cuisine, table roulante.

4. Faire une recherche via Google Images pour tenter d’identifier d’autres descriptifs

C’est en cherchant une image de caisse de déménagement tel que je l’imaginais via Google Images, que j’ai découvert que le véritable terme technique était « bac gerbable » alors que je ne connaissais pas ce mot auparavant. Ce terme est surtout utilisé par les vendeurs professionnels.

LBC Bac gerbable

Trouver le bon terme

5. Anticiper toutes les fautes d’orthographe

Et là, soit c’est à pleurer de rire ou de tristesse ! En effet, si votre orthographe est irréprochable, « sachait ke se n’ai pas le ka de tous le monde » (attention ça pique les yeux !)

Un bon exemple est le terme sellette qui est un petit meuble composé d’une tablette montée sur pieds hauts sur lequel on pose une plante ou un objet. Si vous cherchez à acheter une sellette sur Le Bon Coin, accrochez-vous, l’imagination des vendeurs est sans limite !

On trouve ainsi des : selettes, celettes, scelettes. Vu aussi une « celette ancien en chaine » ou une « celette / bout de canapé, style Effel » !

LBC, annonce avec faute

Anticiper les fautes

LBC, annonce avec faute

Anticiper les fautes

Anticiper les fautes sur les noms communs (caneva, canneva, cannevas au lieu de canevas, déserte de cuisine au lieu de desserte de cuisine), sur les noms propres (le style Effel au lieu du style Eiffel, voir ci-dessus) et aussi sur les noms de marques (les lunettes reban à 25 euros trouveront-elles preneur ?).

LBC, annonce

Anticipez les fautes, même sur les marques

Le risque, si vous acceptez la mission, est de perdre votre bon français !

6. Saisir des références techniques

Saisir des références techniques est un bon moyen d’éviter le bruit (trop de résultats).

L’astuce se prête bien à une certaine catégorie d’objets comme les références techniques de pneus pour une voiture. Les références « 205 55 17 » correspondent aux pneus d’une voiture de marque Renault et d’un modèle de cette marque en particulier. Si l’on saisit cette référence technique en recherchant dans le titre avec la catégorie Véhicule / Equipement Auto, on cible bien la recherche.

De même, le meuble dénommé RASKOG est une référence du magasin IKEA, qui vous conduira immédiatement vers des annonces portant sur ce produit vendu d’occasion sur Le Bon Coin.

LBC, annonce

Saisir une référence technique, ici RASKOG

7. Consulter le mode d’emploi du site Le Bon Coin

Il est un peu caché et peu consulté à mon avis et pourtant il vous apprend des choses très utiles.

Le site n’est pas sensible à la casse (lettres majuscules ou minuscules), ni aux accents.

Les opérateurs booléens OU et SAUF existent mais il faut les saisir en anglais, ce qui donne OR et NOT.

Attention OR (frigo OR réfrigérateur OR frigidaire) élargit la recherche aux synonymes, tandis que NOT réduit la recherche en excluant des mots (« caisse plastique » NOT « caisse à jouets » NOT « caisse à outils »).

L’expression exacte est entre guillemets  »  » comme dans tous les moteurs de recherche.

Et sans doute l’astuce la plus utile, notamment pour les orthographes fantaisistes et la gestion des singuliers/pluriels, la troncature * est possible à gauche et à droite.

Exemples : chaise* pour chaises ou chaise-longue

*canevas* si vous voulez aussi trouver les cannevas, canneva, caneva.

L’aide à la recherche sur Le Bon Coin : https://www2.leboncoin.fr/tips.htm?ca=12_s


J’espère que cet article vous sera utile dans vos recherches et dans vos achats !

Essayez quelques-unes de ces astuces et vous verrez que les résultats ne sont pas les mêmes si l’on joue ou pas avec les synonymes, les fautes, les catégories, le titre.

Les quelques exemples ci-dessous sont simplement illustratifs de l’article. A vous d’appliquer les astuces à vos propres recherches.

Grâce au Bon Coin, tu inventes des mots, tu révises ton orthographe, tu élargis ton vocabulaire, tu apprends des termes techniques, tu joues à la documentaliste et tu fais des bonnes affaires, c’est merveilleux non ?!

Si vous avez d’autres astuces, n’hésitez pas à m’en faire part par message ou via les commentaires.

Article : rédigé avec l’aide de FG qui n’est pas documentaliste de métier mais qui est un excellent chercheur du Bon Coin avec des réflexes de documentaliste !

Crédit photos Le Bon Coin et quelques vendeurs anonymes à l’insu de leur plein gré pour les besoins de l’illustration de l’article.

La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 5 - Le droit d'auteur. Un dispositif de protection des œuvres de Fabrice Neaud (illustrations), Christian Lerolle (avec la contribution de) et Emmanuel Pierrat (scenario), Le Lombard (La petite Bédéthèque des Savoirs), 2016

Le droit d’auteur dans la petite Bédéthèque des Savoirs

La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 5 - Le droit d'auteur. Un dispositif de protection des œuvres de Fabrice Neaud (illustrations), Christian Lerolle (avec la contribution de) et Emmanuel Pierrat (scenario), Le Lombard (La petite Bédéthèque des Savoirs), 2016La petite Bédéthèque des Savoirs – tome 5 – Le droit d’auteur. Un dispositif de protection des œuvres de Fabrice Neaud (illustrations), Chrisian Lerolle (avec la contribution de) et Emmanuel Pierrat (scénario), Le Lombard (La petite Bédéthèque des Savoirs), 2016

Mon avis

Prendre un cours de droit d’auteur dans les transports en commun sur forme de BD a quelque chose de très réjouissant. Le format de l’ouvrage tient dans la poche. Les illustrations sont très attrayantes et bien sûr le scénario est irréprochable puisqu’il vient d’Emmanuel Pierrat, grand spécialiste du sujet par ailleurs.

L’avant-propos par David Vandermeulen est un condensé de l’histoire du droit d’auteur avec une touche de droit comparé copyrigtht / droit d’auteur.

Le dessin est vraiment très plaisant. Par ailleurs, on s’approche avec cet ouvrage du legal design puisque les concepts juridiques sont traduits par des dessins. Dans le cas présent les dessins sont beaucoup plus complexes que ceux du legal design puisqu’ils sont l’œuvre d’un artiste, néanmoins il est intéressant de voir comment Fabrice Neaud traduit en dessins le scénario d’Emmanuel Pierrat.

L’ensemble est limpide est très agréable à lire, même après une journée de documentation juridique !

A la fin de l’ouvrage, la bibliographie sélective d’Emmanuel Pierrat est tout à fait vertigineuse ! Et donne, sérendipité oblige, de nouvelles idées de lecture !

Un ouvrage à conseiller aux juristes ou à tous ceux qui peuvent être confrontés à cette matière sans avoir pour autant envie de lire un traité juridique.

L’avis de Thomas, lycéen en stage d’observation (classe de seconde)

La notion de droit de d’auteur se limitait à mes yeux au fait que l’on ne pouvait pas éditer un livre ou vendre un disque sans l’accord de l’écrivain ou de l’artiste ou encore qu’une partie de la recette revenait à l’auteur.

Après avoir lu cette BD, j’ai compris que c’était une notion beaucoup plus vaste. C’est en effet un terme assez récent, qui est apparu vers la fin du 19ème siècle. Par exemple Molière ne contrôlait pas la représentation et la publication de ses pièces et cela lui a porté préjudice par la suite.

Tout d’abord elle s’applique à toutes les formes d’art et même aux nouvelles technologies. De plus l’artiste possède des droits moraux et patrimoniaux qui permettent par exemple à l’artiste de s’opposer à la circulation de son œuvre ou à des modifications de son œuvre ou encore de retirer son œuvre de la circulation.

Enfin, je pensais que n’importe qu’elle œuvre était soumise au droit d’auteur. Or c’est faux, car il faut qu’elle soit originale.

J’ai beaucoup aimé le format du livre car il est assez rapide et facile à lire. En effet, il donne les grandes lignes de cette matière et nous permet de comprendre que le droit d’auteur est essentiel de nos jours alors qu’il n’est pas toujours respecté avec, par exemple, le téléchargement de films illicites en ligne.

Portrait de Laetitia Avia

Lancement d’un nouveau cabinet d’avocats, communication digitale et doc juridique

Portrait de Laetitia AviaLe lancement d’un nouveau cabinet d’avocats est souvent l’occasion de définir une stratégie de communication. Par ailleurs, un nouveau cabinet aura aussi besoin de ressources documentaires afin d’être directement opérationnel auprès de ses clients.

J’ai souhaité en savoir plus sur ces deux aspects auprès de Maître Laetitia Avia, qui, associée à Maître Adrien Perrot, vient de lancer le Cabinet APE avocats.

La communication

Vous avez lancé APE avocats en 2016, pouvez-vous nous en dire plus sur votre stratégie de communication.

Votre question est pertinente en ce qu’elle utilise très justement le terme « stratégie » : pour Adrien et moi, créer un cabinet doit répondre aux mêmes exigences que la création d’une entreprise. Il faut donc penser le business model mais aussi la stratégie de lancement et de communication. Cela passe par une réflexion en amont sur l’identité du cabinet et des personnes qui le composent, ainsi que sur les supports qui seront utilisés pour faire valoir cette identité.

Nous sommes un cabinet jeune et qui se veut innovant dans un domaine d’activité qui reste traditionnel. Il fallait donc à la fois développer une stratégie de communication qui nous ressemble – en étant dynamique, efficace et moderne – tout en veillant à maintenir, pour les clients, un certain nombre de repères liés à la profession d’avocat. Tout est pensé dans cette double optique : le nom et le site internet bien sûr, mais aussi les autres supports de communication – papiers à en-tête, cartes de visites, cartes de correspondances, réseaux sociaux et goodies.

Pour cela il faut savoir s’entourer des bonnes personnes et les écouter. Si Adrien et moi avons fait beaucoup de choses nous-mêmes, nous avons systématiquement consulté des avocats et des non-avocats (entrepreneurs, professionnels de la communication) pour nous assurer de la bonne perception de ce que nous souhaitions créer.

En termes de prestataires, nous avons fait appel à une graphiste qui collaborait pour la première fois avec des avocats, ce qui fut enrichissant à plusieurs égards. Elle est arrivée avec un œil neuf sur la profession et avec des codes issus du milieu de l’entreprise. Il a fallu expliquer notre pratique en termes concrets et business, mais aussi ce que nous pouvions ou non faire en matière de communication dans le respect de nos règles déontologiques. Elle a aussi fait un panorama de références et symboles que l’on peut trouver sur les sites internet d’autres avocats afin de déterminer si nous nous reconnaissions dans ces références. Cela aide beaucoup dans la construction de l’identité du cabinet.

Comment trouve-ton un nom de cabinet ? Un slogan ?

Nom de fantaisie ou non traditionnel ? Nous avons beaucoup hésité et étions séduits par l’idée d’un nom de fantaisie… mais nous pensions également qu’un nom de fantaisie doit presque s’imposer de lui-même, par évidence. S’il est trop recherché, est-ce qu’il peut vraiment nous définir ?

Finalement, nous avons choisi nos initiales : le A d’Avia et le P de Perrot, ainsi que le E en référence aux valeurs que nous mettons en exergue dans notre pratique : Excellence, Expertise, Ecoute, Evolution, Etc.

Notre slogan « Le droit au service de la stratégie économique » vient tout simplement de discussions, à deux ou avec notre graphiste, sur notre pratique. Notre cœur de métier est le contentieux, mais nous intervenons également en amont, dans l’anticipation des risques. Nous avons vocation à délester les sociétés de la contrainte juridique afin qu’elles puissent se consacrer à leur objectif, qui est de nature économique. Nous utilisons également le droit comme un outil, et non une épée de Damoclès permanente pour les entreprises.

Comment avez-vous réalisé votre logo ?

C’est là tout le travail et l’expertise de notre graphiste, qui a été une excellente force de proposition en la matière !

Elle dirait, très justement, qu’une identité visuelle ne s’explique pas… mais je peux vous donner quelques éléments de lecture. Un objectif : simplicité et lisibilité, que l’on retrouve sur tous nos supports de communication. Ensuite, notre identité se décline autour de trois petits ronds, tels des points de suspension, que l’on retrouve dans le logo et sur tous nos supports. Ils évoquent la continuité – il faut savoir qu’Adrien et moi avons quitté notre précédent cabinet pour créer APE Avocats qui s’inscrit dans la continuité de notre pratique au sein de notre précédente structure.

APE avocats papèterie

Papier en-tête, papier suite, verso carte de communication, verso carte de visite

Quelle a été votre stratégie de lancement ?

La communication a été officiellement lancée le jour où le site internet fut opérationnel. A partir de là nous avons créé des pages APE Avocats sur les réseaux sociaux et changé nos profils individuels sur Facebook, LinkedIn et Twitter.

Nous communiquons de manière différente en fonction des réseaux sociaux et le message de lancement a également été adapté : décalé sur Facebook, plus institutionnel sur LinkedIn et une information plus brute sur Twitter.

Nous avons décidé de ne pas envoyer de communiqué de presse aux lettres professionnelles, ce qui nous a permis d’échanger directement, par téléphone, avec les journalistes qui souhaitaient publier l’information.

Au sujet de votre site internet, était-il important d’avoir un site en ligne dès le lancement de votre cabinet ?

http://ape-avocats.com/

C’est primordial, c’est pourquoi nous avons attendu ce moment. Le premier réflexe des gens est de consulter le site internet. C’est a première image que nous donnons aux clients et confrères.

Là encore, notre site répond à un souci de simplicité et de lisibilité, même si nous pensons que nous pouvons encore l’améliorer. Des outils tels que Google Analytics permettent de voir qu’elles sont les pages les plus visitées et de capitaliser sur ces pages.

Le site a vocation à évoluer. Nous avons la main dessus et le gérons sans passer par un prestataire.

Votre couverture presse (notre actualité) est assez large et inclut des médias non spécifiquement juridiques comme la télévision, la presse économique. Est-ce important d’investir des territoires non juridiques ?

Oui, car c’est là que se trouve le nerf de la guerre : les clients !

Il est important d’être connu des confrères et d’écrire des articles de doctrine destinés à un public juriste – cela permet de faire valoir une expertise et de rester à jour des évolutions de la jurisprudence. Mais il faut aussi se rendre accessible au client pour lui donner envie de travailler avec nous.

Nous avons aussi un certain nombre d’engagements personnels sur lesquels nous communiquons aussi car ils sont indissociables de notre identité.

Vous avez également ouvert des comptes sur les réseaux sociaux. Est-ce important d’être présent sur ces médias dès le lancement ? Qui va s’occuper de les alimenter ?

Les réseaux sociaux, c’est comme le site internet : c’est indispensable. Aujourd’hui ni les entreprises, ni les politiques, ni les journalistes ne peuvent s’en passer. Nous pensons que cela s’applique aussi aux avocats.

Tout comme les entreprises, nous allons désigner au sein de notre équipe un « community manager » qui sera en charge des réseaux sociaux.

https://www.facebook.com/apeavocats/

https://twitter.com/ape_avocats

https://www.linkedin.com/company/ape-avocats

https://vimeo.com/apeavocats

Avez-vous d’autres projets concernant votre communication ?

Beaucoup (trop) ! Mais il ne faut pas tout dévoiler. Cela reste, en tout cas, un véritable plaisir pour Adrien et moi qui pouvons exprimer par ce biais une certaine fibre entrepreneuriale.

La documentation juridique

Papier c/ numérique. Etes-vous abonnés à des revues juridiques papier, achetez-vous des ouvrages (codes, mémentos, traités) ou disposez-vous uniquement des bases de données en ligne ?

Nous utilisons les bases de données en ligne mais aussi quelques ouvrages de référence dans chaque matière : manuels, traités, mémentos (même s’ils peuvent être consultés en ligne, le réflexe papier perdure), les indispensables Dalloz Action également.

Nous achetons également chaque année les principaux codes. Il est encore difficile de s’en passer bien qu’ils soient tous accessibles sur Légifrance. C’est un investissement nécessaire.

L’accès à la documentation juridique en situation de mobilité, est-il un choix déterminant dans vos abonnements numériques ?

Ce n’a pas été un élément déterminant. Nous avons l’un comme l’autre toujours utilisé les bases de données en ligne et n’aurions pas pu fonctionner autrement.

Quels sont vos indispensables (tous éditeurs confondus) ?

J’utilise principalement le Jurisclasseur, Lamyline et Navis, et très peu Dalloz. C’est une simple question d’habitude dans l’utilisation de l’interface.

Pour les codes : code civil, code de commerce, code pénal, code de procédure civile et code de procédure pénale sont renouvelés chaque année. Les autres codes sont renouvelés plus ponctuellement.

Autres ouvrages : Dalloz Action Droit et pratique de la procédure civile, mémento sociétés commerciale et le Traité de Procédure Pénale de F. Desportes. Sur les sujets de Propriété intellectuelle : les traités de J. Passa. Pour le reste, nous achetons ponctuellement des ouvrages dédiés à un sujet en particulier.

Avez-vous des astuces documentaires pour les nouveaux installés ?

Ne pas snobber Google ! Le droit est devenu bien plus accessible via cet outil de recherche. Les informations y sont rarement exhaustives et ne remplissent pas toujours l’impératif de rigueur des avocats mais cela peut être un bon point de départ lors d’une recherche. De plus en plus de confrères publient des articles en dehors des revues juridiques dédiées – et les délais de publication de ces revues peuvent créer un décalage lorsqu’on recherche une actualité.

Les éditeurs juridiques proposent-ils des tarifs avantageux pour les nouvelles structures ?

Pas à ma connaissance et c’est dommage. Mais je pense que sur ce point, c’est peut-être à notre ordre d’intervenir et de négocier, pour l’ensemble de la profession, des conditions plus raisonnables.


MERCI à Laetitia Avia pour cette interview, qui éclairera les jeunes cabinets d’avocats qui veulent se lancer, tant sur la nécessité d’avoir une stratégie de communication (digitale) dès le lancement, que sur les indispensables en documentation juridique (à adapter selon votre spécialité).

Les grands procès de l’histoire par Emmanuel Pierret, De l'affaire Troppmann au procès d'Outreau, Editions de la Martinière, 2015

Les grands procès au Musée du Barreau de Paris

Le samedi 4 juin 2016, j’ai visité le musée du Barreau de Paris.

Musée du Barreau de Paris

L’endroit à lui seul vaut le déplacement. Le musée est situé dans les caves voûtées de l’Hôtel de la Porte, à quelques pas du forum des Halles, dont vous pourrez admirer la restauration en passant.

Musée du Barreau de Paris

Le musée du Barreau raconte, à travers ses collections permanentes, l’histoire de la justice et des avocats de l’antiquité à nos jours.

L’exposition temporaire actuelle concerne les grands procès. Elle devait durer jusqu’au 28 février 2016 mais elle a été prolongée.

C’est une exposition qui parle à tous car les grands procès ont souvent fait l’objet de récits, de film ou de documentaires. On y retrouve entre autres l’affaire Dreyfus, l’affaire Dominici, l’affaire Landru, l’affaire du docteur Petiot, Marie Besnard et Violette Nozières.

Vitrine Dominici, Musée du Barreau de Paris

Vitrine Dominici, Musée du Barreau de Paris

Vitrine Violette Nozières, Sac à procès, Musée du Barreau de Paris

Vitrine Violette Nozières, Sac à procès, Musée du Barreau de Parisr

J’ai été surprise par la variété des documents exposés.

Au musée du Barreau vous pourrez ainsi voir des bustes d’avocats ou de magistrats célèbres, des tableaux, des photos, des lithographies, des gravures anciennes, des dessins, des notes de plaidoirie, des journaux personnels tenus par des avocats, des lettres, des ouvrages sur la justice, beaucoup de coupures de presse de journaux autrefois célèbres ou toujours d’actualité (L’Excelsior, Je suis Partout, L’Aurore, L’Union, Le Petit Journal, Détective, Charlie Hebdo). Les documents proviennent en partie des collections de la Bibliothèque de l’Ordre des avocats de Paris.

Les documents sont exposés dans des vitrines avec des notices explicatives qui expliquent leur intérêt ou reviennent sur la chronologie de l’affaire.

Musée du Barreau de Paris

 

Les grands procès de l’histoire par Emmanuel Pierret, De l'affaire Troppmann au procès d'Outreau, Editions de la Martinière, 2015

A voir aussi l’ouvrage d’Emmanuel Pierrat, également conservateur du Musée.

Les grands procès de l’histoire par Emmanuel Pierret, De l’affaire Troppmann au procès d’Outreau, Editions de la Martinière, 2015

http://www.editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/les-grands-proces-de-l-histoire/9782732450711

Dix-huit affaires, pour certaines criminelles, sont ici retracées par Emmanuel Pierrat, avocat, depuis la découverte des corps jusqu’à, dans certains cas, l’exécution de celui que la justice a désigné comme coupable; en passant par les péripéties de l’enquête et, surtout, les rebondissements de procès à sensation…

Grâce à un ingénieux dispositif de pochettes incluses dans la reliure de l’ouvrage, vous avez accès à des reproductions de documents liés au procès. L’ouvrage est bien plus complet que l’exposition présentée au Musée.

Un beau livre qui fera une bonne idée de cadeau pour un juriste ou un avocat.

Chronique de l’ouvrage par la Gazette du Palais du 29/10/2015 :

Dominici a-t-il « couvert » un de ses fils ? Omar Raddad est-il innocent ou coupable ? Qui a tué le petit Grégory ? Autant d’énigmes et de drames que la justice s’est efforcée de résoudre, même si elle a tranché en faveur d’une thèse, parfois fragile dès le début de l’affaire ou malmenée par les plaidoiries et les réquisitoires. Ce livre retrace les grands moments de 18 grandes affaires criminelles depuis la découverte des corps jusqu’à, dans certains cas, l’exécution de celui que la justice a désigné comme coupable, en passant par les péripéties de l’enquête et, surtout, les rebondissements de procès à sensation… Le texte est illustré par de nombreux documents (photos, extraits de journaux, dessins et croquis) qui sont souvent inédits (pour certains reproduits en fac-similé) et proviennent des collections du musée du Barreau de Paris.

Saviez-vous d’où vient l’expression l’affaire est dans le sac ?

C’est dans des sacs comme celui-ci que l’on mettait l’ensemble des pièces relatives à une affaire. Lorsque celle-ci était terminée, une étiquette est cousue à même le sac pour permettre d’identifier la cause. Le sac fermé par des fils était accrochée au mur de l’étude ou du cabinet de juriste, d’où l’expression : « l’affaire est dans le sac ». Les sacs à procès ont cessé d’être utilisés au début du 19e siècle.

Sac à procès, Musée du Barreau de Paris

L’affaire est dans le sac !

Il est assez curieux que le musée du Barreau de Paris ne se trouve pas au cœur du Palais de justice parisien. Reste à savoir ce qu’il en sera lorsque le nouveau palais sera construit dans le 17ème arrondissement. L’ancien palais aura-t-il vocation à devenir en partie un musée de la justice ?


Musée du Barreau de Paris
25 rue du Jour
75001 Paris

Tél : 01.44.32.47.48

Mail : musee@avocatparis.org

Métro : Etienne Marcel ou Les Halles

Ouvert les samedis, dimanches et jours fériés de 10h à 18h.

J’ai obtenu un tarif réduit en faisant valoir ma qualité de documentaliste juridique.

Le musée est gratuit pour les avocats parisiens sur présentation de leur carte professionnelle.


A l’entrée du musée se trouve une intéressante sélection d’ouvrages en rapport avec la justice.

Sélection d'ouvrages sur la justice, Musée du Barreau de Paris

Sélection d’ouvrages sur la justice, Musée du Barreau de Paris

J’y ai trouvé un petit fascicule édité par l’Ordre des avocats qui présente un extrait des collections historiques du barreau de Paris.

En dehors du bulletin du Barreau, j’ai aussi trouvé un prospectus de la Bibliothèque des littératures policières et d’espionnage. Située au 48-50 rue du Cardinal Lemoine à Paris dans le 5ème arrondissement (proche du Panthéon).

Elle propose une collection de plus de 100 000 documents (livres, journaux, revues, bandes dessinées, manga, affiches) sur les littératures policières et d’espionnage. Une publicité qui a du sens ici !

Prochaine exposition temporaire prévue mi-octobre 2016 sur le thème « Les femmes à la barre ».

Photos de l’exposition avec l’aimable autorisation de la directrice du Musée (Cyndy Geraci).

Raconter son histoire familiale par Gwen Guidou

Raconter son histoire familiale

Raconter son histoire familiale par Gwen GuidouRaconter son histoire familiale par Gwen Guidou, Archives & Culture, 2015

Une fois n’est pas coutume, je me permets de reproduire intégralement la 4ème de couverture car c’est un très beau texte.

Raconter, c’est d’abord partager. Inutile de raconter votre histoire si personne ne vous écoute.
Raconter, c’est aussi bien dire ce que l’on a fait hier qu’expliquer ce qu’était la famille il y a 250 ans.
Raconter, c’est transmettre une histoire, des émotions et un certain style.
Raconter, c’est aussi bien écrire et tisser un récit pendant des mois que laisser aller ses souvenirs lors d’un repas de famille.
Raconter, c’est informer, diffuser et transmettre une histoire ; qu’il s’agisse d’un besoin à assouvir ou d’un devoir à accomplir…
Raconter, c’est parfois laisser parler les images, quand les mots sont trop durs à dire ou qu’on ne vous croirait pas.
Raconter, c’est offrir en cadeau votre mémoire, par essence éphémère.
Inspiré de multiples rencontres et témoignages, ce guide aidera aussi bien ceux dont l’idée d’écrire une histoire familiale germe dans un coin de la tête depuis longtemps que ceux dont le projet est entamé ou patauge. Il veut donner des idées à ceux qui en manquent, rassurer ceux qui doutent, guider ceux pour qui c’est « la première fois qu’ils font ça »… en partant de l’idée que toutes les histoires méritent d’être racontées, des plus longues aux plus courtes, des plus belles aux plus troubles. Ceux qui se sont lancé ont tous en commun le bonheur d’avoir accompli quelque chose d’unique et d’avoir reçu en retour, de leurs proches, bien plus que ce qu’ils espéraient.

Plusieurs raisons font que j’ai envie de vous parler de cet ouvrage et plus largement de cet éditeur.

Tout d’abord, j’ai toujours pensé qu’il y avait de fortes connexions entre la généalogie et le métier de documentaliste. Dans les deux cas il y a un travail de recherche, le goût des archives, une nécessaire pugnacité et souvent un travail de mise en valeur de l’information préalable à sa diffusion. Avec l’ouvrage Raconter son histoire familiale, nous sommes justement à cette étape précise où un généalogiste qui a fait des recherches souhaite les partager sous une forme un peu moins austère que l’arbre généalogique traditionnel; la comparaison avec une documentaliste qui doit soigner son livrable de veille me semble toute trouvée.

J’ai été sensibilisée à l’histoire familiale lors de ma visite de l’atelier de reliure Houdart. J’ai eu la chance d’avoir entre les mains de magnifiques reliures de maisons de luxe très prestigieuses. Pour autant, si je devais garder une émotion forte de cette visite, je crois que ce serait celle d’avoir entraperçu plusieurs récits de famille aux reliures plutôt modestes. Pour qu’un particulier s’offre les services d’un relieur traditionnel, il faut qu’il ait consacré beaucoup de temps à son texte et que celui-ci mérite la présentation soignée et professionnelle que seul l’imprimeur ou le relieur peuvent offrir. Etre le biographe de sa propre famille représente déjà une certaine satisfaction, j’imagine bien qu’elle puisse être décuplée lorsque vous recevez votre propre histoire mise en page et reliée.

Avec ce livre vous trouverez un maximum de conseils de la préparation, à la rédaction jusqu’à la publication de votre histoire familiale. Certains d’entre eux, comme bien sourcer ses documents (p. 32) sont évidents pour une documentaliste. D’autres concernant l’écriture, le style, la relecture sont très pertinents notamment pour une blogueuse. J’ai beaucoup lu d’articles sur le fait d’écrire sur un blog pour être bien référencé ce qui n’est pas l’objet de cet ouvrage. Les conseils touchent ici au fait d’écrire pour être lu par un public qui n’est pas forcément expert ou féru de généalogie.
L’auteur privilégie l’imprimeur pour faire éditer votre livre de famille en plusieurs exemplaires (cf. Choisir son imprimeur pp. 74-15). On l’a vu dans l’article ci-dessus, les relieurs sont aussi compétents pour traiter ce genre de demande.

Cet article me donne aussi l’occasion de vous parler de l’éditeur Archive & Culture, découvert avec un autre ouvrage Retrouver ses ancêtres corses. Dans les deux cas, les ouvrages sont très agréables à lire avec une mise en page remarquable, beaucoup d’illustrations qui font toujours sens, des encadrés permettant de se faire rapidement une idée du chapitre et une multitude de judicieux conseils d’organisation.

Je ne doute pas une seconde que vous trouverez votre bonheur parmi les nombreux titres de cette collection.

Après cette lecture, il suffira de faire un bilan pour savoir si c’est le moment pour vous y mettre ou si vous souhaitez collecter un maximum de sources avant qu’il ne soit trop tard et avec pour objectif de vous consacrer à ce passionnant exercice de l’écriture familiale lorsque vous aurez le temps.

12 % des généalogistes auraient déjà créé un blog ou un site familial et 34 % souhaitent transmettre leurs souvenirs et leur histoire familiale à leurs enfants sous une forme plus élaborée qu’un simple arbre. L’ouvrage de Gwen Guidou, «Raconter son histoire familiale», s’impose comme lecture de vacances avec l’été qui approche !

Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière)

Networking, toutes les clés pour les jeunes actifs

Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière)Maxime Maeght. Etudiants, jeunes professionnels, comment construire votre réseau. Paris : Eyrolles, 2016. – (Emploi & carrière).

http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/etudiants-jeunes-professionnels-comment-construire-votre-reseau-9782212563801

Etudiants et jeunes professionnels sont conseillés sur l’art et la manière de construire leurs réseaux. L’ouvrage est très clair. Il se présente sous la forme de fiches pratiques. Leurs plans détaillés et de nombreux encadrés permettent d’aller à l’essentiel.

Un livre à destination des étudiants, mais pas que…

Si les conseils de Maxime s’adressent aux jeunes actifs, tout un chacun, y compris les professionnels établis, pourra trouver utile d’avoir une piqûre de rappel sur l’art du networking, voire même d’initier une démarche consciente de réseautage si cet aspect de votre vie professionnelle vous avait échappé jusqu’alors.

Un livre qui sera également utile aux maîtres de stage et enseignants car souvent il ne s’agit pas uniquement de transmettre votre matière mais de communiquer à vos stagiaires/élèves des astuces de travail.

Dans les fiches 11 Etre visible sur les réseaux sociaux et 15 Montrer son meilleur profil, l’auteur incite le lecteur à marquer son intérêt pour un sujet en tenant un blog, en pratiquant la curation de contenu ou en publiant des articles via l’application Pulse de LinkedIn (pages 42 et 56). Je ne peux qu’approuver une telle démarche !

La fiche 50 Adhérer à une association professionnelle me donne l’occasion de rebondir sur les deux principales associations de documentalistes juridiques :

A savoir : L’ADBS, Association des professionnels de l’information et de la documentation qui compte un groupe juridique (peu actif depuis quelque temps) et JURICONNEXION, association des utilisateurs professionnels de produits électroniques d’information juridique.

Deux associations qu’il convient de suivre si vous souhaitez réseauter dans le milieu de la documentation (juridique).

Tout comme le premier ouvrage de Maxime sur le sujet (Guide du networking pour développer votre clientèle à l’usage des professions du conseil, Editions Eyrolles, 2015), la démarche ne concerne pas uniquement la sphère digitale. Il s’agit du réseautage dans son ensemble, le réseautage comme art de vivre en quelque sorte !

A noter : Maxime Maeght, se déplace régulièrement dans des écoles pour animer des conférences autour du networking. Je ne peux que vous inciter à en profiter car il a une connaissance encyclopédique de la matière. Son approche documentaire détaillée au moment de la préparation de chaque ouvrage et les nombreux entretiens individuels qu’il conduit pour élargir ses connaissances à tous les domaines d’activité font de lui un expert du sujet.

British Library, vue extérieure

Visite de la British Library

Cet article a été rédigé par Katell Piboubes que je remercie pour son compte-rendu de visite et pour son reportage photos.

Un récent séjour récent à Londres a été l’occasion de suivre une visite guidée de la British Library.

British Library, vue extérieure

British Library, vue extérieure

Le guide habituel n’étant pas disponible, c’est un documentaliste, ayant fait des études de droit (!) qui a conduit notre petit groupe de 3 personnes dans les espaces publics et privés de la British Library.

La British Library est la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Elle est installée depuis 1998 dans un immense bâtiment de briques rouges qui s’élève au 96, Euston Road, le long de la gare Saint Pancras. Si son aspect extérieur est plutôt austère, la British Library offre de magnifiques espaces intérieurs baignés de lumière naturelle.

British Library, vue intérieure

British Library, vue intérieure

La British Library a pour mission de collecter et de mettre à disposition du public toutes les publications britanniques. Comme toutes les bibliothèques nationales, elle collecte le dépôt légal des ouvrages publiés et distribués au Royaume-Uni et en Irlande.

La British Library en quelques chiffres :

  • Avec une superficie de 112 000 m2 sur 14 niveaux (dont 4 en sous-sol), la British Library est le plus grand bâtiment édifié en Grande-Bretagne au 20ème siècle. Dix millions de briques et 180 000 tonnes de béton ont été nécessaires à sa construction.
  • Près de 200 millions de documents en langue anglaise et dans 400 autres langues
  • Plus de 15 millions d’ouvrages dont 310 000 manuscrits, 260 titres de journaux et revues, 4 millions de cartes, des dessins, une collection philatélique de 8 millions de timbres, des enregistrements audio et vidéo…
  • Le catalogue en ligne comprend 56 millions de documents
  • Les documents sont stockés sur 625 kms linéaires de rangement, qui croissent de 12 kms chaque année
  • Le British Library reçoit 7 000 visiteurs par jour
  • Elle dispose de 1200 places assises dans 9 salles de lecture
  • Près de 2 000 personnes sont employées sur les sites de Saint Pancras et de Boston Spa (West Yorkshire) où sont réunis les services administratifs et stockés les documents les moins demandés.

S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, la British Library est la 2ème plus grande bibliothèque du monde, par le nombre de documents conservés, après la bibliothèque du Congrès de Washington

Un peu d’histoire

La British Library, en tant que structure autonome, a été créée récemment par le British Library Act de 1973. Elle était jusque là un département de la British Museum qui abritait depuis 1857 la Round Reading Room.

Round reading Room British Musuem Credit

Round reading Room British Musuem Credit

Les fonds de la British Library, constitués depuis sa création en 1753 à partir de donations et d’acquisitions étaient répartis dans différents lieux à Londres et en Angleterre.

La décision de regrouper les collections de la British Library sur un site unique a été prise en 1951, l’architecte, Sir Leslie Martin, nommé en 1962, le site de Saint-Pancras choisi en 1973 et le bâtiment inauguré en 1998.

L’architecture de la British Library repose sur des formes organiques et sur l’utilisation de matériaux sensoriels : cuir, marbre, bois et bronze. Elle privilégie la lumière naturelle dont bénéficient toutes les salles de lecture.

Dès l’entrée dans le bâtiment, le visiteur est saisi par ses dimensions et sa clarté. Au-delà du grand hall d’accueil, le cœur du bâtiment renferme la King George III Collection. Installée dans la King’s Library Tower, écrin de verre haut de 6 étages, elle comprend 65 000 ouvrages. Cette bibliothèque demeure une bibliothèque vivante dont une cinquantaine de volumes sont empruntés chaque jour.

King 's Library Credit Paul Grundy

King ‘s Library Crédit Paul Grundy

Les documents du site de Saint Pancras sont stockés dans 4 étages de réserves en sous-sol.

Maquette British Library

Maquette British Library

Ils sont conservés à une température de 17 °C et un taux d’humidité de 50%. Une température plus basse permettrait certes une meilleure conservation des documents mais les variations de température entre les réserves et les salles de lecture conduiraient à l’apparition de condensation, fort nuisible à la conservation des documents. Cent personnes travaillent dans les réserves.

Accès aux documents

Les salles de lecture de la British Library sont accessibles à toute personne souhaitant consulter un document du catalogue. Ni les chercheurs, ni les doctorants ne bénéficient d’un accès privilégié.

Notre guide a, à ce sujet, souligné la différence entre la British Library et la BNF qui au pays de l’Egalité reste pour partie réservée aux chercheurs….

Les lecteurs consultent le catalogue en ligne et effectuent une commande bibliographique. Ils se présentent ensuite au service d’enregistrement afin d’obtenir une carte de lecteur (gratuite).

Aucune carte de lecteur n’est délivrée à une personne n’ayant pas effectué une commande bibliographique au préalable. Il est possible d’emprunter jusqu’à 10 documents par jour.

Pour obtenir une carte de lecteur (valable de 1 jour à 3 ans), il est en outre nécessaire de fournir un justificatif d’identité, un justificatif de domicile et de remplir un formulaire en ligne.

Le guide m’ayant proposé de me créer une carte de lectrice, j’ai eu la surprise de découvrir dans ce formulaire une question sur mon origine ethnique : blanc/métis/noir/indien …..Même s’il est possible de ne pas répondre à cette question, elle est tout de même surprenante pour une Française !

La carte de lecteur est ensuite délivrée par un documentaliste qui vérifie la pertinence de la commande et peut orienter le lecteur dans ses recherches. Deux cent cartes de lecteur sont délivrées par jour.

Le lecteur choisit ensuite une des 9 salles de lectures spécialisées. La subdivision thématique des salles de lecture facilite la recherche de références grâce à la présence de documentalistes spécialisés. Cependant n’importe quel document commandé peut être remis dans n’importe quelle salle de lecture.

Chaque salle comprend en outre des collections spécialisées en accès libre : ouvrages, encyclopédies, revues et des ordinateurs permettant l’accès aux 1 000 bases de données proposées par la British Library.

British Library Salle de lecture Credit Paul Grundy

Salle de lecture Crédit Paul Grundy

Stockage et plan de classement

La commande et la livraison des documents à partir des réserves sont gérées par le logiciel : Automated Book Retrieval System (ABRS).

Inimaginable pour les documentalistes, les documents ne sont classés ni par thème, ni par auteur, ni par date…mais par taille !

Il ne faut donc pas confondre stockage des documents dans les réserves et classement des documents d’une bibliothèque en accès libre. Ne répondant pas aux mêmes objectifs, ils ne sont pas fondés sur les mêmes principes d’organisation.

Ce système, que la British Library a été la première bibliothèque nationale à mettre en place en 1980 permet un gain considérable de place. Il s’inspire des principes établis par Antonio Panizzi, célèbre bibliothécaire d’origine italienne, conservateur à la British Library de 1837-1856.

Chaque document dispose d’un code barre indiquant sa localisation dans les réserves : n° d‘étagère (ShelfMark) et place sur l‘étagère (storage location).

British Library, écran de consultation

Ecran de consultation

Chaque étagère comporte des documents de taille similaire. Lorsqu’un document rejoint la British Library, il est stocké sur l’étagère correspondant à sa taille. Lorsque l’étagère est pleine, il en est créé une nouvelle pour les documents de même taille.

Le logiciel est relié au Mechanical Booking Handling System (MBHS) qui gère l’acheminement physique des documents. Ce système de 3km de long a été construit en même temps que la bibliothèque. Il permet de gérer 4 000 demandes par jour.

British Library, MBHS

MBHS

Une fois le document localisé dans une des 1 200 sections des réserves, il est acheminé dans une des 50 salles de distribution, uniquement accessibles au personnel de la bibliothèque.

British Library, salle de distribution

Salle de distribution

Lors de notre passage en salle de distribution, deux ouvrages en français sont arrivés des réserves : un ouvrage sur Lionel Jospin et un ouvrage d’Arnaud Montebourg ( !) destinés aux prêts interbibliothèques.

British Library, ouvrages

Ouvrages, salle de distribution

Le personnel de la bibliothèque vérifie ensuite la cohérence du document par rapport à la commande puis l’apporte en salle de lecture et le remet au lecteur.

Le délai annoncé de livraison est de 1h10mn mais le délai moyen de livraison est de 55 mn.

Développement des collections

Outre les ouvrages et documents britanniques et irlandais, la British Library mène une politique de développement de ses collections étrangères. Cette tâche est confiée à 100 conservateurs linguistes. Afin d’enrichir une collection riche de 85 000 documents en 66 langues, ces conservateurs disposent d’un budget de 1,6 million £ par an.

Ce sont les conservateurs eux-mêmes qui décident de ces acquisitions dans le souci de refléter la vie intellectuelle d’un Etat ou d’une zone linguistique.

C’est à ce titre que la British Library est considérée non comme la plus grande bibliothèque nationale mais comme la plus riche du monde.

Treasures

Enfin, la British Library recèle des trésors qui sont exposés en permanence et accessibles gratuitement dès le hall d’entrée.

  • Deux bibles de Gutenberg (1454-1455)
  • Le Codex Sinaiticus (4ème siècle)
  • Le planisphère de Contarini, première carte imprimée contenant le Nouveau Monde ;
  • Une lettre d’Henri VIII et Anne Boylen au cardinal Wolsey (1528)
  • Des œuvres manuscrites de Jean-Sébastien Bach, W.A. Mozart, Gustav Mahler, Benjamin Britten…
  • Des manuscrits et l’écritoire de Jane Austen
  • Le manuscrit d’Alice au Pays des Merveilles
  • Des manuscrits des Beatles
Manuscrit Jane Austen Credit Bristih Library

Manuscrit Jane Austen Credit Bristih Library

Chacun y trouvera un motif d’émerveillement….

Pour réserver votre visite de la British Library : http://www.bl.uk/events/general-guided-tour

Grille de la British Library

Grille de la British Library

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Visite de l’atelier de reliure Houdart

Le 27 avril 2016 j’ai eu la chance de visiter l’atelier de reliure Houdart à Paris.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Je tiens à préciser que cet atelier n’est pas le relieur à qui je fais appel dans le cadre de mes activités professionnelles de documentaliste juridique.
Monsieur Pierre Escarra m’a contactée suite à la publication de mon premier article sur le métier de relieur juridique. Nous avons ensuite convenu d’une visite de son atelier basé à Paris. Cette visite, facilitée par l’accès en métro, m’a semblée importante, à la fois pour mieux connaître le métier et aussi pour justifier le budget reliure auprès de mon employeur.

J’ai été surprise par la très grande variété des réalisations de l’atelier Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Du point de vue du documentaliste juridique, la reliure a souvent un but pratique et de conservation (parfois elle peut être décorative et plus luxueuse mais c’est plus rare). Notre type de reliure est désigné par le terme « documentaire » chez Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Le documentaire est donc la reliure des collections juridiques chez les juristes (avocats, notaires, profs de droits, auteurs, organismes professionnels, administrations publiques, tribunaux…). Ce type de reliure se réalise le plus souvent en toile et plus rarement en demi-cuir ou cuir-intégral lorsqu’il s’agit de décorer un bureau de prestige.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Un autre type de reliure concerne l’entreprise. Il s’agit de reliures d’exception réalisées à la demande d’une entreprise pour une commémoration, pour ses archives, pour un catalogue de prestige, pour répondre à un appel d’offres, pour un livre d’or, un livre de cave d’un restaurant étoilé, etc….

Les matériaux les plus nobles sont utilisés (cuir, soie, papiers de luxe ou teints à la demande), les finitions sont à la hauteur de l’objet (dorure des tranches, étui de conservation) et toutes les personnalisations sont possibles (blason, monogramme, logo pour n’en citer que quelques-unes).

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Viennent ensuite les reliures pour les particuliers avec une grande variété de supports qu’un particulier peut confier à un relieur : livres anciens, livre préféré, thèse, livrets de famille, mémoires, livres usuels que l’on manipule souvent (livres de cuisine, dictionnaires), partitions, livre de photos, etc…

Selon le budget du particulier, la reliure pourra être assez simple, dans l’esprit des reliures documentaires juridiques ou plus élaborée lorsqu’il s’agit de faire un joli cadeau, de marquer un événement ou lorsque l’on est bibliophile.

Il est possible de livrer le document sous format numérique, le relieur s’occupe alors de l’impression et de la reliure.
Il est aussi possible de commander de petites séries, parfois même en plusieurs versions (une version prestige pour l’auteur et des versions plus économiques pour ses lecteurs).

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Les travaux du mois de mai

Pendant cette visite, j’ai découvert :

Les matières : les cuirs, les papiers d’art dont l’origine est turque (et non italienne), les toiles qui sont livrées en rouleaux, le papier, les cartons…

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Papiers marbrés, ici motif feuilles de chêne

Quelques machines et outils : machine à coudre, massicot, étau à endosser, presses, fers de dorure…

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Collection de fers à dorer

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Fers à dorer

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Machine à coudre pour reliure

L’organisation de l’atelier où chaque relieur est polyvalent avec néanmoins quelques spécialités.

L’atelier Houdart compte 10 personnes. Le métier est physique, les relieurs travaillent debout pour la plupart. Ils/elles manient des outils qui demandent de la force et de la précision. La très bonne entente de l’atelier est néanmoins palpable et l’émulation créatrice fait des merveilles !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Étau à endosser

Le métier de relieur est à la fois créatif mais rigoureux  y compris pour la reliure dite « documentaire » où de nombreux paramètres demandent de l’attention (respect des modèles du client, respect des délais, vigilance sur les manquants, sur les tables annuelles).

L’atelier dispose d’une base de données client qui contient principalement des informations commerciales.
Pour les reliures dites documentaires, les modèles de reliure de chaque client sont des cartonnettes aux dimensions de la reliure, annotées avec toutes les références du client.

Concernant l’organisation d’un train de reliure, j’ai pu photographier un bon de retrait de reliure mis au point par un documentaliste du CRIDON qui a retenu toute mon attention.

Reliure juridique, bon de retrait

Le bon de retrait mis au point par le CRIDON

Nous avons également échangé avec Monsieur Escarra sur les différentes pratiques entre la France et d’autres pays en matière de conservation des documents des deals (cf. opération de fusion acquisition par exemple). Aux Etats-Unis, il est d’usage, lorsqu’une opération est terminée, de faire relier les documents. En France, les avocats d’affaires leur préfèrent les classeurs du commerce ou la reliure notariée. Avouons qu’une reliure traditionnelle avec une jolie pièce de titre a plus de charme qu’un vulgaire classeur plastique du commerce format A5 !

Militons pour la reliure y compris pour les bibles !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Toiles pour reliure

J’ai surtout eu la possibilité de consulter plusieurs réalisations, toutes plus exceptionnelles les unes que les autres :

  • de très touchantes histoires de famille, de carrière, des généalogies, des mémoires en attente d’être livrées,
  • un bluffant fac-similé d’une collection de lettres de Marcel Proust, toutes rassemblées dans un ravissant coffret en cuir,
Atelier Houdart Relicentre, Paris

Reliure d’une collection de lettres de Marcel Proust

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Etui relié pour lettres de Marcel Proust

  • une thèse sur l’architecture des HLM dont l’originalité de la reliure a marqué les esprits du jury et vraisemblablement contribué à son succès,
  • le livre de cave de la Tour d’argent qui est en fait un classeur avec un système de broches dont le mécanisme est astucieusement dissimulé ; vu en reportage TV, le livre de cave pèse 8 kilos et compte 400 pages interchangeables,

    Atelier Houdart Relicentre, Paris

    Livre de cave de la Tour d’Argent

  • de spectaculaires réalisations pour des appels d’offre, pour une agence de communication pour la communication d’une marque automobile ou par la concrétisation de marchés avec l’étranger,
  • des tirés à part de toute beauté : un livre commémoratif Hermès (réalisé via les Editions du Regard) avec sa reliure en foulard Hermès incroyablement graphique et techniquement complexe, un livre Lancel et son monogramme en cuir embossé.

    Atelier Houdart Relicentre, Paris

    Reliure d’exception pour la maison Hermès

Ce n’est qu’un extrait de la collection privée de l’atelier qui conserve ainsi des prototypes ou des exemplaires surnuméraires, témoignages du savoir-faire des relieurs.

Si vous passez rue Broca dans le 13ème, je ne peux que vous inciter à visiter l’atelier qui fait régulièrement des portes ouvertes. L’atelier organise également des cours et stages pour particuliers et professionnels de tous niveaux dans un local spécialement aménagé proche de l’établissement principal. Les cours sont animés par les membres de l’équipe Houdart.

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Presse à relier

Les vitrines de la boutique sont tout simplement ravissantes. En ce moment elles illustrent le travail des relieurs au boulot et leurs loisirs au repos. Vous verrez qu’il y a des similitudes avec le métier de documentaliste ! Les miniatures sont l’œuvre de Benoîte. Elles rencontrent tellement de succès qu’elles sont régulièrement vendues à des passants. J’ai beau avoir un âge certain ou un certain âge, j’étais comme une petite fille ébahie devant une maison de poupées !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Relieurs au boulot, Benoîte créations

Relieurs au boulot, Benoîte créations

Relieurs au repos, Benoîte créations

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Vitrine, reliure juridique, poupée Benoîte Créations

Sarah, relieuse, fait également des cartes pop-up de toute beauté qui sont visibles sur le site de l’auteur http://www.tinupopup.com/ et en vente via A Little Market https://www.alittlemarket.com/boutique/tinu-504245.html. Un très joli cadeau pour papivores !

Atelier Houdart Relicentre, Paris

Carte pop-up Tinupopup par Sarah

Enfin, l’atelier Houdart se visite en petit groupe via l’organisme Walkmysteps. Prochaine visite le mercredi 18 mai 2016 à 19h30.

https://www.walkmysteps.com/fr/visite-decouverte-paris/262-l-atelier-houdart-reliure-et-dorure-d-art


Atelier Houdart Relicentre, Paris

Equipe Atelier Houdart Relicentre Paris

Atelier Houdart
77 rue Broca
75013 Paris

Tél : 01.43.31.40.36

Mail : houdart@relicentre.fr

www.atelier-houdart.fr (traditionnelle)
www.reliure-dorure-paris.fr (professionnelle)

Métro : Gobelins ou Corvisart

Ouvert du lundi au samedi sans interruption de 9h30 à 17h30 sauf lundi et samedi, de 10h00 à 17h00

Fascicules du juris-classeur

La recherche d’archives juridiques

Comment rechercher les archives d’un texte législatif, d’un fascicule d’une collection à base de feuillets, d’un document administratif, d’une revue juridique ou d’un traité de droit ?

Pour un texte de loi, une question parlementaire

Petit rappel utile…

Voir le site des archives de l’Assemblée nationale pour les comptes rendus des débats parlementaires et les questions et le site du Sénat pour les comptes rendus des débats parlementaires et les questions :

http://www.senat.fr/seances/comptes-rendus.html#archives

http://www.senat.fr/comptes-rendus-seances/5eme/seances/archiveSeances.html

http://www.senat.fr/somtravaux/comptes_rendus/questions/tables_des_questions_1959_1986.html

Les fascicules anciens sont-ils conservés par les éditeurs ?

Rechercher un fascicule ancien d’une collection à base de feuillets donc une collection qui est mise à jour en temps réel en ligne + mise à jour par un remplacement et élimination des feuillets pour la version papier est une gageure !

Compte-tenu du prix du mètre carré à Paris, on comprend facilement que les éditeurs soient peu friands de ce genre de pratique.

Fascicules du juris-classeur

Petit panorama de quelques éditeurs

♦ Chez Lexis

Le service Production conserve sous format numérique, certains vieux fascicules des juris-classeurs.

La demande doit être faite via la Responsable Documentation Madame Anne-Françoise Bidault. Pour justifier la demande, il faut fournir un maximum d’informations : titre du fascicule, auteur, cote, années recherchées.

♦ Chez Lextenso

Frédéric Etchart : « Nous ne conservons malheureusement pas l’historique des anciennes études Joly, cela impliquerait une logistique trop lourde pour des demandes quasi inexistantes. »

♦ Chez Dalloz

Pas de conservation des vieux fascicules, on me renvoie vers la BNF.

Réponse de la BNF :

La BNF conserve en effet les anciens fascicules des publications à feuillets mobiles, quel que soit l’éditeur (à condition que l’éditeur dépose régulièrement : c’est une obligation légale mais il peut y avoir des oublis ou des lacunes dans le dépôt légal, malgré les relances de la BNF).

Concernant les conditions d’accès : les salles de lecture de la Bibliothèque du Haut-de-jardin du site François-Mitterrand (Tolbiac) sont ouvertes à toute personne de plus de 16 ans munie d’un titre d’accès. Les salles de lecture de la Bibliothèque de recherche (sites François-Mitterrand (Rez-de-jardin) et Richelieu-Louvois, Arsenal, Opéra) sont accessibles uniquement sur justification de recherche, après entretien d’accréditation.

Vous trouverez des informations détaillées sur les conditions d’accès à ces salles de lecture sur le site internet de la Bibliothèque, dans la rubrique La BnF> BnF pratique> Conditions d’accès et tarifs : http://www.bnf.fr/fr/la_bnf/conditions_acces_tarifs.html

Les anciens fascicules des publications à feuillets mobiles se trouvent dans la Bibliothèque de recherche du site François-Mitterrand (Rez-de-jardin).
Puis le Service me contacte dans un second message pour m’indiquer la disponibilité des archives recherchées, leur notice bibliographique et leur cote.

♦ Chez Lamyline

Lamy a la particularité d’avoir des ouvrages à mise à jour de deux formats, à savoir : les ouvrages reliés formant une unité documentaire (comme un livre) ou les classeurs à bases de feuillets mobiles.

Il est possible de consulter les archives des vieux Lamy sous format relié mais cette fonctionnalité est peu connue des utilisateurs.

Exemple pour le Lamy Droit du Financement :

Capture Lamyline Archives

Capture Lamyline Archives

Ses archives sont disponibles depuis 1997.

Pour se faire se rendre dans l’onglet Lire/Feuilleter, sélectionner le domaine, puis le type de publication, sélectionner l’onglet ARCHIVES à droite de votre écran, une liste déroulante s’affiche pour chaque titre.

A noter, il n’est pas possible de consulter les archives des collections sous forme de classeurs comme par exemples, les collections du domaine civil ou le Lamy Associations.

Possibilité également sur RDV de consulter directement chez l’éditeur les versions papiers antérieures sous réserve de leur disponibilité dans les rédactions.

Recherche un ouvrage, une revue

Bibliothèque Cujas

Bibliothèque Cujas

Il y a un partenariat entre la BNF et la bibliothèque Cujas pour le dépôt légal des ouvrages juridiques. De ce fait, la bibliothèque Cujas conserve des ouvrages anciens ainsi que toutes les anciennes versions des codes.

Recherches via le catalogue SUDOC : http://www.sudoc.abes.fr/

Ou via le site internet CUJAS : Fonds patrimonial, présentation http://biu-cujas.univ-paris1.fr/fr/node/69

Attention aux conditions de consultation qui sont particulières pour ce fonds documentaire.

Gallica (BNF)

Gallica

La recherche sur ce site n’est pas aisée mais s’améliore depuis la mise en place de la rubrique Les Essentiels du droit

http://gallica.bnf.fr/html/und/droit-economie/essentiels-du-droit

Les Essentiels du droit donnent accès à une sélection de titres fondamentaux numérisés à partir des collections patrimoniales de la BnF et consultables dans Gallica. Le corpus est structuré par type de sources du droit correspondant aux axes de la politique documentaire de numérisation en sciences juridiques de la BnF : sources législatives et réglementaires, jurisprudence, doctrine, sources du droit coutumier et du droit local. Les pages consacrées à la doctrine et aux sources du droit coutumier sont en construction.
Ce programme de numérisation se fonde sur une bibliographie méthodique et raisonnée des ouvrages de droit publiés avant 1945 élaborée par un groupe d’universitaires spécialistes du droit et sur les collections patrimoniales de la BnF conservées par le département Droit, économique, politique en droit et jurisprudence (ouvrages catalogués sous la cote F), ainsi qu’en droit de la nature et des gens et en droit international (cote E*). Certaines des collections signalées peuvent comporter des lacunes : le titre est en cours de numérisation ou le document original ne peut faire l’objet d’un traitement de numérisation.

Voir aussi le très utile article d’Emmanuel Barthe pour mieux s’y retrouver :

Inventaire : les collections anciennes de revues juridiques dans Gallica, une mine jusqu’en 1939

Dans la thématique économique, boursière, fiscale et financière

 Le centre des archives économiques et financières (CAEF) à Savigny-le-Temple

CAEF

Les archives économiques et financières

Le Centre des archives économiques et financières (CAEF) détient des fonds et collections très divers pour chercheurs et amateurs, issus des services des ministères économiques et financiers ou des établissements publics et autorités administratives qui y sont rattachés.

Les archives historiques sont organisées autour de différents pôles : archives des ministres, des directions d’administration centrale et services industriels rattachés au ministère (Imprimerie nationale, SEITA, Monnaies et médailles, Service des alcools, Loterie nationale), archives de la Compagnie des agents de change de Paris.

Ces archives sont complétées de fonds privés et d’une bibliothèque issue de celle du ministère des finances. Les collections regroupent des monographies concernant les principaux champs de compétences du ministère : économie, finances, budget, comptes publics, réforme de l’Etat, législation fiscale, industrie.

Les archives sont conservées et consultables au Centre des archives économiques et financières (CAEF) à Savigny-le-Temple. La salle de lecture est accessible tous les jours sur rendez-vous,
du lundi au vendredi : de 9h30 à 17h30

Archives[at]finances.gouv.fr
Tél : 01.64.87.79.31

Saviez-vous par exemple que le SAEF détient les archives historiques de l’AMF, ainsi que celles de deux organismes qui l’ont précédée, le Comité des bourses de valeurs (1942-1968) et la Commission des opérations de bourse (1968-2003) ?

http://www.economie.gouv.fr/caef/collections-darchives-0?language=fr

De même, François-Xavier Mérigard, souligne dans un message Juriconnexion daté du 18 février 2016 qu’il a fait appel au CAEF pour « retrouver les archives des décisions du CBV (Conseil des Bourses des Valeurs) et les avis de la SBF (Société des Bourses Françaises) qui ne sont pas repris sur le site de l’AMF» et qu’il a eu une réponse sous moins de 48 heures par PDF. « Un bel exemple de réactivité », souligne-t-il.

Je confirme ce point et j’insiste sur le point qu’il est important pour les documentalistes de cabinet d’avocats d’avoir une réponse rapidement. Une réponse plusieurs jours ou semaines après ne sera plus utile à l’avocat demandeur, dans le meilleur des cas, elle servira juste à alimenter la curiosité intellectuelle du documentaliste. Une réponse négative rapide est aussi une réponse !

Pour les archives AMF, voir aussi la Base des Décisions et Informations Financières de l’AMF BDIF – Archives – .

L’AMF met à la disposition du public sur son site internet sa « base des décisions et informations financières » depuis l’année 2009 incluse.

Pour cette base, la consultation du mode d’emploi est un passage obligé surtout si vous êtes un habitué des bases de données juridiques actuelles !

Sinon, pour obtenir de l’aide dans l’utilisation de ce service, contactez : bdif@amf-france.org

Bonne recherche !