Stage carnet

Atelier Initiation au carnet de voyage animé par Cécile Filliette

Stage carnet

Le 16 janvier 2010 j’ai eu la chance de pouvoir assister à un stage d’une journée d’initiation au carnet de voyage animé par Cécile Filliette dont le nom d’artiste est Alma. En une journée, même très dense, il est impossible de faire le tour de la question. Il s’agissait donc plus d’un stage autour de techniques pouvant servir à l’illustration d’un carnet de voyages que de la réalisation d’un début de carnet de voyages.

Comme disait le programme : « une approche ludique et créative pour oser la fraîcheur d’un carnet fait en voyage ».
Oser fut bien le fil conducteur de la journée si l’on se réfère à la devise affichée sur le réfrigérateur de la maison : « ce qui est difficile ce n’est pas d’oser, c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile ».

4 ateliers pour se lancer dans l’aventure : oser le dessin libre et retrouver l’enfant en soi, oser les mots et l’écriture, oser l’abstraction dans le carnet et enfin oser l’utilisation de tous les outils des plus académiques aux plus quotidiens.

Après un tour de tables sur les attentes et les peurs de chacun, Cécile nous parle de sa vision du carnet de voyages.
Pour elle, c’est un rituel quotidien, un moment de méditation, qui oblige à se situer dans le temps, à ressentir l’instant présent intensément et à se concentrer.
C’est aussi l’art de faire émerger le presque invisible, de trouver du beau là où il n’y en a pas forcément. En voyage, le carnet change complètement le regard du voyageur sur le pays visité, comme un voyage dans le voyage.
Néanmoins elle nous confirme qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le prochain voyage pour commencer un carnet car le quotidien peut très bien être source d’inspiration.
Ses paroles font écho en moi lorsqu’elle nous parle du carnet comme d’un moyen de se réconcilier avec l’enfant libre, rêveur, inactif.
Faire un carnet permet selon elle se de dégager du goût de la perfection puisqu’il suffit de se faire plaisir, la seule contrainte étant peut-être un peu de discipline. Sa préconisation est de réaliser une page par jour dans la mesure du possible.
On l’aura compris, il s’agit bien chez elle d’une addiction mais la drogue est particulièrement douce !

Le premier atelier de dessin a pour but de nous apprendre à gérer l’espace, le temps et à faire un bilan de notre capacité à dessiner. Il s’agit d’un exercice autour du portrait. La feuille est divisée en six parties. Dans chaque partie, Cécile nous demande de faire au stylo (car gommer c’est douter !) le portrait de la personne opposée :
a) normalement en 10 minutes,
b) en se servant de la main gauche pour les droitiers et inversement,
c) avec un trait déroulé continu comme si on reliait un point de départ à un point d’arrivée,
d) en fixant la personne dans les yeux avec interdiction de regarder la feuille,
e) en dessinant avec les deux mains de manière simultanée,
f) en dessinant avec les deux mains qui doivent agir de manière opposée, aussi appelé le dessin qui rend fou, à juste titre !

Pour qui n’a pas dessiné depuis l’enfance, attaquer le dessin par le portrait relève de la mission impossible ! Et pourtant l’exercice est pédagogique à bien des égards. Dans mon cas, l’utilisation pour la première fois de ma vie de la main gauche est une révélation. La main gauche qui correspond à l’hémisphère droit du cerveau, siège de l’intuition et des émotions, permettrait un dessin plus expressif, plus vivant, plus sensible. Mes dessins de la main gauche et des deux mains simultanées ont plus de caractère que mon dessin de la main droite. Plusieurs participants sont surpris de la qualité de leurs portraits selon la technique du trait déroulé continu ou celle du dessin sans regarder la feuille. Certaines des techniques abordées permettent de libérer le geste tandis que d’autres trouvent une application très concrète dans le voyage lorsque qu’il faut faire vite face à un personnage qui n’a pas forcément envie qu’on lui dresse le portrait où lorsqu’il est difficile de se concentrer dans un endroit bruyant et encombré (marché par exemple).

Le deuxième atelier a pour but de libérer l’écriture en laissant vagabonder son imagination. Il s’agit en l’occurrence de la technique de l’acrostiche que nous appliquons au mot CARNET.

C comme cahier, craie, couleur, créer, coller, couper, cadrer, caractère, calligraphie, correspondance avec soi-même…
A comme aquarelle, acrylique, artistique, atmosphères, amour du voyage, attentif aux autres,…
R comme rencontres, ratures, récit, rimes, rituel, randonnée, rare, raconter…

et ainsi de suite. L’intérêt de l’exercice réside surtout dans la comparaison des résultats de chacun car un tel brainstorming autour du mot qui a motivé notre inscription ne peut que nous rapprocher.

C’est un exercice judicieux juste avant la pause déjeuner que nous partageons tous ensemble. L’occasion de prendre le temps de découvrir l’atelier de Cécile qui est un endroit magique, idéalement situé dans la cour d’un immeuble parisien, calme et lumineux, décoré de peintures, de souvenirs de voyages et regorgeant comme il se doit de carnets de voyages tous plus beaux les uns que les autres (ceux de Cécile mais aussi ceux de deux participants aguerris qui ont eu la gentillesse d’apporter leurs propres créations).

Après la pause déjeuner, vient la partie « abstraction dans le carnet » ou comment exprimer des sensations et des émotions grâce aux couleurs, au format, à la matière, à la mise en page, au graphisme et à l’utilisation de la surface. Il s’agit alors de tester pastels gras, pastels secs, peinture et collage pour exprimer la colère, la joie, la faim, les picotements, l’atmosphère du repas du midi et une émotion ou sensation à faire deviner aux autres. En se référant à Paul Klee qui aurait dit, « ne me demandez pas ce que je vois mais je que vis« , nous voilà plongés, avec plus ou moins de bonheur dans les joies de l’abstraction. Là encore la confrontation finale des résultats a son importance car si l’on retrouve bien des constantes dans l’expression d’une émotion, chaque individu porte en lui son propre univers de couleurs et de formes.

La dernière partie de la journée est l’occasion de tester quelques outils : comment exprimer l’écume de la vague, le grain d’un rocher ou le frisson d’un feuillage en appliquant du film alimentaire ou du papier d’emballage de livres sur de la peinture ou en recyclant de vielles éponges façon tampon encreur. Tout est prétexte à empreintes, des feuilles d’arbre séchées jusqu’au relief du papier peint de l’atelier. Le sable récupéré vient se coller au bord de mer et les petits sapins dans la montagne vont bien vite à se reproduire sous le pinceau de Cécile. Elle se sert même des techniques qu’elle nous enseigne pour dédicacer quelques exemplaires de son ouvrage avec une rapidité et une maîtrise qui me laissent perplexe. Une fois devant ma feuille mes arbres me semblent peu convaincants en comparaison mais l’essentiel est d’avoir pris plaisir à essayer de nombreux outils et de se rendre compte qu’avec un peu d’exercice et en recyclant les déchets du quotidien (éponge, bougie, plastique, tissu) on peut réaliser de jolis paysages.

Fin de la journée un peu plus tard que prévu avec pour tous une grande excitation à l’idée de tous les possibles qui nous attendent mais aussi pas mal de fatigue du fait d’une journée très dense en contenu et en révélations. Il est difficile de quitter Cécile et son atelier. Elle a bien réussi à nous communiquer sa passion tout en faisant preuve d’un grand sens pédagogique avec le groupe.
Tout comme le programme l’indiquait il s’agissait bien aujourd’hui de trouver liberté et confiance pour entrer dans la page. Ce genre de stage d’initiation me semble important si l’on envisage de se lancer seul ou en groupe dans l’aventure et notamment si l’on projette de faire un stage autour du carnet de voyages sur une période plus longue lors d’un voyage à l’étranger; il faut avoir expérimenté le fait de travailler sur soi-même sous le regard des autres, pour moi, ça ne s’improvise pas.
L’intérêt de la journée ne réside pas tant dans l’apprentissage des techniques que dans la découverte de son propre potentiel créatif; c’est presque une thérapie pour lever les blocages, si blocage il y avait. Nous quittons l’atelier riches de cette expérience.

Le carnet sera-t-il notre addiction de l’année 2010 ?

En savoir +

L’ouvrage de Cécile sera bientôt réédité mais elle a encore des exemplaires en stock.

Le blog de Cécile où elle indique son parcours, son actualité, ses stages, ses voyages à l’étranger, ses publications : http://atelier-metaforme.over-blog.com/

Voir aussi un dossier spécial dans la revue Dessins & Peintures n° 43 de juillet-août 2009 : « Carnet de vacance, carnet de voyage, carnet d’aventure« , avec notamment une interview croisée de Cécile Alma Filliette, Patrick Martin et Alain Marc.
Possibilité de commander les anciens numéros sur le site internet de l’éditeur.

 

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Publié le 23/07/2014

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  1. […] organise des stages de carnets de voyages à Paris, parfois même dans son atelier, un peu partout en France et un peu partout dans le […]

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