Légifrance mockup

Le nouveau Légifrance, chantier toujours en cours

Nul n’est censé ignorer la loi, et pourtant depuis le 12 septembre 2020, date de basculement de l’ancien Légifrance vers la version actuelle, il semblerait que les professionnels du droit se sentent désemparés devant cette nouvelle version de la base du service public de diffusion du droit, voir même, pour certains d’entre eux, en grande détresse documentaire.

Plusieurs tribunes se sont fait l’écho de cette détresse, certains incitent même à signer une pétition pour qu’on leur rende leur bon vieux Légifrance.

Légifrance-20 : faut-il dire le ou la ? par Alain Bénabent in Recueil Dalloz 2020, p. 2393
LégiGoogle par Philippe Conte in JCP G n° 52, 21 décembre 2020, § 1440

Un retour en arrière semble peu probable. Je liste ici quelques ressources pour aider à mieux appréhender le nouveau Légifrance.

Cet article sera régulièrement mis à jour en fonction des supports mis à disposition

Aide Légifrance

Le guide de prise en main rapide (septembre 2020)

https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/Media/Files/en-tete/legifrance-modernise-guide-de-prise-en-main-rapide-v1.2.pdf

Le guide des cas d’usage (14/12/2020), des cas pratiques de recherche avec copie d’écran

https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/Media/Files/en-tete/legifrance-guide-de-cas-d-usage.pdf

A propos de cette version liste les corrections et mises à jour apportées au site depuis son lancement en septembre 2020

https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/pied-de-page/a-propos-de-cette-version

A ne pas confondre avec Information de mises à jour, qui elle, liste la date de mise en ligne des différents fonds documentaires afin de vous éviter de chercher une référence qui ne serait pas encore intégrée à la base (par exemple, une jurisprudence de la Cour de Cassation qui serait déjà disponible sur le site de la Cour de cassation mais pas sur Légifrance).

https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/en-tete/informations-de-mises-a-jour

Les webinaires, sont à regarder en replay sur la chaîne Youtube Légifrance

https://www.youtube.com/channel/UCmFgGy1_Z3i_r86I49s5ZVQ/

L’info sur les futurs webinaires ?

Assister aux webinaires est une façon de perfectionner sa recherche sur le nouveau Légifrance, d’être alerté sur les dysfonctionnements en cours de correction et de soumettre ses propres remarques de corrections. Malheureusement ils ne sont pas tous enregistrés. Comment être alerté(e) ? En suivant le compte Twitter de la DILA ?

Compte Twitter de la DILA https://twitter.com/DILA_officiel

Ou via les messages de la liste Juriconnexion.

Retour d’expérience

Rechercher un arrêt avec un numéro de Bulletin Civil dans le nouveau Légifrance

Depuis quelques temps, j’ai remarqué que les stagiaires (avocats ?) reprennent les recherches dans le Bulletin Civil papier. Faut le faire tout de même ! Surtout en période de télétravail renforcé.
Lorsque je reviens en présentiel au cabinet, je dois ranger des volumes qui sont restés sur la table de consultation. Chez nous, les bulletins civils papier, qui à priori, n’ont plus aucun intérêt depuis que la version en ligne de Légifrance existe, sont rangés à plus de 2m de hauteur. Avez-vous déjà essayé de monter sur une échelle à 2m avec des talons et un masque ? C’est un exercice très périlleux car le masque amplifie la perte d’équilibre. Un accident du travail est vite arrivé !
J’ai ma petite hypothèse sur cette situation. Le/la personne ne sait pas (ou n’a jamais su) comment utiliser la recherche experte/avancée dans Légifrance, d’où ce retour au bon vieux papier, une valeur sûre !

Du coup, un petit topo ici sur la recherche d’un arrêt avec un numéro de bulletin dans le nouveau Légifrance.

Légifrance
Bas de l’écran, cartouche Accès rapides
Choisir Jurisprudence judiciaire

Colonne de gauche Passer en recherche avancée en appuyant sur le bouton bleu marine avec la flèche qui fait une boucle

Et là miracle, on retrouve le bloc Par publication au bulletin qui permet d’entrer le numéro au bulletin

Lancement de la recherche TOUT EN BAS de la page dans un bloc bleu marine !

Franchement, c’est tellement peu intuitif que j’oublie d’une fois sur l’autre !

Je crois que j’ai fait ce mémo rien que pour m’aider à mémoriser la manip en l’écrivant.

Des analyses

A souligner l’important travail d’analyse d’Emmanuel Barthe

Le nouveau légifrance : analyse raisonnée de la nouvelle version, article régulièrement mis à jour, très dense, résumé en début d’article.

https://www.precisement.org/blog/Le-nouveau-Legifrance-analyse-raisonnee-de-la-nouvelle-version

Je me pose tout de même la question : est-ce bien normal de devoir lire un article scientifique de 50 pages pour essayer de s’y retrouver dans une base censée être plus simple ?

Mais je rejoins Emmanuel Barthe sur son analyse qu’il ne sert à rien de pleurer sur le vieux Légifrance et de demander son retour. Il vaux bien mieux travailler de concert avec la DILA en faisant remonter nos observations pour que les correctifs soient mis en place, l’ergonomie améliorée et pour espérer bénéficier au plus vite des nouvelles fonctionnalités du nouveau Légifrance. Des améliorations importantes comme la création d’un espace utilisateur pour gérer la veille sont dans la feuille de route depuis le début.

Voir notamment son article, Légifrance ou la critique, rançon du succès

https://www.precisement.org/blog/Legifrance-ou-la-critique-rancon-du-succes.html

On peut aussi compter sur le travail du groupe Juriformation de Juriconnexion.

Et pour présenter Légifrance à l’international, voir l’article :
Here comes the new Légifrance par Michel Fraysse, 15/12/2020

La profession juridique est par nature une profession traditionnelle qui a ses habitudes. La résistance au changement y est forte. Et pourtant, le nouveau Légifrance est arrivé dans une année où tout était à réinventer ! Gageons que d’ici quelques mois le nouveau Légifrance n’aura plus de secret pour nous !

Mise à jour de l’article

Quelques suggestions pour la version modernisée de Légifrance par Antoine Hontebeyrie in Recueil Dalloz, 28 février 2021, n° 7, pp. 358-359 : dans cet article consacré au module de recherche avancé de la jurisprudence judiciaire, l’auteur demande des améliorations concrètes de la base comme par exemple l’amélioration de la recherche sur les champs Titrage et résumés, le retour de la troncature * et plusieurs améliorations d’ergonomie liées à la recherche ou à l’impression de la jurisprudence.

Jeune femme lisant le journal

Transformation numérique du monde du droit, réponse à Monsieur Cassar

La thèse de Bertrand Cassar fait couler beaucoup d’encre dans le petit milieu de la documentation juridique et pour cause !

En effet, l’auteur, dans une tribune datée du 2 février 2021 où il présente sa thèse, s’inquiète de la disparition de notre métier :

Toutefois, le recours à de nouvelles techniques est également porteur de certaines mutations sociales. À titre d’exemple, des fonctions support – à l’instar des documentalistes – pourraient être impactées par la transformation numérique du monde du droit.”

Cet article n’aborde qu’une infime partie de la thèse de Monsieur Cassar, à savoir la partie sur la transformation numérique des documentalistes juridiques. N’hésitez pas à consulter l’ensemble de la thèse (voir les liens en fin d’article).

Il est tellement rare que l’on parle de notre métier qu’il faut s’en réjouir.
Malheureusement la satisfaction de voir notre métier reconnu dans une thèse de droit est de courte durée puisque Monsieur Cassar prédit notre disparition (ou une éventuelle transformation en prestataire de service externalisé pour les plus chanceux) non sans au préalable avoir formé, comme il se doit, les futurs juristes augmentés. Suis-je digne de ce formidable don du sacrifice que Monsieur Cassar nous prête ? Je ne crois pas…

Ce billet est donc un billet d’humeur sur ma façon de voir les choses.

Cool on parle de nous…mince nous sommes une espèce en voie de disparition

Quelques extraits de la thèse de Monsieur Cassar

Extrait du paragraphe 102

La transformation numérique tend à automatiser le savoir-faire et favorise la gestion des diverses ressources numériques. Les documentalistes voient progressivement décliner l’intérêt pour leurs missions, alors qu’ils ont, pourtant, été parmi les premiers à comprendre l’importance de l’informatique juridique. Avec l’usage de l’intelligence artificielle dans les recherches juridiques, ces professions sont progressivement remises en question. Nous supposons que, au fur et à mesure qu’apparaîtront des juristes augmentés, le nombre de représentants de ces métiers diminuera. […]

103. Les documentalistes juridiques, et plus précisément le knowledge manager, sont des métiers qui, à défaut de disparaître, devraient voir leur population diminuer dans les années à venir. Toutefois, et pour poursuivre plus en avant le raisonnement, il est nécessaire d’envisager dans quelle mesure cette profession n’opèrerait pas davantage une réorientation sur sa plus-value professionnelle (v. n° 852 ss.).

854. Nous pensons que cette profession va s’externaliser des structures auxquelles elles appartiennent actuellement. Le nombre de documentalistes juridiques va diminuer fortement au sein des entreprises, en parallèle de l’émergence de sociétés de conseils en stratégie, de veille ou d’informations thématiques personnalisées (v. n° 103 s.). La gestion des données en interne sera portée par une fonction qui pourrait regrouper à la fois les missions du knowledge manager ainsi que celles du délégué de protection des données et porterait sur des aspects stratégiques. Ces professions devraient toutefois diminuer en nombre de leurs représentants.

Extrait du paragraphe 901

Les documentalistes ou les knowledge manager devraient, quant à eux, progressivement s’externaliser au sein de société en conseil stratégique, de veille ou d’informations thématiques personnalisées ; après avoir participé à la formation du juriste aux enjeux du numérique (v. n° 852 ss.)”

Merci MAIS

Tout d’abord : “Merci Monsieur Cassar de vous intéresser à notre métier et de vous préoccuper de notre sort”. J’aimerais cependant exprimer mon point de vue.

  1. Les documentalistes sont des personnes très agiles qui ont accompagné la transformation numérique des bases de données, du minitel (un truc que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître) aux bases de données juridiques actuelles et notamment celles des legaltechs dopées à l’intelligence artificielle (IA).

Nous avons connu :

  • l’émulateur de minitel et le 3615 code JOEL (qui n’était pas une messagerie rose mais une sorte d’ancêtre de Légifrance);
  • les premières bases de données sur support CD-ROM;
  • la base de donnée client-serveur et son langage machine codé nécessitant bac + 6 pour mettre en place une équation ou bien une réglette d’interrogation à positionner sur son clavier d’ordinateur pour accéder aux commandes (Lamy si tu nous écoutes, je veux bien une réglette collector pour Noël 2021, j’ai tellement de regret d’avoir jeté la mienne !);
  • la connexion internet par modem, puis les premières bases de données sur internet;
  • toutes les versions des bases de données actuelles, avec ou sans bugs;

alors ce n’est pas un peu d’IA, de chabot, de machine learning, qui vont nous faire peur !
On peut dire que la mutation technologique de notre métier s’opère depuis les débuts de l’informatique documentaire.

  1. Il n’existe plus, à ma connaissance, de bibliothécaire documentaliste mono-tâche à l’ancienne (colle / papier / crayon), depuis au moins 30 ans. Les documentalistes ont compris depuis bien longtemps, qu’il fallait cumuler les activités pour justifier leur poste. Même si la recherche juridique demeure une tâche importante, cela ne les empêche pas d’occuper de nombreuses fonctions comme veilleur juridique, Knowledge Manager (KM), archiviste, webmaster, responsable procédures e-barreau, responsable RGPD, responsable communication, responsable compliance, etc…
    J’en parle sur ce blog des évolutions du métier de documentaliste juridique depuis plusieurs années déjà, voir par exemple : https://www.serendipidoc.fr/les-evolutions-du-metier-documentaliste-nouvelles-fonctions/

On peut donc dire que la mutation professionnelle, liée à la transformation numérique est en cours depuis plus de 20 ans.

  1. Dans transformation numérique, on ne parle que NUMERIQUE et bases de données NUMERIQUES.
    Le métier de documentaliste juridique est-il exclusivement numérique ? Il l’est en grande partie, certes et avec la pandémie et le télétravail, il le devient par obligation. On ne peut le nier. Toutefois, avez-vous trouvé un robot qui :
  • gère le budget, les factures, les négociations commerciales avec les éditeurs traditionnels ou les legaltechs ?
  • forme les stagiaires et les avocats ?
  • commande, réceptionne, enregistre, range et distribue codes, traités, mémentos, ouvrages de toutes sortes ? Demandez à un avocat qui a le choix s’il préfère un code papier ou un code numérique !
  • sait chercher dans la Gazette du Palais papier – papier je répète ce mot car il est encore bien présent dans les notes juridiques et pourtant tout le monde l’ignore – de 1960 ?
  • utilise son expertise et éventuellement son réseau pour trouver un document difficile d’accès ?
  • produit une veille juridique, concurrence, métier pour la structure qui l’embauche ?
  • produit toutes sortes de produits documentaires, de la revue de presse à la synthèse juridique, de la base de précédents à l’intranet documentaire ?

Non, définitivement non, le métier de documentaliste juridique, ne peut se réduire à l’utilisation, même experte, des bases de données juridiques. Un/une documentaliste juridique gère du papier, des contacts, du numérique. Un/une documentaliste juridique ne se contente pas de faire des recherches sur bases de données ou de la veille, il/elle gère l’ensemble du processus documentaire.

La transformation numérique est une réalité qui nous réjouit car elle est synonyme de progrès mais la vie professionnelle n’est pas que numérique, elle est bien plus vaste.

  1. D’ici quelques années, la question ne sera d’ailleurs peut-être plus : “attention, vous allez être ubérisé-e-s ou attention, on va vous virer” mais “comment recruter un/une documentaliste juridique” si j’estime que cette fonction support est un atout pour ma structure ?

En effet, il semblerait que le milieu juridique soit très peu sexy auprès des nouvelles générations. Qui veut travailler dans un milieu réputé difficile, qui ne compte pas ses heures, capitaliste, exigeant ?
Personnellement ce milieu me va très bien et j’accepte pleinement ses codes et ses contraintes car je mesure aussi ses avantages (j’ai la chance aussi de travailler pour une très belle maison).
Croyez-moi, ça ne se bouscule pas au portillon pour exercer ce beau métier de documentaliste juridique, parole d’enseignante à l’EBD (Ecole des Bibliothécaires Documentalistes, Paris). Qui acceptera d’être multi-casquettes, d’être le couteau suisse de la doc juridique de demain ?
Même les meilleures d’entre nous nous quittent pour d’autres vies en province et elles ont bien raison ! (coucou Elsa Bartolucci responsable projet chez PMBServices dans la Sarthe, coucou Sandrine Esclangon dans la transformation digitale des enseignants dans le Tarn et Garonne).
Le métier de documentaliste juridique ne va peut-être pas disparaître par ubérisation mais tout simplement par manque de candidats !
Et quand bien même, une autre vie après la doc juridique, c’est possible, certains même y pensent peut-être déjà ?

Plus de jus de cerveau ! De l’espoir enfin !

Paragraphe 104 (extrait)

L’acquisition exponentielle de l’habileté numérique par les juristes va, en conséquence de la transformation numérique, réorienter certaines professions vers des domaines d’activités similaires, et les reconcentrer sur leurs plus-values intellectuelles.

C’est étrange mais justement j’en parlais ici dans mon article sur l’analyse des documents juridiques.

Merci les legaltechs, merci l’innovation, grâce à vous nous allons enfin pouvoir démontrer notre intelligence !

Enfin mesurons notre enthousiasme

Extrait du paragraphe 901

Les documentalistes ou les knowledge manager devraient, quant à eux, progressivement s’externaliser au sein de société en conseil stratégique, de veille ou d’informations thématiques personnalisées ; après avoir participé à la formation du juriste aux enjeux du numérique (v. n° 852 ss.)

Faut pas pousser non plus ! On veut bien les former les futures juristes numériques, c’est une de nos missions d’ailleurs, mais on garde aussi des cartes sous le coude, des trucs et astuces de recherche et de veille qui sont le fruit d’une solide expérience, d’une curiosité et d’un esprit geek présent en chacun de nous. Nous sommes conscients de notre valeur ajoutée et nous saurons la défendre.

Cela va prendre beaucoup de temps avant que tous les juristes deviennent augmentés. Ce n’est ni une question d’âge, ni une question de formation, certains ont encore une vision très traditionnelle de leur métier. Et puis la formation universitaire ne suit pas. Mais ça je crois que c’est une des recommandations de votre thèse qui me semble être une action prioritaire à mener.

Je me répète mais qui vous fera la copie de la Gazette du Palais 1960 (j’y tiens) ? Qui vous apportera votre code de commerce 2022 tout frais sur votre bureau, avec une étiquette à votre nom, le lendemain de sa parution ? Qui va s’occuper de vous rétablir la connexion aux bases de données lorsqu’un éditeur (traditionnel ou Legaltech) aura décidé de changer le mode d’accès à sa base sans vous prévenir ? La boite de veille externalisée ? C’est bien joli l’externalisation, mais je persiste à croire qu’il reste important qu’une fonction support soit intégrée à la structure qui l’embauche pour s’adapter à ses besoins, pour les anticiper, pour servir au mieux, pour contrôler et rentabiliser des investissements documentaires coûteux.

Ceci dit, parfois l’externalisation des ressources humaines est la seule façon pour une structure qui n’a pas les moyens d’héberger in house une fonction support de conserver un service de qualité.

Sans rancune Monsieur Cassar, on refait le point dans 10 ans ? Et qu’on me “pulvérise façon puzzle” si je ne sers plus à rien !

Libre propos, billet d’humeur, ces propos n’engagent que moi.

Pour en savoir plus 

Synthèse de la thèse de Bertrand Cassar sur Archives ouvertes (HAL) https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03121576

Thèse de Bertrand Cassar sur Archives ouvertes (HAL) https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03121576/document

Dalloz actualités, le 02 Février 2021, La transformation numérique du monde du droit, Par Bertrand Cassar

https://www.dalloz-actualite.fr/node/transformation-numerique-du-monde-du-droit#.YBlyN9hKhnK

Le Monde du droit, 29 janvier 2021, Une thèse sur la transformation numérique du monde du droit et le rôle des Legaltech, Par Arnaud Dumourier

https://www.lemondedudroit.fr/interviews/73313-these-transformation-numerique-monde-droit-legaltech.html

Quelques commentaires

Suite à la publication de l’article. Ils sont publiés avec l’autorisation de leurs auteurs.

Stéphane dit :

« On sait très bien que le rêve de bien des cabinets, c’est de nous transférer dans des structures moins chères, d’avoir moins d’espaces de docs, moins de personnels non juridiques, des bases de données plus agiles, des flux d’info plus ciblées… mais c’est un rêve !

Parce que dans un contentieux technique, il y aura toujours une Gazette du Palais 1957, un DH 1934, une revue banque 1985, et des rapports parlementaires de 1983 sur la loi bancaire… que les stagiaires ne savent pas chercher. Et qu’en dehors de nous, personne n’a conservé le rapport de la COB de 1993, le rapport Vienot sur la Corporate Governance de 1995. Tellement de trésors inutiles, sauf quand on en a besoin !!

Et puis Carole a raison, nous avons survécu à toutes les vagues IT. Du minitel au cloud. A priori, contrairement à ce qui se dit, elles nous ont plutôt profitées. Jamais il n’y a eu autant d’infos à traiter. Et même l’arrivée de l’IA peut nous être bénéfique. Qui ira mettre les doigts dans la machine pour comprendre et en retirer tout le jus ? Les juristes ? Il faut des gars comme Emmanuel Barthe pour comprendre tout ça, et nous derrière pour voir ce qu’on va en retirer.

J’ai mis le nez dans les outils Doctrine et Prédictice d’analyses de conclusions. Et la conclusion est qu’en dehors de ce qui est déjà disponible en libre, tout le reste est pour nous… Retour à la Gazette de Carole !! »

Michèle Bourgeois dit :

« Finalement, en dépit des fantasmes sur l’Intelligence Artificielle, dont François Pellegrini nous a rappelé à juste titre lors notre journée 2018 qu’elle était une aptitude à traiter une masse d’informations, mais pas une compréhension et une réflexion sur ces mêmes informations, il n’en reste pas moins que notre métier est aussi un métier de connexions humaines.

Pour ma part, je l’ai pratiqué au travers de l’organisation de la réunion annuelle des juristes et fiscalistes de Saint-Gobain pendant 18 ans. Et je continue à pratiquer les connexions humaines comme vous tous au travers de la formation des juristes, qu’ils soient expérimentés, jeunes professionnels ou stagiaires, et aussi au travers de l’animation de communauté grâce à une newsletter, et également au travers du service apporté quotidiennement de veille, de recherches, de commandes de livres, de revues,…

Alors la mort de nos métiers n’est pas pour demain ! »

Crédit photos : quelques photos anciennes de femmes qui lisent trouvées sur Gallica. Ces images n’ont rien avoir avec le sujet..quoique..elles trahissent sans doute la vision « old school » que je conserve du métier même si la publication de cet article sur un medium numérique prouve bien que je ne suis pas que « old school » !

Interview d’Arthur Sauzé

En 2020 j’ai découvert la chaîne Youtube d’Arthur Sauzé. Dans cette interview, j’ai souhaité en savoir plus et recueillir le témoignage de cet acteur majeur de la legaltech

Livres blancs sur la veille

Dans cet article je liste quelques livres blancs sur la veille. Témoignages de veilleurs, conseils méthodologiques.

Avant après la crise sanitaire, ce qui risque de changer dans nos pratiques

Comment nos pratiques documentaires ont-t-elle été impactées par la crise sanitaire ?

PMB, we binaire du 11 juin 2020, portail, refonte

Refaire un portail PMB, webinaire du 11 juin 2020

Rapide compte-rendu du webinaire PMB Transformez votre portail documentaire en outil stratégique, 11 mai 2020.

Interview d’Arnaud Dumourier

Portrait Arnaud Dumourier

Un tweet du 18 mai 2020 a attiré mon attention. Dans ce tweet, Arnaud Dumourier, Directeur de la rédaction Le Monde du Droit et journaliste juridique, célébrait ses 10 ans chez LegalNews.

A celui qui a interviewé des centaines de personnalités du monde du droit, j’ai souhaité retourner le micro.

Quel est votre parcours ?

J’exerce dans le monde du droit depuis 20 ans. J’ai un parcours assez atypique mais le fil conducteur de ma carrière est l’information juridique.
J’ai débuté comme documentaliste juridique dans des cabinets d’avocats d’affaires internationaux et déjà à cette époque je m’intéressais à la création de sites web juridiques.
J’ai donc fait partie des premiers blogueurs juridiques. J’ai notamment créé en 2002 JuridicOnline, le portail du droit en ligne et JuriBlogs, un répertoire de blogs juridiques en 2005. Ces expériences ont été pour moi un véritable virage, le point de départ de ma nouvelle carrière : entre 2004 et 2010, j’ai eu la charge de constituer des bases de données juridiques, d’abord pour une start-up dans le domaine des marchés publics, puis pour un éditeur juridique. J’ai toujours aimé l’information, le contenu. J’ai toujours voulu être journaliste. En tant que passionné de sport – notamment de football – plus jeune, je voulais devenir journaliste sportif, mais je m’épanouis pleinement en tant que journaliste juridique !
Et un jour en 2010 j’ai rencontré la direction de LegalNews (éditeur de LegalNews.fr et du Monde du Droit notamment) qui m’a proposée de prendre la tête de la rédaction.
Naturellement, j’ai accepté ce nouveau défi. Et aujourd’hui, ça donne le vertige, ça fait 10 ans…

La crise sanitaire a-t-elle été un accélérateur de changement ?
Quel sera son impact sur votre activité ?

Nous avons réactivé notre groupe WhatsApp de la rédaction qui avait été créé lors des dernières grèves liées à la réforme des retraites. Dès mon arrivée chez LegalNews, j’avais initié un Wiki pour favoriser la diffusion d’informations dans notre rédaction. Il nous sert beaucoup dans cette période où nous travaillons encore majoritairement en télétravail. On y partage notamment notre planning éditorial ainsi que nos deadlines. Etant donné que notre activité est uniquement sur le web, notre seule « contrainte » était la gestion des équipes.
Avec ces outils, nous avons donc pu continuer notre activité sereinement.
Par ailleurs, nous nous sommes rapidement posé la question de savoir comment nous pouvions être utiles à nos lecteurs durant la période de confinement. Nous avons donc développé un format de podcasts sur les grands enjeux des entreprises et l’actualité «chaude ».
Toute la France confinée, avec un tel niveau de gravité dans la crise sanitaire, qui a vécu cela ? Pour le journaliste que je suis, c’est inédit. Nous constatons une augmentation de 30% de notre fréquentation sur nos sites internet car les conséquences juridiques et financières sont très importantes dans tous les domaines. Sur Linkedin : + 56 % de croissance. Nous venons de passer la barre des 22.000 abonnés. Est-ce que cela durera ?
Difficile à savoir mais je ferai tout pour que cela dure !
En tout état de cause, même si la crise sanitaire a renforcé le travail collaboratif et a permis que nous expérimentions le podcast, je pense que le rôle du journaliste juridique restera identique à savoir sélectionner l’information juridique pertinente, la commenter et essayer de la rendre intelligible.

Un rappel sur Legalnews et sur Le Monde du Droit ?

LegalNews.fr est un portail de veille juridique à destination des avocats et des juristes. On peut y retrouver l’actualité juridique et jurisprudentielle dans les principaux domaines du droit.

Le Monde du Droit est en revanche un magazine d’informations juridiques qui propose des décryptages, des interviews, des commentaires de l’actualité, ainsi que les nominations et les deals. Le Monde du Droit compte 180.000 visiteurs uniques par mois, 80.000 professionnels abonnés à sa newsletter et plus de 45.000 followers sur les réseaux sociaux.

La chaîne TV du Monde du Droit se fait l’écho des débats qui animent la profession et interroge tout au long de l’année ses principaux acteurs : institutionnels, dirigeants de sociétés, directeurs juridiques, avocats et experts reconnus… Fort d’une communauté fidèle et active, Le Monde du Droit organise également des événements professionnels ( Palmarès du Droit , Rencontres Business …) qui mettent en avant les talents et les initiatives du monde juridique.

En 10 ans, qu’est ce qui a changé en terme
– de contenu, d’information
– de technologies de veille, de mise à disposition de l’information
– de rapport aux autres, de communication

En ce qui concerne les contenus, j’observe que tous les acteurs font désormais des contenus gratuits. Il y a 10 ans, tous les contenus étaient quasiment tous exclusivement disponibles sur abonnement !
Par ailleurs, de nouvelles formes de contenus se sont développées comme les vidéos, les podcasts ou encore les infographies.
S’agissant des technologies de veille et de mises à disposition de l’information, il me semble que les réseaux sociaux – et particulièrement Twitter – ont bouleversé le rapport à l’information. L’information nous parvient presque instantanément. Et par flux… C’est ce qu’on appelle communément l’infobésité. Il faut donc arriver à digérer toutes ces informations. Il faut donc être davantage vigilant dans la sélection et le traitement de l’information juridique. C’est le défi quotidien du journaliste juridique que je suis.

Votre secret pour bien vieillir ?

J’essaie sans cesse de me renouveler, de trouver de nouvelles façons de faire évoluer nos publications. Par exemple, il m’a semblé important de développer la vidéo comme le faisaient certains médias dans d’autres secteurs. C’est ainsi que depuis plusieurs années, j’ai la particularité de réaliser des interviews et reportages avec mon smartphone. Ce format est apprécié de nos visiteurs. J’ai d’ailleurs était récompensé d’une caméra d’or lors de la dernière édition des Plumes et Caméras de l’Economie et du Droit pour un reportage sur le Code européen des affaires.

En outre, je suis impliqué dans différentes associations professionnelles (Cercle des Journalistes Juridiques, Open Law ), ce qui me permet de suivre avec attention l’évolution du marché du droit et de réfléchir à l’avenir de la profession.
Je dispense également des formations sur la veille juridique, l’écriture web ou la réalisation de vidéos sur smartphone pour les professionnels du droit avec le collectif Ateliers by design et suis chargé d’enseignements sur la veille juridique et le traitement l’information juridique à Paris 1 ( DU Droit et Informatique ) et Paris 2 ( Master 2 Communication juridique, sociologie du droit et de la justice ). Ce contact avec les étudiants est extrêmement enrichissant.
S’il faut se renouveler, cela ne signifie pas tout remettre en question, mais il faut se demander si ce que l’on publie correspond toujours aux attentes de nos lecteurs.
Pour ce faire, je consulte régulièrement nos statistiques web. Je suis également attentif au retour de nos lecteurs lorsqu’ils contactent notre rédaction. Je regarde de près aussi l’évolution du marché du droit qui s’est renouvelé avec l’apparition des legaltech. Les professionnels du droit effectuent leur transformation numérique et exigent une grande réactivité de notre part.
Enfin, si une publication porte beaucoup l’empreinte de son rédacteur en chef, on ne peut pas être seul pour vivre des publications comme LegalNews et Le Monde du Droit. J’ai la chance de pouvoir compter sur mon équipe pour m’aider dans mes réflexions et contribuer à la réussite de nos projets.

Un (ou plusieurs) évènement(s) marquant(s) de ces 10 dernières années ?

L’avènement des legaltech. Cela profondément bouleversé le marché du droit. Cela a accéléré la transformation numérique des professionnels du droit même si pour le moment ce n’est pas la grande révolution annoncée.

Une vision pour les 10 années à venir ? Des projets ? Des évolutions ? Des innovations à suivre de près ?

La consolidation dans le marché des legaltech va se poursuivre.
D’ailleurs, la crise sanitaire pourrait très bien accélérer les choses.
A suivre…

Côté innovation, je suis avec beaucoup d’intérêt le développement des solutions de justice prédictive. Cela pourra être un formidable outil d’aide à la décision pour les professionnels du droit à condition d’avoir des statistiques fiables c’est-à-dire des bases de données de jurisprudence avec suffisamment de décisions. Par conséquent, la réussite de la justice prédictive est liée, en partie, à la réussite de l’open data des décisions de justice.
Evidemment, il faut aussi y associer une intelligence artificielle performante.
S’agissant de nos projets, nous travaillons sur une refonte de LegalNews qui devrait sortir avant l’été.
En ce qui concerne Le Monde du Droit, nous venons de moderniser notre studio TV avec la récente acquisition de Décideurs TV . Ce rachat nous donne des moyens techniques dont nous ne disposions pas précédemment pour réaliser de nouveaux programmes, couvrir des événements et retransmettre en direct.
Nous innovons constamment dans nos activités, c’est quelque chose de fondamental pour moi. C’est motivant d’avoir des projets à porter.

Des conseils pour les lecteurs de Sérendipidoc qui comme vous sont souvent multi-casquettes ?

Restez vous-mêmes. Quoi que vous fassiez prenez du plaisir !
Ne pas hésiter à essayer de nouvelles choses, à se former.
L’avenir appartiendra à ceux qui ont plusieurs cordes à leur arc. J’en suis convaincu.

Des ressources autour du métier de journaliste juridique pour ceux qui voudraient faire ce métier ?

Je vous propose de consulter le site du Cercle des journalistes juridiques, association qui regroupe des journalistes juridiques, afin de mieux connaître notre métier. Et si vous êtes journaliste, je vous invite à y adhérer.

Merci Arnaud  pour ce retour sur vos 10 ans d’activité. Votre parcours est très inspirant dans une période où justement les lecteurs de ce blog peuvent chercher l’inspiration pour se renouveler.

De l’importance du métier de documentaliste en période de crise sanitaire

Les documentalistes ont des atouts à faire valoir en période de crise sanitaire.

J’ai cherché (rapidement) pour Stéphane Lefer (rédacteur de la newsletter BibBipNews) une source sur l’importance du métier de documentaliste en période de crise sanitaire et je n’ai pas trouvé. Du coup je me suis dit qu’il fallait que j’écrive quelque chose moi-même, un peu pour moi comme un « feel good article », un peu pour la nouvelle génération de documentalistes et un peu aussi pour ceux qui nous embauchent. Mon point de vue est celui d’une documentaliste juridique mais je vais essayer d’élargir à d’autres secteurs. Je vous invite à compléter l’article par vos commentaires si vous estimez que j’ai oublié un point important.

Lutter contre l’infobésité

On le sait depuis longtemps,

trop d’info tue l’info

cette période de crise sanitaire renforce la sensation du trop plein d’information à trier : la bonne information à la bonne personne au bon moment, c’est plus que jamais notre mission.

Lutter contre les fake-news par le recoupement des sources

Dans le secteur juridique avec un public très éduqué nous n’avons pas à gérer ce genre de problème mais on peut imaginer que c’est une priorité dans d’autres secteurs.

Faire de la veille

Plus que jamais la veille (juridique, économique, concurrentielle, métier) est importante pour éclairer nos utilisateurs, les aider à interpréter les mesures foisonnantes prises par le Gouvernement et leur fournir de la matière pour anticiper les questions de leurs clients. La recherche de documents exclusifs (projets d’ordonnances, commentaires exclusifs, lettres confidentielles) a aussi mobilisé beaucoup de veilleurs juridiques.

J’imagine à quel point cette veille est cruciale en ce moment dans le milieu médical, dans le milieu pharmaceutique et dans le milieu de l’industrie de matériel médical ainsi que dans tous les secteurs de l’économie mis à mal par la crise économique.

Aider à la recherche dans une période où avoir une belle bibliothèque papier n’est plus un atout

La richesse d’une bibliothèque juridique tenait auparavant dans un fonds documentaire papier varié, mis à jour, ordonné, avec beaucoup d’antériorité. Avec l’arrivée des bases de données (et parfois aussi à la faveur de déménagements), cette position a évolué pour laisser plus de place au numérique même si le papier restait souvent une source confortable fort appréciée des utilisateurs. Avec le confinement, le télétravail et la fermeture des bibliothèques juridiques privées ou publiques, certaines sources, disponibles uniquement en papier ne sont plus accessibles.
Le/la documentaliste devient l’arbitre de ce qui est possible et de ce qu’il n’est plus possible de trouver pour cause de confinement avec parfois une certaine ingéniosité pour contourner le problème mais à l’impossible nul n’est tenu !
Pour se rassurer, on pourra aussi souligner que dans la recherche d’information, même une réponse négative est une réponse.

Valoriser les sources numériques

Pendant du point ci-dessus, le/la documentaliste doit valoriser au maximum les sources numériques disponibles en s’assurant de leur bon fonctionnement, en formant les utilisateurs à distance, en négociant au besoin avec les éditeurs afin d’étudier l’élargissement temporaire des abonnements et en valorisant des contenus parfois ignorés.

Dans le milieu juridique, l’accès gratuit à l’information a été grandement facilité par de nombreux acteurs, une politique gagnant-gagnant où l’éditeur offre du contenu et où le juriste initialement peu équipé, peut tester gratuitement presque toutes les plateformes.

Dans le pire des cas, il restera de ces initiatives, une image de marque positive car l’éditeur s’est montré solidaire et proactif (ce qui est important de nos jours). Dans le meilleur des cas, on peut en tout cas l’espérer pour les éditeurs, mais cela dépendra beaucoup de la reprise, l’utilisateur ressentira une sorte « d’addiction » qui se concrétisera par de nouveaux abonnements une fois la crise passée.

Dans nos échanges avec les éditeurs, on mesure aussi l’importance des réseaux et notamment l’importance de l’association Juriconnexion qui dès le début du confinement a partagé sur sa liste de distribution les ressources gratuites mises à dispositions par les différents éditeurs.
Voir notamment le wiki de l’association https://droit.org/wiki-juriconnexion/index.php/Accueil relancé pour l’occasion.

Exploiter ses caractéristiques professionnelles

Je reprends ici les termes d’un article anglais qui listait certaines caractéristiques professionnelles des documentalistes comme la capacité d’adaptation, le goût pour l’innovation et les nouvelles technologies de l’information, la curiosité et l’anticipation. Ces caractéristique s’avèrent particulièrement utiles en temps de crise sanitaire, à nous de les exploiter !

https://www.lexblog.com/2020/03/25/covid-19-why-librarians-are-amazing-in-times-of-crisis/

Jouer un rôle actif dans la communication interne ou externe

Ce goût pour les nouvelles technologies amène aussi les documentalistes à prendre en charge une partie de la communication interne (intranet) ou externe (site internet, blog, hub dédié au covid-19) dans la mise en ligne quotidienne d’information. Lorsqu’il n’y a pas de Service Communication se sont souvent les documentalistes qui sont aux commandes pour ce genre de tâche sachant que les Services Informatiques sont en général peu friands de ce qui touche au contenu web et qu’ils ont bien d’autres chats à fouetter avec la gestion du réseau, sa sécurité et le bon fonctionnement du télétravail.

Il en va de même pour la communication sur les réseaux sociaux lorsque cela s’applique à la structure (page Facebook, page LinkedIn, compte Twitter).

Notes

Merci à Stéphane Lefer pour l’inspiration et pour avoir souligné l’importance de notre métier dans sa newsletter du 10 avril 2020, https://www.bipbipnews.com/

En savoir +

Article complémentaire : Veille juridique, sur la brèche avant pendant et après, propos recueillis par Jean Gasnault pour le Monde du Droit, 11 mai 2020.

Illustrations : photos personnelles prises pendant les sorties sportives autorisées du confinement

 

Open data et jurisprudence, brochure LexisNexis

Brochure Lexis Open data et jurisprudence

Open data & jurisprudence, Les données de jurisprudence au service de l’intelligence juridique, Lexis, Livre blanc, 2019.

Je souhaitais juste dans ce court article revenir sur une brochure LexisNexis qui date de 2019 mais qui me semble être un élément important de la compréhension des bases de données de jurisprudences en France.

https://go.lexisnexis.fr/2019-Livre-blanc-open-data-et-jurisprudence

En effet, ce document contient plusieurs infographies forts utiles dans la compréhension des mécanismes de l’open data des décisions de justice :

– L’infographie flux de diffusion des décisions de justice traite du volume des décisions de justice et souligne la différence entre décision rendue et décision diffusée,

– L’infographie évolution de l’informatisation de la donnée jurisprudentielle retrace l’historique des débuts de l’informatisation de la donnée jurisprudentielle jusqu’à la loi Belloubet (23/03/2019).

Mis à part quelques acteurs historiques de la documentation juridique (ils se reconnaîtront !), il n’est pas facile pour la nouvelle génération de juristes que nous côtoyons de comprendre les enjeux actuels autour de l’or noir que représente la jurisprudence sans ce nécessaire retour sur le passé.

Par ailleurs certains jeunes juristes entendent parler de l’open data des décisions de justice depuis 2016 et pensent à tort que tout est déjà disponible gratuitement sur internet.

La première infographie permet de justifier que seule une infirme partie des décisions de justice est actuellement traitée par les bases de données de jurisprudences (soit 5%) d’après ce document (« non, tout n’est pas disponible gratuitement en ligne ! »).

La deuxième infographie indique le départ de la numérisation des premières jurisprudences, soit la fin des années 80 (sachant que la création du fichier de jurisprudence juris-data, propriété de Lexis, date de 1985), (« oui c’est normal de ne pas trouver de jurisprudence de première instance numérisée dans les années 80, à l’exception des rares arrêts sélectionnés par les ateliers régionaux de jurisprudence, au mieux à partir de 1986 »).

Pour compléter ce livre blanc, on pourra regarder la vidéo

Tout savoir sur l’Open data des décisions de justice, Interview de Denis Berthault, février 2020

La Loi Lemaire de 2016 qui prévoit la mise à disposition des décisions de justice, tarde à être mise en œuvre par voie de décret. Découvrez le décryptage par Denis Berthault des enjeux de l’open data pour les décisions de justice en France.

https://youtu.be/LPed21o3sPc

Evidemment il s’agit de documents commerciaux LexisNexis. L’éditeur en profite pour mettre en avant son expertise et sa base de données, c’est de bonne guerre. On en pensera ce que l’on voudra, l’objet de cet article n’est pas de mettre en avant la politique commerciale de cet éditeur mais d’avoir quelques balises historiques et quelques angles de réflexion autour d’une problématique qui nous occupe depuis octobre 2016.

Un des aspects cruciaux de ce dossier c’est l’anonymisation des décisions de justice (p. 12-13 de la brochure).
Sur ce sujet, on lira (aussi) avec intérêt :

Contre « l’anonymisation » des arrêts publiés : décadence des références de jurisprudence, Dalloz Actualités, 6 septembre 2019

La loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a érigé l’anonymisation des décisions de justice « en postulat », estiment Nathalie Blanc et Pierre-Yves Gautier. Un principe qui « interdit d’ancrer les décisions de justice dans la mémoire du droit ».

https://www.dalloz-actualite.fr/interview/contre-l-anonymisation-des-arrets-publies-decadence-des-references-de-jurisprudence

Et pour une vision complète de la situation, le très détaillé article d’Emmanuel Barthe sur son blog Precisement, 29 novembre 2019.

Anonymisation des décisions de justice : le point sur les dernières évolutions et leurs finalités

https://www.precisement.org/blog/Anonymisation-des-decisions-de-justice-le-point-sur-les-dernieres-evolutions-et.html

La loi Lemaire tarde à être mise en œuvre. Depuis 2016, nous attendons toujours son décret d’application. Cette longue attente permet certes aux éditeurs juridiques et aux legaltechs de peaufiner leurs algorithmes mais elle reste frustrante pour les professionnels du droit.

Comme le dit si bien notre confrère documentaliste Stéphane Jacquier :

Nous avons besoin de tout en ayant la possibilité de trier. Il s’agit de répondre à notre besoin de disposer à la fois de la masse et de la granularité des décisions, c’est le droit à la sélection dans l’exhaustivité .

A suivre !

Documentalistes juridiques et télétravail

Le télétravail est arrivé brutalement dans ma vie professionnelle par une consigne de confinement donnée le samedi 14 mars 2020. Auparavant, on ne peut pas dire que j’avais véritablement déjà pratiqué le télétravail.

Dans la mesure où j’avais beaucoup à apprendre, notamment de certaines personnes qui travaillaient ainsi depuis longtemps, j’ai eu l’idée de poser quelques questions à des documentalistes de différentes structures pour essayer de bénéficier de leurs bons conseils de télétravail pendant cette période très particulière dans nos vie professionnelles qui est celle du confinement liée à la pandémie de Covid-19. J’espère que cet article sera un recueil d’expériences qui sera utile pendant et après la période de confinement. Il est possible en effet que le télétravail se généralise après la période de la crise Covid-19.

Mon retour d’expérience

Après une première semaine d’adaptation (adaptation informatique, adaptation d’organisation), j’ai réussi à mettre en œuvre ma propre routine : le matin consacré à la veille et la rédaction de newsletters d’actualités principalement sur les mesures COVID-19 affectant le droit des affaires et aux réponses aux questions simples ou urgentes, l’après-midi consacré à la gestion des abonnements et à l’accès aux bases de données juridiques, aux questions des avocats et stagiaires nécessitant des recherches ou de « l’innovation » (dans le sens essayer de trouver quelque chose sans s’appuyer sur notre fonds documentaire papier), aux relations avec les fournisseurs, aux projets en cours, à la veille métier, au réunions téléphoniques et même à des formations en ligne.
J’ai ainsi suivi trois formations en ligne organisées par Europresse (agrégateur de presse), une première sur les sources et la constitution de groupes de sources, une seconde sur les opérateurs et les clés de recherche et une troisième sur la constitution de panoramas de presse J’ai apprécié de pouvoir suivre ces formations au calme avec un maximum de concentration. J’ai pu réviser des fonctionnalités et apprendre des trucs et astuces pour gagner en efficacité.
Je me suis inscrite au webminaire d’Archimag sur le télétravail (voir encarts ressources complémentaires à la fin de l’article).

J’ai constaté une très bonne réactivité de la part de mes interlocuteurs et l’envie de faire du mieux possible. J’ai été surprise par toutes les mesures prises par le monde de l’édition juridique pour faciliter l’accès à la recherche. J’ai buté sur l’indisponibilité de certaines sources (Bulletin COB, ouvrages) mais j’ai aussi découvert d’autres sources sur internet.

Pendant cette période d’isolement social et professionnel, l’échange avec mes confrères et consœurs documentalistes d’autres structures a été pour moi d’un grand soutien moral. Je les remercie pour leur veille collaborative, pour leurs témoignages et pour leurs encouragements.

J’ai également réalisé à quel point nous exerçons un métier de service, un métier de communication et à quel point l’échange de visu avec les avocats et stagiaires ; la mixité des sources papier/électroniques et le confort de nos équipements bureautiques parisiens sont précieux. Une grande partie de notre travail consiste à former les avocats et stagiaires et même s’il est possible de le faire par messagerie, je note à quel point j’apprécie que l’on vienne me voir dans mon bureau pour me solliciter.

Je crois que nous avons tous et toutes hâte de sortir du confinement et de retrouver nos habitudes documentaires même si de nouveaux réflexes et de nouvelles idées d’organisation sont nées pendant cette période. Je redoute pour ma part la masse de papier à traiter à mon retour. Il est probable que cette période ait un impact sur la réduction du papier dans notre bibliothèque.

Ci-dessous les différents témoignages. J’ai posé quelques questions mais j’ai aussi laissé mes interlocuteurs libres de témoigner de leur expérience avec leurs propres mots.

Le témoignage de Tiphaine

Avant la pandémie de Covid-19 pratiquiez-vous déjà le télétravail ? Oui 3 jours par semaine

Avez-vous mis en place une routine particulière ? Ayant des enfants scolarisés, dès le retour du trajet de l’école je me mets à travailler (8H35-8H40) – pause avec les enfants entre 12H30-13H15 quand ils rentrent déjeuner – le soir j’essaye d’arrêter à 18H30 mais cela déborde souvent – En revanche, depuis le confinement nous travaillons tous ensemble. Ils savent qu’ils ne doivent pas faire de bruit et moi je peux surveiller d’un œil ce qu’ils font.

Comment vous organisez-vous ? Matin les veilles / toute au long de la journée les recherches / revue de presse – depuis le début du confinement je fais beaucoup de newsletter pour nos clients.

Quelles applications, programmes, vous sont particulièrement utiles dans votre pratique ? Je n’ai rien de différents (enfin il me semble).

Avez-vous découvert certains outils lors de la mise en place du télétravail dans votre structure ? non pas dans ma structure mais mon fils utilise Microsoft Teams pour ses cours et je trouve cela génial.

Votre bibliothèque est-elle 100 % numérique ou conservez-vous encore du papier ? 100% à de rares exceptions près : Option finance, ANSA et les ouvrages – j’ai aussi conservé tous les périodiques qui n’étaient pas en version électronique.

Avez-vous un petit kit des indispensables documents papier à avoir chez soi pour faciliter le télétravail ? Plus rien alors qu’au début du télétravail j’emportais toujours plein de choses !

(En temps normal) Lorsque vous avez une journée de télétravail de prévue, quelles tâches/activités privilégiez-vous ? Pareil que quand je travaille du bureau – La seule chose que je ne pouvais pas faire était la gestion des factures.

Pendant la période de confinement, votre structure a-t-elle prise des dispositions particulières concernant votre service ? ou les fonctions supports d’une manière plus générale ? Aucune consigne particulière mais je relaye à tous les informations au fil de l’eau.

Avez-vous profité de cette première semaine de confinement pour faire de nouvelles choses (professionnellement parlant) ? J’ai hâte que cela se calme pour pouvoir m’atteler à des tâches chronophages mais non primordiales.

Le témoignage de Katell

Le télétravail s’organise bien de mon côté. Et pourtant c’est une grande première !

Il faut dire que mon cabinet bénéficie de l’organisation de notre structure internationale ce qui facilite le travail à distance.

Nous disposons tous d’ordinateurs portables que nous connectons à un grand écran et à un clavier lorsque nous sommes au bureau. Dès que nous nous déplaçons pour une réunion ou même un point entre nous, nous prenons nos ordinateurs portables.

Lorsque nous sommes à l’extérieur nous avons une connexion VPN. Les grèves de décembre 2019 ont permis à mon cabinet d’identifier les problèmes de connexion et d’en augmenter les capacités.

Les 10 000 collaborateurs peuvent donc se connecter en même temps au réseau. Il y a quelques lenteurs mais cela fonctionne quand même très bien.

Il me manque quelques documents papier mais c’est plutôt pour le confort visuel. J’ai tout ce qu’il me faut en version électronique.

Quant à l’organisation de la journée : tous les matins, je fais la veille des mesures prises aux niveaux français et européen face au Covid-19. Nous tenons un tableau des communiqués diffusés par les différentes institutions.

Les équipes ont en outre rédigé un PPT de l’ensemble des mesures fiscales, sociales et en droit des affaires que nous diffusons sur les intranets et sur LinkedIn au fur et à mesure de sa mise à jour. Nous diffusons également des flashs sur des sujets plus précis.

Tout est plutôt fluide et bien coordonné. Il faut dire que nous sommes huit à la doctrine tax/legal : 4 associés/professeurs, 1 collaboratrice, 2 stagiaires et une documentaliste juridique. D’autres jeunes collaborateurs sont mobilisés notamment pour les versions anglaises des documents.

Dans les moments de creux, je poursuis mes veilles hebdomadaires de la doctrine tax/Legal/Social.

Il faut aussi que je m’occupe des classements et que j’essaie d’organiser des réunions à distance entre les associés et les équipes de Décideurs. Cela va être plus compliqué !

Le témoignage de Corinne

Le télétravail avait déjà été pensé chez nous il y a quelques temps, essentiellement pour les fonctions comptabilité et la doc lorsque notre responsable était alitée. Nous avions donc déjà réfléchi à l’organisation de la doc, elle chez elle, et moi au bureau.

Autre occasion de tester le télétravail, les grèves de décembre 2019 !  Notre Cabinet a permi le télétravail à toutes les filles de la compta, RH et la doc. Le système informatique a l’habitude et les outils sont bons.

Ma collègue en a fait beaucoup pendant tous les mois de grèves…et cela a très bien fonctionné.

Côté organisation pendant des jours de grèves : je gérais toute la doc physique, les commandes de livres, le bulletinage et la distribution de livres, idem pour les revues papier que nous recevons encore beaucoup.

Ma collègue se focalisait sur les veilles via Europresse et répondait aux demandes comme moi par mail.

De ce fait le télétravail est plus une découverte pour moi que pour ma collègue.

Depuis le confinement, avant de partir, notre service informatique nous donné un PC portable et  a installé le même poste virtuel qu’au bureau. Nous avons accès à l’intranet, version publique et version admin, à nos bases de données avec reconnaissance IP, tous mes favoris pour les veilles, bref, à part le double écran que je n’ai pas, sinon, tout est pareil ! C’est top !

Nous avons subi des lenteurs côté réseau et côté wifi les premiers jours mais maintenant tout va bien.

Nous avons gardé la même organisation qu’au bureau : veilles quotidiennes, hebdo, mensuelles, réparties entre ma collègue et moi. Bulletinage et dépouillement des revues juridiques pour saisies dans PMB.

Nous partageons les revues et notons celles que nous bulletinons.  Par contre au retour GROS RANGEMENT !!! Nous envoyons notre  lettre juridique d’articles juridiques créée sous PMB.

Nous répondons aux demandes des avocats. Je gère les factures que les éditeurs m’envoient par mail ainsi que celles envoyées pour validation  par ma collègue de la compta.

Et je pense que nous allons en profiter pour mettre à jour des docs style : guide des procédures…Réflexion sur le site intranet….

J’ai également formé (à distance) un nouvel avocat arrivé lundi dernier !!

On peut dire que côté travail, tout est quasiment identique, car nous réalisons beaucoup de veilles via les bases de données que nous envoyons par mail, donc le télétravail ne change rien à cette pratique.

Ma collègue et moi échangeons par téléphone plusieurs fois par jour, pour le boulot et pour prendre de nos nouvelles.

Quant à moi, le contact avec les avocats me manque alors j’envoie des mails pour prendre des nouvelles ! Mais j’ai déjà hâte de les retrouver !!

En conclusion, nous avons de la chance d’être bien organisé et d’avoir un service IT hyper réactif pour nous répondre au téléphone et nous dépanner.

Le témoignage de Pascale

Avant la pandémie de Covid-19 pratiquiez-vous déjà le télétravail ?

Oui, depuis 1998 et les débuts de Legal News – nous avons dû tout inventer pour monter et faire fonctionner un site Internet d’actualité juridique – France d’abord, puis Europe, Allemagne, etc.

J’ai continué en créant BiblioLex : outre le travail chez les clients, en présentiel, j’avais une veille juridique quotidienne à fournir pour les abonnés.

Le télétravail était déjà une possibilité quand j’ai rejoint un cabinet international, comme souvent chez les Anglo-Saxons.

Chez les avocats français en revanche, le télétravail reste encore une pratique marginale.

Avez-vous mis en place une routine particulière ? Comment vous organisez-vous ?

Ayant un conjoint informaticien et un fils geek, et étant passée très facilement au télétravail depuis longtemps, j’ai fait en sorte que nos appartements successifs aient toujours une pièce de travail équipée d’ordinateurs en réseau.

Il me paraît essentiel de pouvoir se mettre à travailler sans envahir une pièce dédiée à autre chose, de pouvoir retrouver son travail là où on l’a interrompu, tout en évitant de se couper du reste de la maison.

Quelles applications, programmes, vous sont particulièrement utiles dans votre pratique ? Avez-vous découvert certains outils lors de la mise en place du télétravail dans votre structure ?

Le travail s’effectuant sur la plate-forme d’accès à distance du cabinet (sous Citrix), on n’a guère besoin de logiciels spécifiques hors de ce qui est déjà à disposition.

Les impératifs techniques sont ceux du Cabinet et sont liés à la sécurité des informations – il est bien de disposer personnellement d’un antivirus même s’il n’en existe pas de parfaits.

Le transfert téléphonique du cabinet vers un numéro personnel se fait en toute transparence via les logiciels spécialisés.

Dans notre cabinet, nous n’utilisons pas couramment une messagerie instantanée, c’est dommage lorsque l’on doit communiquer rapidement avec ses collègues.

Votre bibliothèque est-elle 100 % numérique ou conservez-vous encore du papier ? Avez-vous un petit kit des indispensables documents papier à avoir chez soi pour faciliter le télétravail ?

La bibliothèque de mon cabinet est encore en papier à 30 %, d’une part du fait de l’ancienneté de certaines collections de revues, d’autre part du fait que le Cabinet ne dispose que de l’accès papier pour certaines collections.

Je n’ai besoin d’aucun papier pour télétravailler à 100 % de chez moi (et je me demande bien ce que serait ce papier ?).

Le télétravail est devenu ma gymnastique quotidienne depuis bien longtemps. Lorsque j’étais free lance, je passais sans arrêt d’un client à l’autre avec mon laptop et mes outils, Blackberry puis smartphone.

Du fait de l’importance prise dans mon activité par la veille quotidienne et sa mise à disposition à heure fixe, mes autres tâches se sont adaptées à cet impératif.

Comme je suis à présent dans les dernières années de ma longue carrière en cabinets, j’ai toujours la possibilité de déléguer les tâches qui ne peuvent être menées à bien que sur site (gestion des ouvrages en particulier, même si c’est toujours moi qui gère les acquisitions).

Mon bureau est donc aussi mobile qu’on peut l’être : j’ai sur mon ordinateur personnel les mêmes favoris qu’au cabinet, et presque dans le même ordre. D’ailleurs, ma journée de travail commence souvent pendant le petit déjeuner, lorsque je prends connaissance des nouvelles du jour.

Mener les recherches documentaires est tout aussi facile de chez moi qu’au bureau. Et chez moi, j’ai vue sur le jardin.

Kit de survie Doc confinée par Michèle

Le témoignage de Michèle

Avant la pandémie de Covid-19 pratiquiez-vous déjà le télétravail ?

Je pratique le télétravail depuis 7 ans, d’abord un jour par semaine, devenu 2 jours hebdomadaires. C’est devenu l’organisation naturelle de mon travail avec un temps pour les réunions, rencontres, discussions informelles en présentiel, dans lesquelles j’apprends beaucoup sur les sujets de travaux de mes collègues juristes et un temps à la maison pour les recherches complexes, la constitution de dossiers et la gestion de projets.

Ces jours télétravaillés me semblent une respiration indispensable dans mon organisation, qui m’a beaucoup manquée lorsque cet été j’ai préparé notre déménagement en mettant en boite nos collections historiques de revues. Il n’est pas encore possible de préparer l’archivage à distance quand on traite de collections anciennes très matérielles …et pas encore numériques et virtuelles.

Avez-vous mis en place une routine particulière ? Comment vous organisez-vous ?

J’assure une veille pour la cellule de prévention Covid-19 composée de juristes de droit social, de RH et de médecins du travail. Aussi, je commence ma journée par la lecture des sommaires du/des JO, des sources officielles (fils twitter du Ministère de l’économie et celui du Ministère du travail) puis des journaux via notre revue de presse interne et ma propre lecture de deux quotidiens.

Je poursuis ma matinée par le dépouillement des différentes newsletters des éditeurs.

L’après-midi est consacré aux recherches, contacts avec les éditeurs et réunions avec mes collègues.

Je participe aussi souvent que je le peux à la réunion Webex de la DJ en début d’après-midi et je communique beaucoup par Whatsapp avec mes collègues juristes et des documentalistes d’autres structures, ce qui permet de « prendre l’air » virtuellement et de mutualiser la veille. Excellent pour le moral ! :-)

Quelles applications, programmes, vous sont particulièrement utiles dans votre pratique ?Avez-vous découvert certains outils lors de la mise en place du télétravail dans votre structure ?

Whatsapp, Webex et Zoom sont d’excellents outils pour maintenir un contact convivial, indispensable dans notre pratique.

Les ouvertures des plateformes des éditeurs pendant le confinement permettent de découvrir et comparer les veilles que ceux-ci assurent.

La réaction de la plupart des éditeurs sur ce point est très utile.

Votre bibliothèque est-elle 100 % numérique ou conservez-vous encore du papier ?

Avez-vous un petit kit des indispensables documents papier à avoir chez soi pour faciliter le télétravail ?

La bibliothèque numérique est maintenant très riche. Mais je continue à faire vivre un fond d’environ 250 ouvrages (pour 1000 avant notre déménagement dans une tour open space et « zéro papier ») avec des choix cornéliens parfois !

(En temps normal) Lorsque vous avez une journée de télétravail de prévue, quelles tâches/activités privilégiez-vous ?

Pendant la période de confinement, votre structure a-t-elle prise des dispositions particulières concernant votre service ? ou les fonctions supports d’une manière plus générale ?

Habituellement, je réserve mes journées de télétravail aux recherches complexes, à la gestion de projets, à la constitution de dossiers documentaires.

Des mesures de sécurité informatique renforcées, de nouveaux outils de vidéoconférence ont été mis en place pour ce confinement.

Si vous êtes responsable d’une équipe, comment la gérez-vous à distance ? Avez-vous profité de cette première semaine de confinement pour faire de nouvelles choses (professionnellement parlant) ?

Je n’ai plus d’équipe.

J’ai établi une whish list de choses nouvelles à faire …mais n’ai pas encore eu le temps de réaliser quelques projets.


Merci aux documentalistes juridiques qui ont accepté de me répondre.

Si vous souhaitez apporter votre témoignage, vous pouvez m’écrire.

Cet article sera mis à jour en cas de nouveaux témoignages ou de ressources complémentaires utiles.


Quelques ressources complémentaires – Mise à jour 2022

COVID-19: Why librarians are amazing in times of crisis by Clare Brown (25/03/20)

https://www.lexblog.com/2020/03/25/covid-19-why-librarians-are-amazing-in-times-of-crisis/

L’actualité des outils Tice pour la classe par Fidel Navamuel

Avec des outils qui servent pour le milieu scolaire mais qui peuvent aussi servir aux professionnels de l’information. Très utile catégorie Coronavirus créée au début du confinement scolaire.

https://outilstice.com/category/coronavirus/#gs.1cbny3

Podcast avec Bruno Dondéro

Professeur de Droit, associé chez CMS Francis Lefebvre Avocats et auteur de LexisNexis au cours duquel il évoque comment il vit la crise sanitaire liée au Coronavirus, les impacts sur la formation ainsi que les legaltechs (27/03/20)

https://www.lemondedudroit.fr/decryptages/69252-podcast-bruno-dondero.html

Le guide de l’avocat et du juriste confiné, Village de la justice (26/03/20)

C’est le confinement pour tous ! Les professionnels du droit, contraints de fermer leurs cabinets et études, continuent pourtant à travailler, avec très peu de temps de préparation… Des solutions existent « en général », mais le confinement actuel est marqué par un souhait général de maintenir l’activité économique, et donc chez les prestataires, des offres d’accès temporairement gratuites… Même si la démarche n’est pas toujours dénuée d’arrière pensée, saluons avec plaisir et simplicité les offres des éditeurs juridiques ou logiciels, et profitons-en pour découvrir leur services… et mieux travailler à distance.

https://www.village-justice.com/articles/guide-avocat-confine,34189.html

Voir aussi les messages de la liste Juriconnexion et le wiki de l’association réactivé pendant le confinement.

Veille juridique : sur la brèche avant, pendant et après, propos recueillis par Jean Gasnault, Le Monde du Droit, 11 mai 2020

Comment les documentalistes et les veilleurs ont-ils (télé)travaillé durant le confinement ? Article Archimag du 19 mai 2020

Infographie : bibliothécaires, archivistes, documentalistes et veilleurs face au télétravail durant le confinementArticle Archimag du 25 mai 2020

https://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2020/05/25/teletravail-bibliothecaires-archivistes-documentalistes-veilleurs

Deloitte, une vision avancée du télétravail, interview d’Isabelle Brasseur, Archimag, n° 353, avril 2022, p. 18
https://www.archimag.com/veille-documentation/2022/05/04/isabelle-brasseur-manager-documentaliste-deloitte-teletravail

Illustrations : photos personnelles et photos prises pendant les sorties sportives autorisées pendant le confinement, kit de survie Doc confinée par Michèle.